Mystérieux eketea

Rencontre avec Tara Hiquily, commissaire de l’exposition « Mangareva » et chargé des collections ethnographiques au Musée de Tahiti et des Îles.

Deux bras qui surgissent d’un buste à deux pieds. Quelle étonnante représentation ! Vous pourrez vous poser mille et une question au sujet de ce eketea en le contemplant lors de l’exposition « Mangareva, Panthéon de Polynésie », au Musée de Tahiti et des Îles à partir du 20 juin.

L’eketea est un objet utilisé lors d’un rituel qui porte le même nom. Ce rituel est une étape essentielle des cérémonies marae uaikai et marae mota’u.

L’objet eketea se constitue d’une branche de miro sur laquelle sont attachés des morceaux de rereki * dont le plus long d’entre eux est placé au bas de l’objet et est appelé maro kura. À Rikitea, la branche est droite alors qu’à Akamaru, elle est fourchue.

Les eketea sont utilisés lors des rituels pour la fertilité de l’arbre à pain, mais aussi lors des cérémonies d’intronisation d’un nouveau devin. Dix eketea sont alors portés par les prêtres en procession jusqu’au marae où ils les déposent en offrande tout en en adressant des invocations aux dieux. Dix autres prêtres suivent pour faire une offrande appelée ‘uo qui consiste en un morceau de corail enveloppé dans un morceau de rereki attaché par une fougère appelée rau’ei’ei. Les offrandes sont déposées sur le marae en l’honneur des dieux.

S’il est possible que les deux bâtons fourchus conservés dans les deux musées missionnaires de Rome soient des eketea, l’inscription du chiffre 4 sur chacun d’eux indiquerait aussi qu’ils sont l’effigie de Tupo, le « dieu du désordre » signalé dans la liste du Père Caret. Le fait que l’exemplaire du Vatican soit doté de jambes et de pieds, et que l’autre repose sur deux extrémités pouvant évoquer des jambes stylisées, rend plausible cette dernière hypothèse.

* Le rereki désigne une bande de tapa confectionnée à partir de l’écorce du mûrier à papier sauvage.

Légende image :

Ce eketea, conservé au musée missionnaire-ethnologique du Vatican, à Rome, provient de l’île d’Akamaru, aux Gambier. Il est en bois et mesure 85 cm de hauteur.

L’exposition Mangareva : Où et quand ?

  • Musée de Tahiti et des Iles – Te Fare Manaha
  • Du 20 juin au 24 septembre
  • Du mardi au samedi, de 9h30 à 17h30
  • Entrée : 600 Fcfp / gratuit pour les moins de 18 ans et les scolaires
  • Renseignements au 54 84 35

Erratum

Dans notre article du mois dernier sur le Rongo de Cahors, une erreur s’est glissée : les statues des Gambier ont été sculptées entre le 15ème et le 19ème et non entre le 13ème et le 17ème.

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