Hiro’a n°141 – Culture bouge : Ori i Tahiti célébrera Âià sur le marae Arahurahu

Conservatoire artistique en Polynésie française (CAPF) – Te Fare Upa Rau  

Rencontre avec Teraurii Piritua, chef de la troupe Ori i Tahiti 

Texte : Lucie Rabréaud – photos : Stéphane Sayeb et Victoire Brotherson pour Tahiti Zoom et Lucie Rabréaud 

 

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Ori i Tahiti célébrera Âià sur le marae Arahurahu  

La troupe de danse Ori i Tahiti présentera un spectacle autour du mot « âià » au marae Arahurahu lors du Heiva. Un thème choisi pour appeler les Hommes à écouter la terre. 

 

Après la flopée de prix remportés au Heiva i Tahiti 2018 (prix Madeleine Moua, prix du plus beau costume végétal, deuxième prix orchestre création, meilleur danseur, deuxième prix meilleure danseuse, meilleurs compositeurs, meilleur ra’atira ti’ati’a, meilleur ‘aparima et meilleur pā’ō’ā hivināu), ‘Ori i Tahiti sera sur le marae Arahurahu au mois de juillet. C’est « un rêve qui se réalise » pour le chef de la troupe, Teraurii Piritua. « Avant même de vouloir concourir au Heiva, je voulais faire un spectacle sur le marae. Quand j’étais plus jeune, j’ai vu plusieurs spectacles réalisés par Heikura Nui, Temaeva et le site m’avait inspiré. Je m’étais dit qu’un jour j’aimerais être artiste et faire un spectacle ici. »   

Pour Teraurii Piritua, danser sur le marae Arahurahu est particulier : «  Il faut tenir compte du site en lui-même. Même si c’est une reconstitution, ce site a une histoire, il y a de l’énergie qui se dégage. Je sens que beaucoup d’artistes, beaucoup de chefs de groupe ont mis leur énergie sur ce site. Il faut respecter le site. J’ai dit à mes danseuses et danseurs que ce ce lieu a une histoire et qu’ils doivent y aller avec humilité et beaucoup de respect.  » Il souhaite également transmettre cette énergie à son public. « Cette année, j’aimerais qu’on ressente le côté sacré du site à travers le thème qu’on va développer. Je ne veux pas que ce soit seulement un spectacle, je veux que le thème, les artistes, fassent corps avec le site. » Le chef de la troupe avoue que le travail est difficile, aussi difficile que de préparer le Heiva i Tahiti, il faut parvenir à occuper la scène naturelle avec grâce, générosité et délicatesse. Les danseuses, danseurs, musiciens et chanteurs doivent 

Quatre grands tableaux ont été préparés autour du mot : « âià ». Tane a Raapoto, l’auteur du thème, souhaitait remettre en avant ce mot qu’il a traduit par : « la patrie », et écrit selon la graphie de son père Turo a Raapoto. « Souvent nous mettons en avant le mot « fenua », l’auteur voulait redonner du sens à ce mot « âià », que les gens se rappellent quelle était sa définition et pourquoi disait-on « taata âià ». Il donne une définition de ce mot en quatre parties dans le spectacle. C’est un cheminement», explique Teraurii Piritua. Tane a Raapoto veut montrer que si la terre est importante, la patrie l’est aussi. « Âià, n’est pas un terme aussi utilisé que fenua. Seul ce dernier a retenu l’attention de tous. Ce n’est qu’en parlant d’hymne national que la notion de patrie est mise en avant. Notre réflexion s’appuie sur ce dernier point : qu’est-ce que la patrie par opposition à la terre ? En définitive, quelle différence y a-t-il entre ces deux concepts dans l’univers ‘ohi ? », interroge l’auteur. Dans le texte, des images, des noms de lieux, des personnages, la mise en avant de l’homme, le ‘ohi. Cela fait plus d’un an que les deux hommes discutent de ce thème. La simple conversation s’est transformée en spectacle. « C’était en plein Heiva 2018, nous réfléchissions à un thème pour un futur spectacle sans savoir où il aurait lieu. Tane a réfléchi sur ce thème depuis le mois de mai, nous avons échangé et il a fini d’écrire au mois de décembre. Quand nous avons déposé la candidature pour faire le spectacle au marae, nous avons proposé ce thème. » a

Ce mot « âià » n’est pas arrivé par hasard. « Si la terre représente la mère, la patrie, quant à elle, représente l’amour qu’elle nous porte. Le nom que porte cet amour, c’est le nom de cette patrie. En acceptant cet amour, nous comprendrons davantage ce que représente la terre mère. Rappelons à cet effet, lorsque l’on se retrouve loin de chez soi, ce n’est pas son île que l’on pleure mais davantage sa famille, sa maison, sa patrie, la vie qu’on y a bâti. Voilà un aperçu de toute la force que porte ce mot », explique l’auteur dans le descriptif du thème. Teraurii Piritua souhaite également « rappeler aux hommes que la terre ne cesse de les appeler et on ne sait plus comment l’écouter. J’espère qu’à travers ce thème, les hommes vont réapprendre à tendre l’oreille. Il y a une belle phrase que je retiens dans le thème : « En acceptant l’amour de la terre, le âià t’ouvre ses bras. » Cette phrase est belle et importante. La terre nous a vus naître. Elle nous nourrit. Tous les jours elle nous montre son amour : quand les nuages couronnent la pointe d’une montagne, quand le soleil se lève et ses rayons nous éclairent… Mais on reste sourds », soupire Teraurii Piritua. Le chef d’Ori i Tahiti espère toucher son public et réussir à transmettre son message. Chaque spectacle est pour lui l’occasion de partager de qu’il a « au fond de ses entrailles », avec ses danseuses, danseurs, musiciens, chanteurs et son public.  

 

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 Un décor naturel  

Situé à Paea, au fond d’une servitude cabossée, le marae Arahurahu a été restauré en 1953. Il est typique des centres cultuels anciens : il est composé d’un tahua (cour sacrée), d’un patu (mur d’enceinte), d’un ahu (autel) à gradins, de unu (pièces en bois sculptées) de couleur rouge, représentations anthropomorphes ou zoomorphe dédiées aux taura (esprits gardiens), de ofa’i tuturiraa (pierre d’appui) et de fataai’ai (plates-formes d’offrandes en bois), où étaient présentées les nourritures destinées aux dieux. Ce grand espace de la vallée de Tefa’aiti où le marae s’étend offre un décor naturel grandiose, utilisé tous les mois du juillet lors du Heiva par le Conservatoire artistique de la Polynésie française qui produit les plus grandes troupes de danse. 

source : service-public.pf 

 

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Pratique  

Âià, par la troupe Ori i Tahiti  

Marae Arahurahu, à Paea (PK 22.5) 

Chaque samedi de juillet (les 6/13/20/27) et le samedi 3 août 2019, à 15 H 45 

Tarif unique : 2000 XPF – Billetterie : les magasins Carrefour Arue Faa’a et Punaauia – Les guichets de Radio One/Tiare Fm à Fare Ute – Vente en ligne : ticket-pacific.pf 

 

Note : Selon le dictionnaire de l’académie tahitienne, le mot « patrie » s’orthographie «āi’a ». Nous avons volontairement laissé l’orthographe choisie par l’auteur du spectacle, à savoir « âià ». 

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