Hiro’a n°186 – La culture bouge

La culture bouge – Direction de la culture et du patrimoine – Te papa hiro’a ‘e faufa ‘a tumu (DCP)

Quatre Polynésiens en résidence à la Cité des arts à Paris

Rencontre avec Joany Cadousteau, la directrice de la Direction de la culture et du patrimoine et les quatre lauréats du concours de « Résidence d’artistes ». Texte : Pauline Stasi – Photos : Présidence de la Polynésie française

Évrard Chaussoy, Orama Nigou, Jonathan Mencarelli et Vahaeinui Doom sont les heureux lauréats de la 3e édition du concours de « Résidence d’artistes ». Les quatre artistes s’envoleront début août vers Paris pour vivre pendant trois ou quatre mois une expérience unique à la Cité internationale des arts.

« C’est un bon cru », lance dans un franc sourire Joany Cadousteau, la directrice de la Direction de la culture et du patrimoine en énonçant, le 27 avril dernier, le nom des quatre lauréats sélectionnés pour la 3e édition du concours de « Résidence d’artistes ». Il s’agit de trois hommes et une femme, des artistes de disciplines différentes, le peintre Évrard Chaussoy, le sculpteur Jonathan Mencarelli, l’artiste designer en textile Orama Nigou et l’illustrateur Vahaeinui Doom, plus connu sous le pseudonyme de Vashee. Les quatre artistes, tous titulaires de la carte d’artiste professionnel de Polynésie française, vont décoller début août de Papeete, direction la capitale métropolitaine pour rejoindre la Cité internationale des arts. Outre la prise en charge de leur billet d’avion, les quatre lauréats polynésiens vont bénéficier pendant trois ou quatre mois de la mise à disposition d’un atelier-logement individuel, d’une bourse de vie de 191 000 Fcfp par mois, ainsi que d’un accompagnement artistique et professionnel. Des conditions idéales pour profiter pleinement de ce séjour exceptionnel dans une résidence d’artiste. Véritable fourmilière de talents et sans nul doute source d’inspiration fabuleuse pour nos quatre Polynésiens, la Cité internationale des arts héberge pas moins de 325 artistes de toutes générations, de toutes disciplines et venus de tous les coins du globe.

Des aspirations diverses 

Visiblement impatients, mais aussi un peu fébriles, à quelques mois de partir vivre cette expérience unique, les sourires étaient donc sur tous les visages ce 27 avril dernier à la Direction de la culture et du patrimoine. À l’image de l’illustrateur et dessinateur Vashee, originaire de Tubuai aux îles Australes, qui s’inscrit également dans une démarche écologique et spirituelle, principalement par l’upcycling. « C’est un saut vers l’inconnu. J’attends de cette expérience de pouvoir partager avec d’autres artistes de différentes disciplines, il y a sans doute là-bas des personnes très engagées dans l’upcycling que je vais pouvoir rencontrer. J’ai envie de m’y enrichir, de diversifier mon activité, d’apporter une nouvelle dynamique à ma démarche artistique. Je veux découvrir Paris et ses expositions, me nourrir les yeux », précise Vashee, avant de rajouter avec enthousiasme qu’il espère que « ce séjour puisse aussi être l’occasion de mieux faire connaitre la Polynésie, et pourquoi pas, mon île de Tubuai».

Pour le sculpteur Jonathan Mencarelli, qui a déjà eu l’opportunité de participer à des symposiums internationaux pendant plusieurs mois en Thaïlande, en Chine ou encore en Nouvelle-Zélande, ce séjour est l’occasion de « faire de la recherche plastique, esthétique dans le domaine de la sculpture. Cela passe par des rencontres, des discours (…). Ça peut être avec des institutions, et ça passe aussi par aller voir des expositions, des galeries pour trouver d’autres idées », lance le sculpteur spécialisé dans la pierre. Originaire de Raiatea, l’artiste engagé, Évrard Chaussoy attend, lui aussi, beaucoup de ce séjour parisien. « Je suis actuellement dans un tournant dans ma peinture. Avant je considérais que chaque tableau était une finalité. J’attaquais une œuvre, je la peignais et je transmettais un message par œuvre. Ma démarche artistique est en train d’évoluer, chaque œuvre n’est pas l’aboutissement d’un message, mais plutôt une trace, une pièce qui fait partie d’un parcours entier, comme une continuité. La démarche doit être plus grande que l’œuvre (…). Je pense que ce séjour à Paris va beaucoup m’aider dans cette démarche artistique. Je souhaite évoluer vers quelque chose de plus profond. Il y a des personnes de toutes les nationalités, avec des sensibilités, des disciplines différentes. Je pense qu’en parlant avec elles, en regardant, en observant comment elles retranscrivent dans leurs œuvres leurs vécus, cela peut vraiment être très enrichissant pour moi », note avec réflexion le peintre de l’île sacrée.

Quant à Orama Nigou, la seule femme de cette 3e promotion du concours de « Résidence d’artistes », l’artiste designer en textile souhaite quant à elle mettre à profit cette opportunité pour se consacrer davantage à la recherche de son art. « Je compte poursuivre ma pratique et l’ouvrir à toutes les possibilités qui se présenteront là-bas pendant quatre mois, j’aurai vraiment plus de temps pour m’y consacrer. J’ai vraiment envie d’explorer cet aspect performance, que je ne développe pas assez ici », confie-t-elle.

Rendez-vous pris dans quelques mois avec ces artistes pour un retour d’expérience qui sera certainement très riche autant sur le plan humain qu’artistique. ◆

Légendes

Le peintre Évrard Chaussoy.

Le sculpteur Jonathan Mencarelli.

L’artiste designer en textile Orama Nigou.

L’illustrateur Vahaeinui Doom, plus connu sous le pseudonyme de Vashee.

Pour Joany Cadousteau (au centre), directrice de la DCP, cette troisième édition réunit des artistes polynésiens talentueux.

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