Hiro’a n°184 – Un visage des savoirs

SERVICE DE L’ARTISANAT TRADITIONNEL – PU OHIPA RIMA’I (ART)

Rencontre avec Béatrice Flores-Le Gayic, présidente de l’association Te  ́api nui o te

tīfaifai – Texte et photos : Pauline Stasi

Béatrice Flores-Legayic, Béatrice Flores-Legayic, la passion du tifaifai

Béatrice Flores-Legayic est la présidente de l’association Te  ́api nui o te tīfaifai. À l’occasion du prochain Salon du tīfaifai qui se tiendra du 26 au 29 avril à l’hôtel Hilton à Faa’a, elle nous parle de sa passion pour cet art.

Après quelques tentatives rapides d’une main qui ne tremble pas, Béatrice Flores-Legayic met le fil dans l’étroit chas de l’aiguille. Puis c’est parti, elle assemble et coud les motifs blancs sur un grand tissu rose. « Ce sera un couvre-lit pour bébé », lance l’artisane avec enthousiasme, tout en gardant son regard bien concentré sur ses gestes. Ces gestes justement, elle les connait par cœur : cela fait des années qu’elle les répète. Ceux-là et d’autres encore. Car l’artisanat a toujours fait partie de sa vie. Elle l’a appris depuis sa plus tendre enfance. « Ma mère, Rauura, est originaire de l’île de Raivavae aux Australes. C’est elle qui m’a tout appris. Mon père a travaillé un temps pour le CEP à Moruroa. L’argent qu’il gagnait servait aux grosses dépenses. Le reste, c’est ma mère qui le gagnait avec l’artisanat. On était huit enfants et dès qu’on rentrait de l’école, on l’aidait tous, même les plus petits faisaient des petites choses », avoue-t-elle un peu émue. Et c’est ainsi qu’elle a appris à tresser, mais aussi à coudre. « Je la regardais faire, elle avait des doigts de fée », confie-t-elle.

« Chacun de mes tīfaifai est unique »

C’est donc tout naturellement que l’artisanat est entré dans la vie de Béatrice pour ne plus jamais en sortir. « Pendant ma vie professionnelle, j’ai travaillé dans le secteur privé et public, mais je n’ai jamais arrêté de faire de l’artisanat régulièrement quand j’avais un moment. Et c’est vraiment le tīfaifai qui m’a plu (…). J’aime coudre. Quand je couds, je m’évade, je me sens vraiment bien. J’aime aussi beaucoup le côté artistique du tīfaifai. Je dessine les motifs à la main ; chacun de mes tīfaifai est unique. Je privilégie les couleurs pastel. Le tīfaifai est une vraie passion », note-t-elle dans un grand sourire. Cette passion l’a amenée à s’investir dans la vie associative, au sein d’abord de Tahiti i te Rima Rau puis de Te  ́api nui o te tīfaifai, dont elle occupe la présidence depuis de nombreuses années. « Quand j’étais plus jeune, on a vu arriver des tīfaifai qui venaient de Bali, on a défendu nos tīfaifai polynésiens, car c’est vraiment un art, ils font partie de l’histoire de la Polynésie. Quand les femmes de missionnaires sont arrivées, elles faisaient des patchworks, les Polynésiennes s’en sont inspirées et ont fait des tīfaifai avec des motifs locaux », explique-t-elle. Un artisanat unique que Béatrice compte bien faire rayonner avec d’autres passionnées au Salon du tīfaifai du 26 au 29 avril.

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