Humains en péril …

La disparition de Papa Matarau laissera un grand vide à sa famille et à son entourage, mais également dans le monde de la culture polynésienne. De part l’étendue des ses connaissances, cet homme pouvait en effet être considéré comme un de nos « Trésors humains vivants ».

Vous avez dit « Trésors humains vivants » ?

Cette appellation est à comprendre au sens du programme initié par l’UNESCO en 2003 : « Les Trésors humains vivants sont des personnes qui possèdent à un haut niveau les connaissances et les savoir-faire nécessaires pour interpréter ou recréer des éléments spécifiques du patrimoine culturel immatériel* ». Papa Matarau est décrit dans un communiqué de la Présidence de l’Assemblée comme « une grande figure de la culture ma’ohi, capable de réciter les anciens chants en donnant les noms des premières pirogues arrivées sur ces terres, des connaissances que les habitants croyaient perdues à jamais et qu’ils entendaient pour la première fois. Il avait une connaissance étendue des anciennes pratiques concernant la pêche, l’agriculture, les étoiles (…) Cet homme sage et discret n’hésitait pas à intervenir dans la vie publique et à interpeller les dirigeants lorsqu’il le fallait pour la défense de notre culture et de nos valeurs ». Avec le départ de personnalités comme Papa Matarau, c’est une petite partie de notre patrimoine qui s’efface…

Sauvegarder le patrimoine culturel immatériel

Une des plus grandes menaces qui pèse sur le patrimoine culturel immatériel polynésien est la diminution du nombre de ceux qui exercent toutes sortes de pratiques traditionnelles (artisanat, musique, danse, agriculture, pêche, etc.), ainsi que des personnes qui ont la possibilité d’apprendre auprès d’eux.

Au risque de voir disparaître tous les Trésors humains vivants, d’ici et d’ailleurs, l’UNESCO préconise « leur sauvegarde », en encourageant « les détenteurs de ce patrimoine à continuer de transmettre leurs connaissances et savoir-faire aux générations qui les suivent ». Et pour assurer la viabilité de ce patrimoine, une seule solution : la transmission. L’UNESCO travaille donc à la mise en place d’un système national de Trésors humains vivants afin de créer une commission d’experts chargée de sélectionner des candidats et de veiller à l’application du système (voir encadré). En Polynésie, ce programme constitue l’un des objectifs prioritaires du plan d’action pour la protection du patrimoine culturel polynésien, initié par le Ministère en charge de la Culture en janvier 2006 et porté depuis par le Service de la Culture et du Patrimoine. Sa mise en œuvre s’inscrit en particulier dans le cadre du plan de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel polynésien, en cours de définition. Hiro’a reviendra sur ce sujet passionnant et sensible dans un dossier à venir…

ENCADRE

Le programme des Trésors humains vivants de l’UNESCO

Ses objectifs :

  • identifier les Trésors humains vivants
  • accorder une reconnaissance officielle à des détenteurs de la tradition et des praticiens talentueux
  • assurer la transmission de leurs connaissances et savoir-faire aux jeunes générations

www.unesco.org

* Voir à ce sujet Hiro’a n°3, novembre 2007.

Patrimoine immatériel : « tout ce qui peut se transmettre d’une génération à une autre sous n’importe quelle forme : orale, écrite, filmée, enregistrée, bâtie et qui concerne la langue, les modes d’expression, les savoirs, les savoir-faire d’une communauté ».

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