N°104 – 22ème Heiva des écoles : un taux de participation record 

Maison de la Culture – Te Fare Tauhiti NuiHeiva des Ecoles 2016-15 opt

Texte : DB.

Rencontre avec Martin Coeroli, directeur par intérim de la Maison de la Culture et Vaiana Giraud, responsable de la communication.

 

Cette année, le nombre de groupes en lice au Heiva des écoles est de 34. Un record. Pour la Maison de la Culture, organisatrice de l’événement, plusieurs facteurs expliquent l’engouement des jeunes artistes, professeurs et responsables d’école pour ce Heiva des écoles.

Alors que les précédentes éditions voyaient en moyenne une trentaine d’écoles se présenter, l’édition 2016 affiche un nombre record de 34 prétendants. La preuve s’il en fallait que la culture séduit toujours plus. « Il y a comme un regain culturel ou plutôt un nouvel engouement pour tout ce qui se rapporte aux arts traditionnels », affirment Vaiana Giraud, responsable de la communication et Martin Coeroli, directeur par intérim de la Maison de la Culture. Ils ajoutent : « au Conservatoire Artistique de Polynésie française, les inscriptions en ‘ori tahiti, percussions ou ukulele explosent, et le Hura Tapairu connait un succès grandissant. » La crise économique, la médiatisation des pratiques, les demandes à l’international, la professionnalisation possible des danseurs confirmés sont autant de raisons qui se conjuguent pour expliquer la situation.

La culture comme refuge

En temps de morosité économique et sociale, la culture, les arts traditionnels sont « comme des refuges », explique Martin Coeroli. Les foyers aux revenus modestes préfèrent finalement apprendre, revenir aux sources plutôt que consommer. Les trou- pes de danse et groupes de musique offrent un lieu de convivialité, une famille, une communauté qui pourraient remplacer des liens qui feraient défaut, ou apporter un soutien supplémentaire. Dans une société de plus en plus individualiste, le groupe est recherché. « Danser ou jouer dans un groupe est devenu une fierté en plus de donner un sentiment d’appartenance. »

La médiatisation des danseurs et danseuses qui se distinguent lors de concours donne également un nouveau coup de fouet aux disciplines qui ont longtemps mis en avant les groupes. « Avec des personnalités comme Hinavai Raveino ou Tuarii Tracqui, élus meilleurs danseurs au Heiva, l’art s’incarne », remarque Vaiana Giraud. Ce qui n’écorne en rien la solidarité des groupes puisque les meilleurs danseurs et danseuses sont portés par ce groupe.

Les arts comme débouché professionnel

Autre élément notable : l’intérêt porté au ‘ori tahiti par le public étranger. À l’inter- national, les spectacles mais aussi la pratique n’en finissent pas de plaire. Qu’ils viennent du Japon, du Mexique, des États-Unis, les stagiaires sont de plus en plus nombreux à venir prendre des cours au fenua, d’autres viennent dé er les spécialistes sur leur terre lors de concours internationaux. Ce qui stimule les danseurs et musiciens polynésiens.

« Cet engouement international permet en plus une professionnalisation des artistes, poursuit Vaiana Giraud. Cela donne de réelles possibilités de travail. Les danseurs polynésiens sont de plus en plus nombreux à animer des workshops à l’étranger voire à ouvrir des écoles de danse. » Martin Coeroli complète : « C’est devenu une voie de débouchés professionnels. On peut parler d’économie culturelle. »

Les élèves à l’honneur

Pour les écoles, le Heiva est l’occasion de mettre en lumière les élèves, de les motiver, de les présenter. « C’est un vivier, on sait que l’on voit passer les étoiles de demain ». C’est aussi une vitrine pour les écoles. Les parents sont exigeants et vigilants, d’où l’attention portée aux costumes, à la musique et aux chorégraphies. Les organisateurs, au fil des années, voient la tendance se confirmer. Le premier Heiva des écoles a été organisé il y a 22 ans. Trois écoles se présentaient : Tamarii Poerava de Moeata, Tamariki Poerani de Makau et le Conservatoire. Aujourd’hui, le nombre d’écoles inscrites a été multiplié par dix. La pression et le niveau sont montés d’un cran. La réputation des écoles se joue lors du Heiva de juin !

Une organisation sans faille

Pour la Maison de la Culture, malgré l’augmentation du nombre d’inscrits, la manifestation ne présente pas de difficultés particulières en terme d’organisation. Rompus à l’exercice, les personnels de l’établissement assurent la mise en place de la manifestation avec dextérité. « D’autant que depuis quelques années, nous avons deux sites pour le Heiva des écoles : les écoles de moins de 100 élèves se présentent au Grand Théâtre – cela nous semblait moins intimidant pour des formations qui regroupent parfois une trentaine de danseurs par exemple – tandis que les plus importantes restent place To’ata. Or, de plus en plus d’écoles insistent pour passer au Grand Théâtre car l’endroit est plus convivial, les artistes sont plus proches du public. C’est une toute autre ambiance. C’est en quelque sorte le revers de nos initiatives ! »

Témoignage

Teupoo Temaiana directeur de Arata’i, école de percussions traditionnelles

« Comme tous les ans depuis 15 ans, nous participons au Heiva des écoles. Je m’y engage pour les jeunes, pour qu’ils continuent à apprendre la musique. Sans to’ere, il n’y a pas de Heiva, pas de danse. Il faut montrer et transmettre le savoir des tupuna. Cette année nous y serons avec 30 élèves. Pour eux c’est motivant, ils travaillent dur, ils s’accrochent. C’est important d’avoir un objectif comme ça à la n de l’année. C’est plus qu’un spectacle. Les parents et les jeunes sont ers, comme nous. »

HEIVA DES ECOLES : PRATIQUE

  • Du 25 mai au 4 juin
  • Au Grand Théâtre de la Maison de la Culture et place To’ata
  • Voir le détail du programme dans notre rubrique « Programme » et sur maisondelaculture.pf
  • tarifs : Grand Théâtre : 1 500 Fcfp tarif unique
 • To’ata : 500 Fcfp (enfants de – 12ans), 1 000 Fcfp (côtés) et 
1 500 Fcfp (centre)
 • Gratuit pour les – 2 ans sur demande d’un billet « bébé »
  • Vente des billets sur place uniquement de 9h à 18h (17h le vendredi) et en ligne à partir du mardi 03 mai
    • Sur place 1 heure avant les soirées du Grand Théâtre et 
1h30 pour les soirées à To’ata
    • Renseignements 40 544 544 – www.maisondelaculture.pf

 

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