Hiro’a n°185 – Le saviez-vous ?

Mission à Bora Bora : lancement de recherches sur le patrimoine de l’île

Rencontre avec Coralie Perrin, archéologue à la Direction de la culture et du patrimoine. Texte : Lucie Rabréaud – Photos : © H. Carue, Fonds DCP 2023

Plusieurs agents de la Direction de la culture et du patrimoine sont allés en mission sur Bora Bora pour lancer des recherches sur le patrimoine matériel et immatériel de l’île du 6 au 8 mars derniers. Invitée par l’association culturelle, Te Fare Hiro΄a no vavau, qui souhaitait avoir une initiation aux pratiques archéologiques et mieux connaitre les procédures, la DCP en a profité pour resserrer ses liens avec les habitants de l’île.

La mission a duré trois jours. Du 6 au 8 mars derniers, quatre personnes de la Direction de la culture et du patrimoine se sont déplacées à Bora Bora. Les archéologues, Coralie Perrin et Vincent Marolleau, et les professionnels Jean Mere et Hiro Carue, chargés de recueillir des informations auprès des personnes ressources et des traductions tahitien-français. C’est l’association culturelle Te Fare Hiro΄a no vavau qui a sollicité la DCP pour avoir une formation aux pratiques archéologiques et mieux connaitre les procédures de classement et de protection des sites. « L’association souhaitait savoir quoi faire en cas de découvertes ou encore quels types de vestiges ils pouvaient trouver. Ils souhaitent protéger et promouvoir leur patrimoine », explique Coralie Perrin, archéologue à la DCP et originaire de Bora Bora. La DCP a profité de cette invitation pour lancer des recherches sur le patrimoine matériel et immatériel. L’archéologue Hinanui Cauchois doit faire un bilan archéologique en identifiant les sites et l’ethnologue Frédéric Torrente une étude ethnologique. Les résultats seront publiés à la fin du premier semestre 2023. Des informations qui serviront à mieux connaitre Bora Bora : « L’île recèle un patrimoine culturel matériel encore méconnu. En effet, peu de recherches archéologiques s’y sont déroulées, les archéologues se focalisant plutôt sur l’île voisine de Huahine. Mais deux cahiers du patrimoine, édités par la DCP, ont évoqué la richesse culturelle de Bora-Bora : Histoire et les traditions de Huahine et Pora Pora et Pora Pora i te fānau tahi, mille ans de mémoire. Aujourd’hui, nous voulons établir un bilan de la recherche sur le patrimoine matériel et immatériel de l’île. »

De nombreux vestiges

Un patrimoine riche avec des artefacts, des sépultures, des vestiges architecturaux et d’autres monumentaux qu’il faut aujourd’hui préserver, protéger et valoriser. Les archéologues de la DCP ont notamment visité quatre sites : Te-pua-ō-Matari΄i qui se trouve dans la commune de Nunue, composé d’un rocher en forme de tortue et d’un bassin connu également sous le nom des bains de la reine. On y trouve des pétroglyphes représentant des tortues, des cent-pieds… Sur la même commune, ΄Ōfa΄i honu, qui symbolise la naissance du fondateur de l’île, Firiāmataō-vavau, est classé monument historique depuis 1952. Plusieurs pétroglyphes sont gravés sur ce rocher, notamment des représentations de tortues. Le marae Vai-΄ōtaha est le plus ancien marae de l’île et le plus ancien des îles Sous-le-Vent. Malheureusement de ce marae primordial, il ne reste que quelques fragments. Et enfin, le marae Maro-tetini, qui est un des plus grands, se déploie sur 50 mètres au bord de la mer avec ses dalles en corail dressées. Il est dédié à la déesse Pélé et consacré à trois requins protecteurs de la baie de Faanui. L’équipe a également visité la cloche de Hiro et Tumu-iti, un rocher du motu To΄opua-iti. « L’objectif était de dresser un état de conservation des différents vestiges et d’établir une stratégie à court et moyen terme pour les préserver, les protéger et les valoriser. Pourquoi pas classer certains sites ? » Ils ont également été documentés avec photos, relevés, mesures et descriptions, pour en garder une trace écrite.

Les savoirs préservés par des habitants

La Direction de la culture et du patrimoine a également resserré ses liens avec les habitants de Bora Bora, profitant de ces trois jours pour faire des photos, des enregistrements audio et vidéo et compiler de la documentation sur les savoir-faire ancestraux et l’histoire de l’île grâce à des personnes ressources. Il y a eu Fifi, chef de groupe de danse ; Warren qui raconte l’évolution de la récolte de miel, passant de l’arbre aux ruches ; Etau, producteur de taro ; Emcy qui produit ses propres rā΄au et Paoà qui connait la médecine traditionnelle et est spécialiste de la fabrication des leurres. « Recueillir pour sauvegarder, préserver et conserver la mémoire ancestrale de nos tupuna dans la perspective de le transmettre à l’ensemble de la population polynésienne. À travers ces échanges, nous souhaitions mettre en lumière ces acteurs et détenteurs de ce savoir-faire qui participent à la mise en valeur de notre patrimoine culturel. » Ces trois jours ont permis un échange riche et intense entre les professionnels de la Direction de la culture et du patrimoine, les membres de l’association Te Fare Hiro΄a no vavau et les habitants de l’île de Bora Bora, notamment les propriétaires terriens où se trouvent les vestiges. Chacun souhaite voir le patrimoine de Bora Bora préservé et transmis. ◆

Légendes

΄Ōfa΄i honu est un rocher avec plusieurs pétroglyphes, notamment des tortues. Il a été classé en 1952.

Le marae Maro-tetini est un des plus grands de l’île. Il se déploie sur 50 mètres au bord de la mer avec ses dalles en corail dressées.

Les membres de l’association Te Fare Hiro΄a no vavau avec les intervenants de la DCP.

Te-pua-ō-Matari΄i est niché dans une couverture végétale entourée de petits ruisseaux et d’un bassin.

Paoà Teihotaata, expert dans la fabrication de leurres, et Jean Mere.

(Haut de gauche à droite) Jean Mere, Revanui Atiu, (assis) Etau et Madeleine Teupoohuitua.

L’équipe de la Direction de la culture et du patrimoine avec le tāvana de l’île, Gaston Tong Sang.

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