Hiro’a n°185 – Un visage, des savoirs

Transmettre l’art marquisien

Rencontre avec Marc Barsinas, président de la Fédération Te Tuhuka o te Henua Enana. Texte : Lucie Rabréaud – Photo(s) : ART

Il a appris la sculpture avec son frère, qui, lui-même s’y est formé auprès

de sculpteurs qui ont partagé leurs savoirs. Observer, essayer, faire :

voilà comment Marc Barsinas est devenu un artiste.

C’est dans les années 1980 que Marc Barsinas commence la sculpture avec son frère. Celui-ci était installé à Nuku Hiva où il travaillait dans l’équipement et consacrait ses temps libres à la sculpture à laquelle il s’initie auprès de ses collègues. De retour à Fatu Iva, il continue et commence à montrer ce travail à son frère, Marc. « J’allais à côté de lui pour apprendre. » Car c’est de cette façon que les choses se transmettent : observer, essayer et faire. C’est sur le bois qu’ils travaillent. Ils fabriquent de petits objets, des tiki, des pièces de l’art marquisien, s’inspirant d’un livre sur l’art marquisien laissé en cadeau à leur père par l’évêque monseigneur Le Cléac’h. Et ils vendent aux bateaux militaires qui viennent de temps en temps. « Je n’avais rien d’autre à faire et ça m’intéressait de le voir travailler la sculpture. Je m’y suis mis aussi. C’est une transmission, j’avais l’impression d’être en phase avec la sculpture, avec la culture », raconte Marc Barsinas. Tout se fait naturellement puisque la sculpture a toujours fait partie de sa vie. Il se souvient de son grand-père maternel qui taillait de grosses pièces dans la pierre alors qu’il était tout petit. « Je le regardais faire et ça me plaisait. » Aujourd’hui, c’est à son tour de transmettre : il a appris son art à son fils qui désormais prend la relève. Marc Barsinas travaille « pour le plaisir », peaufine de petites pièces en os, et surtout s’occupe de la Fédération Te Tuhuka o te Henua Enana dont il a pris la présidence en 2022.

Encourager les jeunes à sculpter

La Fédération organise deux temps forts : les deux salons à Papeete, le premier au mois de juin et le deuxième en novembre. La Fédération est donc en plein travail car le prochain salon est prévu au parc expo de Māma΄o, du 1er au 11 juin. Près d’une centaine d’artisans y présentent leur travail. « Ce sont des moments importants pour les artisans. » À chaque rendez-vous, un thème. Les Marquisiens choisissent un objet emblématique et les artisans doivent le reproduire pour espérer remporter le concours organisé entre eux. Pour ce salon de juin 2023, ce sera les échasses. « Il existait des échasses très longues, certaines servaient même pour le combat… » Peut-être redonneront-ils envie aux plus jeunes de monter sur ces grandes pièces et réussir à tenir l’équilibre et pourquoi pas se promener sur le salon ! Justement, la Fédération essaie également d’encourager les jeunes à s’engager dans l’artisanat : « Notre objectif est d’inciter les maires des îles Marquises à identifier les jeunes qui ne travaillent pas pour les encourager à aller vers la sculpture et pourquoi pas, les faire participer au salon des Marquises. Le CJA emmène bien les jeunes à Tahiti pour leur exposition. La Fédération espère attirer les jeunes qui n’ont pas de travail et leur apprendre la sculpture et la culture marquisiennes. » Sur le salon, l’art marquisien pourra se  contempler et s’acheter mais aussi se goûter ! Ne ratez pas les deux samedis où des démonstrations de fabrication d’objets artisanaux mais également de cuisine de spécialités marquisiennes sont prévus. Kaku, i΄a mito (poisson cru avec ail et sel), toetoe (crabes), chèvre au lait de coco, bananes séchées… sont au menu ! ◆

PRATIQUE

Salon des Marquises

• du 1er au 11 juin, au parc expo de Māma΄o

• Entrée libre

légendes

La sculpture et le tapa sont une des spécialités des artisans marquisiens.

Le prochain salon des Marquises aura lieu au parc expo de Māma΄o, du 1er au 11 juin. Près d’une centaine d’artisans y présentent leur travail.

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