N°104 – Expérience hologramme

Centre des Métiers d’Art – Pu ha’api’ira’a toro’a rima’iHologramme 2

Rencontre avec Viri Taimana, directeur du Centre des Métiers d’Art et Tokai Devatine, enseignant au Centre.

Texte : ASF.

 

Projeter l’image d’un objet traditionnel en 3D dans une pyramide en verre inversée, c’est l’œuvre d’un des professeurs du Centre des Métiers d’Art, Tokai Devatine, qui est actuellement présentée au Centre, dans le cadre de l’exposition annuelle des enseignants. Le médium numérique est définitivement à l’honneur.

Une structure en verre de forme pyramidale d’une trentaine de centimètres, un écran et un hologramme : voici une nouvelle façon d’appréhender ou plutôt de re-transposer une sculpture traditionnelle à travers un médium contemporain, le numérique. Ici, l’image du ti’i double des îles de la Société a été découpée en plusieurs parties avant de se recomposer dans la pyramide faisant de cet élément en deux dimensions un objet en trois dimensions, comme suspendu en l’air. Cette œuvre pyramidale, ou plutôt ces œuvres pyramidales puisqu’il s’agit de quatre pièces avec quatre objets traditionnels différents, sont une proposition de Tokai Devatine, professeur en histoire et civilisations polynésiennes, dans le cadre de l’exposition annuelle des enseignants et anciens élèves du Centre des Métiers d’Art. Celle-ci se tient en nocturne jusqu’au 6 mai dans les jardins de l’établissement et dans sa salle d’exposition. « On avait déjà expérimenté l’hologramme sur une vitre pour appréhender le théâtre optique. L’idée cette fois était de complexifier l’affaire ! », nous explique l’enseignant. Avec une dimension spatiale développée et nouvelle, cette pyramide s’inscrit en effet dans la suite logique du théâtre optique, mais aussi dans d’autres techniques étudiées par les enseignants lors d’échanges hors de Polynésie. Autant de techniques qui aujourd’hui pourraient servir de support aux images et aux références culturelles polynésiennes. « Ces techniques, nous les avons vues, testées puis comprises, maintenant il faut les révéler au public. La société polynésienne pense que ce qui vient de l’extérieur est formidable, alors qu’on peut créer directement sur place et c’est tout aussi formidable », soutient Viri Taimana, le directeur du Centre.

Repenser l’objet

La démarche de Tokai Devatine avec la présentation de cette œuvre pyramidale n’est donc pas innocente puisque les besoins de présenter des œuvres traditionnelles ou inédites de façon différente sont de plus en plus pressants en Polynésie. « Au Musée de Tahiti et des Îles, par exemple, il est tout à fait envisageable de présenter des œuvres au public dans des conditions plus originales, plus ludiques, plus interactives. Certains objets ne pouvant sortir des réserves, ce serait une manière de contourner cette contrainte et de pouvoir montrer tout de même l’objet au plus grand nombre. C’est une façon de repenser notre relation aux objets à travers les outils contemporains », souligne Tokai.

Utiliser les nouveaux outils numériques

Rendez-vous incontournable du Centre des Métiers d’Art, l’exposition annuelle des enseignants est donc, en 2016, définitivement ancrée dans son temps, mais reste un vrai défi pour ces artistes qui doivent aborder leur travail personnel à travers ce médium numérique. Photographie, peinture, sculpture, volume en 3D comme la création de Tokai Devatine, tout doit passer par le filtre numérique pour cette trentaine d’oeuvres. Un challenge difficile pour ceux qui aiment la matière, mais qui est nécessaire selon Viri Taimana dans la mesure où « cet outil existe et il nous appartient de l’utiliser pour être en phase avec notre époque. Dans la formation, il faut tout autant préserver les savoir-faire traditionnels qu’aborder l’innovation à travers les nouveaux outils. On ne peut pas dissocier les deux.» Ces exercices imposés obligent tout un chacun à se détacher de son travail habituel pour se dépasser. Un exercice déroutant parfois, mais qui aide aussi à mieux accompagner les élèves dans leur créativité. «Le but est d’avoir un esprit suffisamment ouvert. Il n’y a pas de bons ou de mauvais sujets, c’est la manière dont on le montre, c’est l’émotion qui s’en dégage qui compte », rappelle Viri.

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Exposition des enseignants du Centre des Métiers d’Art : Pratique

  • Au Centre des Métiers d’Art, à Papeete
  • Jeudi 5 et vendredi 6 mai de 19h à 22h (visites guidées)

+ d’infos : 40 43 70 51 – www.cma.pf

 

 

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