Le Unu, en connexion avec les cieux

[singlepic id=36 w=320 h=240 mode=web20 float=left]Les unu sont les grandes effigies polynésiennes en bois ornées de motifs géométriques, de figures animales ou anthropomorphiques, que l’on trouvait autour des lieux sacrés (tapu) et des marae. Ils étaient rangés durant la période de disette (matari’i-i-raro) pour être dressés sur les marae quelques semaines avant le retour de l’abondance (matari’i-i-ni’a), afin d’établir le contact avec les dieux qui allaient favoriser les récoltes. Hauts de plusieurs mètres, larges et très peu épais, les unu étaient peints en rouge. Deux élèves du Centre des Métiers d’Art ont revisité leur création.

Tout le monde s’accorde à dire que les unu n’étaient pas simplement décoratifs. Ils étaient situés sur les marae, lieux de culte où se déroulaient des cérémonies religieuses, édifices dédiés aux atua ou dieux polynésiens. N’ayant aucune certitude quant à la signification précise de ces sculptures, chaque archipel de Polynésie française avance des interprétations différentes. Chacun y va de son hypothèse et peut donc choisir d’y voir ce qu’il souhaite.

Le marae assurait la communication entre le monde des hommes et celui des dieux. Les unu pourraient donc être un instrument supplémentaire à cette mise en relation. C’est en tout cas ce qu’évoque leur forme pointée vers le ciel. Les unu ainsi dirigés pouvaient servir à la convocation des dieux qui apportaient force, mana aux hommes, pour assurer santé, équilibre et fertilité.

Raitia, élève au Centre des Métiers d’Art, a effectué des recherches – comme il est d’usage de le faire dans l’établissement – avant de créer ses unu. « On n’a pas découvert grand chose sur les unu car il n’y a pas beaucoup de témoignages écrits sur les objets sacrés des marae. On n’a que les informations que les Européens ont pu recueillir. Dans les îles de la Société par exemple, les marae étaient dans certains cas synonymes de sacrifices humains. Les unu devaient probablement être associés à ces événements.

[singlepic id=37 w=320 h=240 mode=web20 float=left]Une autre interprétation européenne désigne le unu comme un perchoir aux oiseaux. On pense que les prêtres amenaient avec eux un oiseau quand ils venaient en mission dans les îles. À leur retour, ils le lâchaient et l’oiseau revenait alors se poser sur l’île, sur le unu qui lui était dédié. C’était un signe pour la population que le prêtre était rentré et qu’il était temps de commencer à préparer une cérémonie.

Beaucoup d’autres interprétations ont été évoquées. Nous nous sommes donc autorisé une grande liberté de création. On a pu s’inspirer directement de unu encore en place sur des marae et de là, on a créé des unu actuels, que l’on a modernisés. C’est un exercice supplémentaire pour appréhender différentes formes et d’autres manières de sculpter ».

Il existe différentes formes de unu.

Droits ou tordus, ils sont fabriqués en fonction du culte de chaque île. Les unu des îles du vent sont droits, ceux des îles sous le vent peuvent être tordus.

Certains ont des silhouettes humaines ; sur d’autres sont gravés des taura, animaux protecteurs attribués à la famille par les ancêtres, qui permettaient de se protéger de tout ce qui venait du monde invisible, de l’ombre et de faire le lien avec le monde visible. Les unu symbolisaient, pour beaucoup, les familles affiliées au marae.

Leur forme pointue peut être expliquée par le fait qu’ils servaient de perchoir aux oiseaux des chefs. Elle peut aussi être la représentation symbolique d’un capteur d’énergie, comme le sont les yeux des moai.

Art In le Méridien

Le Centre des Métiers d’Art a été invité à participer à la première édition de « Art In le Méridien », en décembre dernier. Ce sont les unu de Raitia et Raimana qui ont été choisis pour être exposés à cette occasion. Il s’agissait d’une journée autour du thème de l’installation, au sein des jardins de l’hôtel. Les oeuvres ont été mises en scène et illuminées durant la soirée.

Viri Taimana souhaiterait pousser l’expérience plus loin et faire fabriquer à ses élèves une trentaine de unu qu’il disposerait dans l’enceinte du CMA à l’occasion des 30 ans de l’institution, en février 2010. Il les imagine très colorés et d’environ 6 mètres de haut.

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