Hiro’a n°147 – Trésor de Polynésie : Destination l’aéroport pour l’art du CMA

le CMA à l'aéroport

Destination l’aéroport pour l’art du CMA

Rencontre avec Hihirau Vaitoare, enseignante au Centre des métiers d’art.

Texte : Lu cie Rabréaud – photos : CMA.

Une vitrine au départ et une autre à l’arrivée de l’aéroport internationalTahiti-Faa’a mettent en avant les savoir-faire du Centre des métiers d’art : qu’ils soient traditionnels, avec la reproduction d’objet du Musée de Tahiti et des îles, ou contemporains.

Emporter un souvenir artistique de la Polynésie ou être immédiatement plongé dans l’art traditionnel et contemporain polynésien, les vitrines de l’aéroport font aussi voyager les touristes, qu’ils soient locaux ou internationaux. Celles du départ, à côté de l’entrée pour la douane, mettent en avant l’art traditionnel. Ces objets ont été choisis pour représenter et mettre en valeur les cinq archipels. Ce sont des tiki, un masque des Tuamotu, un tabouret… des reproductions signées par des élèves du Centre des métiers d’art. Une vitrine où l’on s’arrête après l’achat des derniers souvenirs afin d’observer une fois encore la finesse et la beauté de l’art traditionnel polynésien. Avec la rénovation de l’aéroport, une autre vitrine a été créée, mais du côté des arrivées internationales cette fois. Celle-ci est exclusivement réservée à l’art contemporain. « Tout le monde nous attend sur la partie traditionnelle, nous avons ce savoir-faire, cette maîtrise. Reproduire le patrimoine fait partie des bases pour la compréhension de l’art polynésien. Il faut ensuite apprendre à s’en détacher. Il faut se rapprocher des générations d’aujourd’hui. Les mœurs ont changé. Nous devons proposer des nouvelles œuvres qui parlent d’aujourd’hui, tout en faisant appel à la mémoire collective », explique Hihirau Vaitoare, enseignante au Centre des métiers d’art. À la demande de Miriama Bono, directrice du Musée de Tahiti et des îles, le Centre des métiers d’art vient compléter la collection présentée dans les vitrines des arrivées internationales. Cinq œuvres contemporaines, choisies par le CMA dans ses propres réserves, vont être présentées. « De nombreuses personnes patientent à cet endroit, c’est la frontière entre le monde et nous. Quel meilleur endroit pour montrer aux touristes que l’art contemporain polynésien existe ? » interroge Hihirau Vaitoare. « Tout le monde pense que nous allons proposer du bois, de la pierre, de la nacre, mais aujourd’hui nous imprimons avec notre propre imprimante 3D. La modernité peut bousculer les idées du public. Nous aimons questionner tout ce patrimoine. » Les œuvres choisies sont toutes signées d’anciens élèves du CMA. Ce sont les projets de leur diplôme ou des objets créés pour des expositions. Ils montrent la richesse de la création contemporaine polynésienne, ils sont la vision de notre société d’aujourd’hui par les artistes de demain. Si les œuvres traditionnelles ont pleinement leur place dans la découverte culturelle de la Polynésie française, les œuvres contemporaines sont moins attendues, une raison de plus pour les mettre en lumière dès l’arrivée à l’aéroport de Tahiti-Faa’a.

Pratique

• Les objets sont exposés pour une durée d’une année dans les vitrines de l’aéroport.

(((Légendes)))

Les départs et les arrivées de voyage sont l’occasion de se plonger dans l’art polynésien.

Olson Teraiamano propose une réinterprétation de la déesse de Raivavae pour « requestionner notre rapport au ti΄i à travers leur représentation dans des postures qui sont étrangères à la statuaire ancienne ». Le « penseur » a déjà été présenté lors de l’exposition Manava en 2013.

L’idée de cette œuvre d’art vient d’un accident. Rataro Teikitutoua a été victime d’un choc à scooter et il réalise que son casque lui a sans doute sauvé la vie. Il en propose une réinterprétation en nacre gravée. Ce matériau habituellement utilisé pour des bijoux, est ici exploité en volume.

Moea Paofai a reconstitué une photo à partir de deux photos tressées. Les deux photos sont celles du corps humain et plus précisément du pito (le nombril), un endroit central dans la culture polynésienne. Tout vient du pito. C’est là où commence la vie, c’est le lien entre une mère et son enfant. Le tressage a été choisi pour

représenter le lien qui nous unit tous.

Herenui Garbutt a proposé ces œuvres pour son diplôme du CMA. Ces toiles sont une déclinaison d’inflorescence du mara (neonauclea forsteri), une des principales espèces indigènes des vallées et des versants des îles de la Société. Cet arbre est très présent dans les légendes tahitiennes, son bois servait à la fabrication des pahu, des tō΄ere, des battoirs à tapa, des pagaies, des gouvernails et des manches de haches et d’herminettes. Ces toiles remettent en valeur un arbre, un peu oublié.

Hanaiti Mariassoucé a mené ce projet lors de la visite des artistes tongiens restés un mois au fenua. Le projet artistique concernait la peinture d’où la reproduction de la tortue dans le bandeau en haut. Le filet représente la menace qui pèse aujourd’hui sur les tortues.

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