N°133 – « La musique a toujours fait partie de ma vie »

Conservatoire artistique de Polynésie française (CAPF) – Te Fare Upa Rau

 

133 - Dix questions à Jean-Marie Dantin - photo 02 par Lucie Rabréaud

10 questions à Jean-Marie Dantin, responsable pédagogique du CAPF.

Texte et photo : Lucie Rabréaud.

 

Jean-Marie Dantin a toujours enseigné la musique. En métropole d’abord, où il a dirigé des écoles de musique et un orchestre, puis à Tahiti où il a enseigné la clarinette au conservatoire avant de reprendre le chœur l’année dernière. À la rentrée, il a relevé un autre défi : il est devenu le responsable pédagogique du CAPF.

 

Où va-t-on vous retrouver cette année ?

Je prends le poste de responsable pédagogique du conservatoire artistique de la Polynésie française. Je vais faire la liaison entre l’administration et les professeurs et voir s’il y a lieu d’améliorer ce qui peut l’être dans certaines disciplines. L’année dernière, nous avons eu une inspection de la métropole et certaines choses doivent évoluer, je vais donc essayer de travailler dans ce sens-là.

Qu’est-ce qui doit évoluer ?

Par exemple la recherche de la transversalité entre les arts traditionnels et les arts classiques. Il y a toujours eu cette volonté mais cette année, nous allons mettre l’accent sur ce projet. Les arts traditionnels, c’est essentiellement de la tradition orale alors que dans les arts classiques, il y a des partitions et cela intéresse beaucoup les professeurs d’art traditionnel d’approfondir cet aspect-là de la musique. Dans les rencontres musicales du mercredi, nous allons essayer d’œuvrer à créer une osmose, à imbriquer les arts traditionnels et les arts classiques. Je dirige aussi la chorale adulte. Je vais avoir un ensemble instrumental pour l’accompagner auquel pourront s’ajouter des percussions traditionnelles et j’ai aussi prévu des séquences d’art traditionnel.

Est-ce vous qui avez demandé à prendre ce poste ?

Mon prédécesseur, Guillaume Dor, qui est professeur de trompette, a fait un travail magnifique à ce poste, notamment la refonte du cursus des études générales du conservatoire, mais il avait envie de passer la main. Quand le conservatoire m’a proposé de prendre la suite, je ne m’y attendais pas. C’est vraiment un honneur. Peut-être est-ce la reconnaissance de mon travail ici en tant qu’enseignant ? J’y ai été professeur de clarinette de 2003 à 2014 puis l’année dernière, j’ai repris le chœur et avec l’orchestre symphonique, nous avons monté Les grands chœurs de l’opéra italien, un spectacle qui a eu un très grand succès. Je connais bien la maison et j’ai sans doute aussi le bénéfice de l’âge (rires). Mais je ne connais pas beaucoup le rôle du responsable pédagogique, alors je m’y mets sérieusement et j’apprends !

C’est un nouveau défi pour vous ?

Oui, c’est un défi et quelques fois, cela me réveille la nuit ! La direction du conservatoire a insisté pour que j’aie ce poste car les professeurs et l’administration me connaissent. Il y a un rapport de confiance qui s’est établi.

Quel a été votre parcours ?

J’ai étudié à l’école Normale de Grenoble de 1958 à 1963 et je suis devenu instituteur. J’ai exercé pendant 15 ans en école primaire et puis j’ai passé des concours pour enseigner dans les collèges où je suis devenu professeur de lettres et de musique. J’étais aussi dans le mouvement associatif et je dirigeais deux écoles associatives de musique et un orchestre. J’ai pris ma retraite en 1997 et je suis arrivé ici en 1998. Mon fils était militaire et il faisait un passage au RIMaP-P. Nous sommes venus le rejoindre à Tahiti et nous avons été piqués au tiare ! Il est reparti mais ma femme et moi, nous sommes restés !

Quand avez-vous « rencontré » le conservatoire ?

À cette époque-là, mon fils faisait partie du groupe de musique du RIMaP-P et les musiciens militaires venaient donner un coup de main à l’orchestre d’harmonie du conservatoire. Il m’a présenté au directeur qui était Colin Raoul et on s’est entendu tout de suite. J’ai intégré la grande harmonie en tant que clarinettiste. J’ai commencé à enseigner la clarinette à partir de 2003. Puis en 2014, j’ai laissé ma place à un jeune professeur. Mais je n’ai jamais quitté le conservatoire car j’ai toujours fait partie de l’orchestre d’harmonie et j’ai continué à suivre l’ensemble de clarinettes que j’avais monté.

La musique a toujours fait partie de votre vie ?

Ah oui ! Tout le temps ! On a même organisé pendant 28 ans des colonies de vacances musicales avec ma femme qui s’occupait de la partie administrative.

D’où vient cette envie d’enseigner la musique et de plonger les enfants dans cet univers ?

Quand j’étais gamin, j’avais une tante qui était pianiste. Elle faisait répéter les chanteurs de l’opéra de Lille. J’allais régulièrement les écouter et j’étais subjugué. C’est comme ça que la passion est née.

Et pourquoi avoir choisi la clarinette ?

Ça a toujours été ça ! Au premier rang de l’orchestre d’harmonie de mon village, il y avait les clarinettes. C’était forcément ça que je voulais jouer ! Les clarinettes avaient aussi des parties intéressantes dans l’orchestre, souvent le chant principal, donc ça me plaisait. Aujourd’hui, je continue toujours à jouer de la clarinette.

Que représente le conservatoire pour vous ?

C’est l’école de la volonté. Généralement ce sont les parents qui inscrivent leurs enfants et quelques fois ça marche et d’autres non. On a des exemples d’enfants très volontaires et qui veulent y arriver. C’est aussi une question de courage. Il faut apprendre la musique. Il y a des leçons. Et c’est en plus de l’école. Il faut donc y consacrer du temps.

 

 

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