N°119 – Une housse de rame sur-mesure

 

Service de l’artisanat traditionnel (ART) – Pu Ohipa Rima’i  rame © ASF20170704_0000

 

Rencontre avec Titaua Tapi et André Iro, artisans. Texte et photos: ASF

 

 

Couture et tressage: les artisans du Heiva Rima’i ont fait preuve d’originalité et d’un vrai savoir-faire pour réaliser une housse de rame en trois jours.  Au final, un premier prix et cinq belles réalisations. 

 

Comme chaque année, le Heiva Rima’i est l’occasion de découvrir l’étendue du savoir-faire polynésien en matière d’artisanat avec plus de cent exposants venus des cinq archipels de la Polynésie française. Pour les visiteurs, les opportunités sont ainsi nombreuses d’admirer la complexité des techniques utilisées et la maîtrise du geste dans chaque discipline, notamment grâce aux différents concours organisés sous le chapiteau du salon. Cette année, championnat du monde de va’a oblige, le comité a souhaité faire un clin d’œil à ce sport traditionnel en demandant aux artisans de réaliser, pour la première fois, une housse de rame. Si la matière première et la technique étaient à la discrétion de chacun, sur les cinq candidats en lice, quatre ont choisi de valoriser le tressage avec du pae’ore*, une candidate a préféré créer une housse dans un patchwork de tissus. Pour tous la contrainte était la même : réaliser en trois jours, et pas un de plus, une housse sous le regard curieux des visiteurs et l’œil expert du jury qui avait la lourde tâche de noter principalement sur trois critères : la beauté de l’ouvrage, la complexité de la technique retenue et les finitions.

 

Le choix du pandanus

 

Les finitions, une opération délicate.  « J’ai le sentiment de n’avoir pas bien terminé ma rame », s’inquiète Titaua Tapi, artisane depuis 25 ans à Pirae et candidate au concours. Il faut dire que la forme de la rame complexifie l’affaire et le pandanus n’est pas toujours docile. « J’ai préféré rester sur un point simple, mais c’est au niveau des pliures que cela se complique car le pandanus est fragile ». Malgré la difficulté, cette artisane n’a jamais eu l’intention de choisir une autre matière pour réaliser son projet. « Le pandanus reste très joli une fois tressé et surtout tu peux rajouter des pièces comme bon te semble ». Titaua a terminé 4e du concours. Quant au troisième prix, il a été attribué à Iaera Tefaafana. A peine fabriquée, sa housse a été vendue à un visiteur japonais. André Iro, 32 ans, a lui aussi choisi le pandanus pour réaliser sa housse de rame. Jeune artisan qui expose depuis six mois seulement, c’est sa première participation au Heiva Rima’i et sa première création de ce genre ! Inspiré par les filets des pêcheurs, il a décidé de se lancer dans une maille large pour recouvrir sa rame et de l’accompagner de quelques fleurs en pandanus teinté. « J’ai d’abord fait un croquis, puis je me suis lancé. Il faut toujours réadapter son projet par rapport au dessin, pour moi le plus dur est de savoir comment commencer la pièce. » Originaire de Rurutu, André a appris à tresser en observant sa mère et ses sœurs. « Chacune d’entre elles m’a transmis sa technique de tressage », confie l’artisan qui a remporté le 2e prix. Le jury a décerné le premier prix à Vahinearii Mara de l’association Teanaroa et ainsi récompensé un véritable travail de créativité, d’une finesse des points et surtout d’une complexité dans les fermetures de la housse de rame. Ce concours a été une belle réussite et une explosion de créativité.

 

* pae’ore : pandanus

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