La restauration du site de Taputapuatea

Service de la Culture et du Patrimoine – Pu no te Taere e no te Faufaa Tumu

En 1994, le ministère de la Culture évoque le souhait d’organiser un événement culturel de grande ampleur : un rassemblement des pirogues du Triangle polynésien, pour resserrer les liens entre ses populations, autour d’un lieu cérémoniel d’envergure. Le site de Taputapuatea à Raiatea, est naturellement choisi. En effet, il s’agit d’un complexe sacré de classe internationale, qui fut le centre d’une grande alliance religieuse, politique et économique de nombreuses îles de la Polynésie Orientale. Le plus grand marae du site et le plus prestigieux, nommé Taputapuatea, était concerné par la restauration menée par le professeur Sinoto en 1969. En 1994, rien n’avait changé. Il restait donc beaucoup à faire et à découvrir pour que l’ensemble du site soit valorisé et prêt à accueillir le fameux rassemblement de pirogues. C’est pourquoi en 1994, un grand chantier de restauration est engagé par le département d’archéologie du CPSH*.

Difficulté du terrain

Un terrain en bord de lagon très meuble, envahi par la végétation et rongé par les tupa, les crabes… Voilà le contexte difficile qui s’offrait aux archéologues du CPSH pour mener à bien les travaux de restauration du site de Taputapuatea.

Les engins ne pouvant pas pénétrer dans un environnement aussi hostile, l’équipe a dû effectuer la plupart des travaux de relevés, de décapage, de sondages, ainsi que l’apport de matériaux pour consolider les sols et remplacer quelques éléments de ahu complètement détériorésaux forceps ! Au total, les 3 marae* majeurs du site furent entièrement restaurés au cours de ce chantier, qui mobilisa plus d’une soixantaine de personnes durant près de 5 mois.

Une inauguration émouvante

Ainsi, le 18 mars 1995, l’inauguration et la réouverture du site de Taputapuatea ont pu officiellement avoir lieu. Les pirogues d’Aotearoa, de Rarotonga, de Rapa Nui, d’Hawaii et de Tahiti s’engagèrent par la passe sacrée de Te Ava Mo’a pour retrouver le siège de la Connaissance, de la Religion et de l’Alliance renouée. Réunis exactement au même endroit que des centaines d’années auparavant, grâce au titanesque travail mené par une équipe d’archéologues passionnés, les peuples du Triangle polynésien pouvaient être fiers de tresser et de s’asseoir une nouvelle fois autour de la natte séculaire des liens culturels.

Pas un, mais des marae

A contrario de ce que l’on pourrait croire, le site de Taputapuatea ne se résume pas à un seul marae, mais comprend un grand ensemble de sites cultuels. Cet ensemble est situé sur la pointe Matahira te rai, délimitée au Sud par le mont Oropiro et à l’Est par Matarepereta, se prolongeant dans la mer vers la pierre Tupai Ofai, à l’Ouest par la falaise Tuia Mara Fea et au Sud jusqu’à la passe Te Ava Mo’a, qui représentait « l’entrée » selon la tradition orale. Tout l’espace s’appelait « Te Po », lieu où résidaient les dieux, interdit à quiconque voulaient y pénétrer sans avoir au préalable effectué les rituels nécessaires. Aucun ensemble d’habitat n’a été retrouvé dans l’ensemble de Te Po, suggérant ainsi son caractère éminemment sacré. Les travaux de restauration concernaient le marae Taputapuatea, le marae Hititai, le marae Hauviri, également deux sanctuaires, une plate-forme d’archer et un paepae, connu pour être le soubassement d’un fare ia manaha (maison des trésors sacrés).

Depuis 2006, la Jeune Chambre Économique de Tahiti souhaite inscrire « Te Po » sur la liste des sites à classer au patrimoine mondial de l’UNESCO.

* CPSH : Centre Polynésien des Sciences Humaines.

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