Hiro’a n°181 – L’œuvre du mois

Centre des Métiers d’Art (CMA) – Pu ha΄api΄ira΄a toro΄a rima΄ī

Rencontre avec Hihirau Vaitoare, enseignante au Centre des métiers d’art et Mirose Paia, maitre de conférences en langues et littérature polynésiennes, vice-présidente de l’université de Polynésie française, en charge des « cultures et sociétés ». Texte : Lucie Rabréaud – Visuel : CMA

Une signalétique créée par le CMA pour l’Université

Le nouveau pôle de recherche de l’université de la Polynésie française sera doté d’une signalétique particulière, habillé d’un logo créé par le Centre des métiers d’art.

Ce devait être une installation innovante et ambitieuse. Un tūti΄i (pilier de divinités installé sur la proue des navires de guerre) avait été pensé et maquetté pour s’intégrer dans le nouveau pôle de recherche de l’université de la Polynésie française (UPF). Malheureusement, la crise sanitaire et ses conséquences sur le fret et le prix des matières premières ont stoppé ce projet. Mais la réflexion des trois artistes et enseignants du Centre des métiers d’art, Hihirau Vaitoare, Tokainiua Devatine et Viri Taimana, ne restera pas vaine. L’Université a demandé à utiliser le dessin du tūti΄i, comme logo pour la signalétique de nomination de ses amphithéâtres. On ne sait pas encore où celui-ci sera apposé : « Nous sommes dans une phase de restructuration des espaces et par conséquent, de la formalisation de la signalétique notamment », précise Mirose Paia, maitre de conférences en langues et littérature polynésiennes, vice-présidente de l’UPF, en charge des « cultures et sociétés ». Mais tout ce travail de stylisation du tūti’i pourra être visible. Plusieurs dessins avaient été nécessaires, avec un travail informatique, pour aboutir à cette forme, qui représentait la réflexion et les idées des enseignants. « Tout a été pensé et tout a un sens », sourit Hihirau Vaitoare, un peu déçue que la sculpture ne voie pas le jour mais heureuse que des symboles polynésiens chargés d’histoire intègrent un établissement comme l’université : « Il sera vu par tous ceux qui vont circuler dans ce pôle. Ils vont poser des questions, participer à connaitre ces formes. »

Mirose Paia confirme que la création et la signification de ce logo, tout comme la dénomination des amphithéâtres en langue polynésienne, seront accessibles à tous. « La dénomination ne va pas sans l’explicitation, pour permettre aux usagers et à tout un chacun de s’approprier et de “s’ancrer” dans cet espace. Faire rentrer des motifs polynésiens dans ce lieu de recherche et de connaissance : tout un symbole ! » Par cette démarche, l’Université, autant dans la formation que la recherche, souhaite montrer sa volonté de composer en toute harmonie, avec le contexte multi-insulaire riche de son patrimoine naturel mais aussi linguistique et culturel. « L’Université a déjà un logo significatif qui est le va΄a, un concept polynésien. Le logo proposé par le CMA rappelle aussi un élément emblématique du va΄a, il vient ainsi compléter un processus déjà engagé. » La vice-présidente de l’université de Polynésie française a trouvé le travail effectué par les enseignants du Centre des métiers d’art, « digne » de l’école « tant du point de vue de la recherche ad hoc, mais aussi dans l’esprit créatif, le partage, et surtout dans la valorisation et la transmission d’un patrimoine qui a failli tomber dans l’oubli. » 

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