Le homa’a de Maupiti – Un don exemplaire

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Si le Musée Tahiti et des Îles a pu se doter d’une collection ethnographique remarquable, c’est en grande partie grâce à la générosité de donateurs, qui ont à cœur de préserver le patrimoine polynésien pour les générations futures. Un geste aussi touchant que l’objet, comme ce homa’a de Maupiti…

Depuis la création du Musée de Papeete en 1917, l’établissement reçoit régulièrement des dons de particuliers. La collection ethnographique actuelle de 12 000 pièces  est constituée de près de 800 dons, dont bon nombre d’entre eux figure parmi les objets majeurs du patrimoine polynésien. Ti’i, tiki, puna, lances, parures, penu, herminettes, masques ou ceintures, ils sont autant de témoignages concrets et uniques de l’histoire, des traditions et de la culture polynésienne ancestrale.

Tara Hiquily, chargé des collections ethnographiques au Musée de Tahiti et des Iles, précise : « il y a 2 sortes de dons : ceux qui nous sont faits par les héritiers directs des objets, qui les avaient dans leur famille depuis des générations ; et ceux que collectionneurs ou collecteurs nous confient ».

Si certains dons enrichissent les collections du Musée, celui-ci ne peut pas tous les accueillir. Il faut que les objets proposés soient avant tout « ancrés dans la culture traditionnelle », explique Tara, « qu’ils datent de la période pré-contact ou du 20ème siècle. » Autrement dit, ce n’est pas tant leur ancienneté qui compte, mais la valeur historique qu’ils possèdent.

Le homa’a de Maupiti, un don de Enoha Tutavae

Il y a dans le cadre de notre travail des histoires plus touchantes que d’autres. Celle-ci l’est particulièrement et c’est pourquoi Tara a souhaité nous la faire partager. L’an dernier, Mr Uraeva Tutavae, habitant de Maupiti, vient au Musée pour remettre une maquette de pirogue double pour la pêche aux thons, un va’a tira. Un travail très précis qu’Uraeva a réalisé, et il semble n’avoir oublié aucun détail dans sa construction. Né en 1940, il a connu les dernières pêches au va’a tira dans sa jeunesse. Sa maquette est accompagnée par tous les accessoires miniaturisés : ha’ape’e ‘ouma, vivier à menu fretin ; tavae, sorte de panier-épuisette pour jeter les appâts vivants ; erevae, nasse à menu fretin ; tata, écope. Tara et Michel Tetuaiteroi (agent du patrimoine au Musée) recueillent de nombreuses et précieuses informations auprès de lui sur cette pêche traditionnelle, ainsi qu’un texte en tahitien écrit d’après les informations d’un ancien de l’île ayant très bien connu cette pêche : Teriitairoa Tetauira, né en 1931.

Lors de la rencontre avec Uraeva, Tara se souvient avoir entendu un collectionneur lui conter qu’il existait encore un homa’a* traditionnel, conservé dans une famille de Maupiti depuis plus de 50 ans. La famille refusait de s’en séparer et ne l’aurait vendu à aucun prix. Il fait part de cette histoire à Uraeva qui lui répond être au courant, puisque c’est son frère Enoha Tutavae qui possède ce homa’a… La semaine suivant cet échange passionnant, le Musée reçoit une caisse avec, minutieusement emballé et en excellent état, le homa’a de Maupiti. Le don a été fait au nom de la famille Tuariivaiahu A Teoroi, propriétaire de la pirogue dont provient cet objet. Pécieusement conservé depuis 1955, il est le dernier et l’unique vestige du tira du va’a tira actuellement au monde. Une histoire émouvante, un geste rempli de dignité et un don inestimable pour la Polynésie, qui sera d’ailleurs dévoilé au public après la réfection des salles d’exposition permanente.

ENCADRE

Pourquoi faire un don au Musée ?

La raison d’être du Musée de Tahiti et des Îles est son rôle de réceptacle du patrimoine ancestral de la Polynésie. Organisme de valorisation, d’étude et de diffusion de ce patrimoine, le Musée est aussi le seul lieu de préservation sécurisé des biens de la culture matérielle, garantissant la longévité et la transmission de ces derniers aux générations futures.

Vous souhaitez faire un don au Musée de Tahiti ?

Contacter le 58 34 76.

* Homa’a, extrémité fourchue d’une longue perche (tira) à laquelle étaient fixées deux lignes pour pêcher les thons depuis une pirogue double, appelée va’a tira.

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