Enseignement du violon : l’heure de la relève !

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Saviez-vous qu’une figure du Conservatoire allait bientôt prendre un nouveau départ… celui de la retraite ? Yolande Devrand, après 22 années passées à transmettre sa passion du violon au Conservatoire, laissera autant de souvenirs derrière elle dans l’établissement. Mais rassurez-vous : elle ne nous laisse pas vraiment tomber…

Nouveau départ dans la vie pour deux musiciennes classiques, Yolande Devrand et son ancienne élève, Amandine Clémencet. La première part à la retraite en décembre 2010, tandis que la seconde s’apprête à prendre son envol… Ces deux enseignantes en violon sont devenues inséparables. Car n’est-il pas tout aussi important de réussir la fin d’une carrière que son commencement ?

Depuis qu’on lui a mis un violon miniature entre les mains, c’est-à-dire à l’âge de cinq ans, Amandine Clémencet n’a eu de cesse de pratiquer une vertu essentielle : l’exigence, envers elle-même. Bien que soutenue par un talent évident, l’inébranlable volonté de cette jeune musicienne la distingue probablement des autres élèves doués pour cet instrument royal. La première grande récompense, sa médaille d’or du conservatoire artistique de Polynésie française, arrive. Avec ce sésame en poche, elle part étudier au prestigieux conservatoire de Lyon pour progresser, toujours et encore. Elle y décroche une autre médaille d’or, donne des cours particuliers de violon et suit en parallèle des cours de pédagogie. Son objectif est aussi transparent et déterminé que son parcours : elle souhaite enseigner sa passion.

De retour à Tahiti il y a plusieurs mois, elle propose sa candidature au Te Fare Upa Rau. Coïncidence : sa professeur de violon de toujours, Yolande Devrand, part à la retraite fin 2010, faisant d’Amandine une remplaçante toute désignée pour assurer son intérim, car cette jeune pousse devra passer par les voies du concours !

En attendant et en bonne perfectionniste, elle assiste son « maître » jusqu’à son départ, pour commencer à se frotter aux réalités du métier. Et même si tout le monde regrettera Yolande, aussi bon professeur que violoniste, celle qui fut aussi directrice du Conservatoire s’apprête, tranquille, à céder la place.

Yolande, tu pars à la retraite en 2011. Avec toi, c’est toute une partie de l’histoire du violon au Conservatoire qui s’en va !

Et oui, je suis là depuis 1988… J’ai vu grandir et évoluer mes élèves, avec qui j’ai gardé des relations extraordinaires, dépassant le cadre de l’apprentissage musical. Mais j’ai une grande confiance en Amandine, qui cerne d’ores et déjà très bien le métier, et le courant avec les élèves passe bien. Sa présence à mes côtés ces quelques mois avant mon départ est rassurante, le passage se fait ainsi en douceur. Je sais que je laisse les élèves entre de bonnes mains.

Amandine, qu’apprends-tu du métier avec Yolande ?

Tout ! Bien jouer d’un instrument ne suffit pas à l’enseigner correctement. Avec Yolande, j’apprends à aborder les différents niveaux d’apprentissage, des plus jeunes ou plus grands, mais aussi à adapter les exercices en fonction des difficultés et des facilités de chacun des élèves.

Ce qu’il y a de plus important pour toi en tant que jeune professeur de violon ?

Une grande partie du travail repose sur la sensibilité, la manière dont on va amener les choses. Mon but est de permettre aux élèves de se faire plaisir, il n’y a qu’ainsi que l’on progresse.

Le violon est-il toujours un instrument que les jeunes ont envie d’apprendre ?

Yolande : Nous avons près d’une centaine d’élèves au Conservatoire, répartis entre 3 professeurs. Nous devons même malheureusement refuser du monde. Certes, ce sont bien souvent les parents qui poussent, mais les enfants sont très vite conquis. Il faut quitter l’image trop classique du violon, cet instrument permet une grande liberté d’interprétation dans de nombreux registres musicaux.

Amandine : Le violon est un prolongement du corps et lorsque l’on commence à en jouer, on ne peut très vite plus s’en passer. Il vibre sur le corps, accompagne nos états d’âme et devient un véritable partenaire de nos émotions…

« Une figure »

Le départ à la retraite de Yolande Devrand va laisser un véritable vide au sein du Conservatoire, même si cette passionnée de musique aura bien du mal à ne pas revenir jouer au sein du grand orchestre de l’établissement.

« Yolande est une figure de cet établissement. D’une manière ou d’une autre elle sera toujours présente parmi nous » glisse Frédéric, responsable de la communication et des événements de Te Fare Upa Rau. « C’est une passionnée de musique, elle en a besoin pour vivre ! » Passion qu’elle partage bien évidemment avec son mari, Jean-Louis Larrey, actuel président de « Musique En Polynésie », avec qui le Conservatoire a des liens privilégiés. Mais au-delà, Yolande a formé des générations entières d’enfants et d’adolescents, leur inculquant outre l’amour de l’instrument et le respect les techniques, le sens de l’écoute.

De nombreuses sensibilités se sont ainsi exprimées et découvertes sous le regard exigeant mais si bienveillant de cette dame qui dirigea, à un moment de son histoire, l’établissement, tout comme elle tint également la baguette de Maestro.

Elle aura vécu les grandes heures de notre école et fait honneur à sa mission, à son art » poursuit Frédéric.

Nul doute que la grande famille du Conservatoire prépare à cette violoniste passionnée une fête digne de ce nom pour lui dire non au revoir, mais à bientôt.

Car il y a des familles que l’on ne quitte jamais. Celle de la musique en est une.

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