Hiro’a n°145 – Pour vous servir : Le centre des métiers d’art se met lui aussi au reo tahiti

POUR VOUS SERVIR – Centre des Métiers d’Art de la Polynésie française (CMA) – PŪ ha’api ‘ira’a tōro’a rima ‘ Ī

Le centre des métiers d’art se met lui aussi au reo tahiti

Rencontre avec Hitiura Mervin, conseiller d’éducation artistique en reo mā ’ohi et Tokainiua Devatine, professeur au Centre des Métiers d’Art de la Polynésie française – Texte et photo : Vaea Deplat

Pour cette rentrée 2019, le Centre des Métiers d’Art de la Polynésie française innove en proposant à ses quarante étudiants, toutes formations et niveaux confondus, des cours de reo tahiti. Avec Hitiura Mervin, jeune conseiller d’éducation artistique, retour sur l’importance d’apprendre et de maîtriser nos langues vernaculaires lorsqu’on évolue dans l’art océanien.

« Les nouveaux cours de reo tahiti lancés par le Centre à la rentrée participent pleinement à la sauvegarde et au développement des arts visuels polynésiens. L’ouverture récente du concours administratif de conseiller d’éducation artistique a été l’occasion de créer un poste chez nous. » La volonté de la direction du Centre des Métiers d’Art est de revaloriser les arts oratoires auprès des autres pratiques artistiques. En allant même plus loin : les faire se rencontrer.

Alors que jusqu’à présent, les étudiants du Centre présentaient leurs travaux de fin d’études en français, ils devront désormais le faire en tahitien. Car nos langues sont un des piliers de l’expression polynésienne contemporaine. Cette conscience de la nécessité d’un rapprochement entre pratiques artistiques et linguistiques est présente depuis l’arrivée de Viri Taimana à la direction du Centre en 2006. Elle prend corps aujourd’hui avec pour objectif d’intégrer l’enseignement du reo au cœur de la formation. Dès cette année, le reo sera évalué au même titre que l’ensemble des autres disciplines déjà dispensées (sculpture, gravure, histoire des civilisations polynésiennes, arts numériques, arts plastiques appliqués).

Le message envoyé est clair : l’art est une forme de langage, et ce langage permet l’acquisition des savoirs, indispensables à tout artiste en devenir. Il s’agit plus que jamais de s’emparer de cette langue, qu’elle devienne langue commune, langue d’échanges, langue de la création artistique. « Le reo ne doit pas s’envisager uniquement dans un cadre traditionnel, mais comme un outil de communication quotidien pour tous. À commencer par la jeunesse et les étudiants du fenua », souligne Tokainiua Devatine, professeur au CMA.

Étudiant, Hitiura Mervin, l’a été lui aussi, il n’y a pas si longtemps. À 31 ans, il devient le tout premier ΄orometua ha΄api΄i du Centre. Lui qui a fréquenté John Mairai et Steve Chailloux nous confie que le reo n’était pourtant pas sa langue maternelle. Sa prise de conscience a lieu alors qu’il a déjà vingt-six ans. Les problématiques des jeunes, leur désintérêt aussi, il connaît bien. Lui, à qui Viri Taimana a donné « carte blanche », espère proposer rapidement à ses étudiants l’écriture d’un chant ou d’un ‘ōrero. « Le but est qu’en fin d’année, on puisse offrir ce chant au Centre. Cette création sera le reflet des progrès de mes élèves. J’ai envie de leur donner la parole, qu’ils puissent s’exprimer avec des mots simples, mais choisis par eux. » Une des autres missions de Hitiura Mervin est également de traduire les publications du CMAPF, avec la perspective de diffuser la culture artistique dans les sociétés polynésiennes voisines.

Pratique

CMAPF

• Avenue du Régent Paraita, Mamao, Papeete

(face Jeannina meubles)

• Informations au 40 437 051 / [email protected]

• Site web : www.cma.pf

• Page facebook : Centre des Métiers d’Art de la Polynésie française

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