Hiro’a n°176 – Un visage, des savoirs

Service de l’Artisanat traditionnel (ART) – Te pū ohipa rima΄ī

Rencontre avec Moeata Tahiri, artisane et présidente du comité des Tuamotu Gambier. Texte : Pauline Stasi – Photos : ©Pauline Stasi

Moeata Tahiri, les coquillages en passion

Moeata Tahiri s’est spécialisée dans l’artisanat des coquillages il y a une dizaine d’années. Depuis, c’est devenu une véritable passion. Présidente du Comité des Tuamotu Gambier, elle n’hésite pas à s’investir pour faire vivre et perdurer l’artisanat local.

Quand on lui parle de coquillages, tout de suite, les yeux de Moeata Tahiri se mettent à briller. Et l’artisane le reconnait d’emblée  : «  C’est ma passion. J’adore créer des objets en coquillages.  » Cette passion pourtant, elle ne l’a pas depuis toujours. Elle est même venue sur le tard. Car effectivement, au départ, rien ou presque ne la prédestinait à devenir une artisane spécialisée dans la confection d’objets en coquillages. Moeata Tahiri a passé sa jeunesse à Tahiti et s’est ensuite orientée vers des études dans l’hôtellerie. Mais un voyage va changer sa vie. À l’âge de 16  ans, sa grand-mère l’amène aux Tuamotu à Takapoto, l’atoll dont elle est originaire. Quelque temps après, la vieille dame décède, mais la jeune étudiante d’alors garde dans un coin de sa tête ce merveilleux voyage et cet atoll dont elle est tombée sous le charme. Régulièrement, elle y retourne. Un jour, c’est de l’un de ces jeunes habitants qu’elle s’éprend, la magie de l’amour opère et ils se marient. Le couple tient l’épicerie du village. Mais le monde de l’épicerie ne la passionne pas plus que cela, et elle est ouverte à d’autres découvertes. C’est encore un voyage en 2008 qui va donner un nouveau tournant à sa vie. Moeata Tahiri s’envole à Rapa Nui voir une amie polynésienne qui s’y est installée. À sa demande, elle lui ramène des coquillages, les habitants de l’île de Pâques en raffolent. «  J’y suis retournée une seconde fois pour assister au festival, toujours avec des coquillages. Et ils ont eu le même succès  », confie Moeata, qui comprend alors que les coquillages de son cher atoll sont une vraie chance.

C’est décidé, à près de 40 ans, elle choisit de se former à l’artisanat. Elle rencontre des mamies, artisanes. « Il y avait Mamie Louise et Mamie Marie, elles m’ont transmis leur savoir  », ajoute, reconnaissante, Moeata. Elle apprend tout. À commencer par la pêche aux coquillages, qu’il faut aller chercher avec masque et tuba dans la mer. Ensuite, il faut les laver, les mettre au congélateur pour tuer la bête à l’intérieur, puis de nouveau bien les laver et les faire sécher. Une fois la matière première préparée, place à la création  ! «  Selon les objets que l’on souhaite, il faut percer les coquillages de différentes façons, droit ou en oblique. Puis, il faut les assembler. Le plus important pour des objets comme des pots ou des chapeaux est de commencer par faire une base solide, ensuite, c’est plus simple, il faut continuer à assembler les coquillages. » Assiettes, pots, chapeaux, miroirs, bijoux, sautoirs…, l’inspiration de Moeata Tahiri n’a pas de limite. « J’écoute aussi ce que les gens aiment, souhaitent, cela me permet de faire de nouvelles choses.  » Et elle l’avoue, ses coquillages la rendent  heureuse : «  Quand je crée mes objets, je suis bien, complétement hors du temps. » Un voyage intérieur au pays des coquillages.

PRATIQUE

Moeata Tahiri est artisane patentée et présidente du comité de l’artisanat des Tuamotu Gambier.

  • Vous pouvez la contacter au 87 725 722 ou par MP sur messenger : Moeata Tahiri

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