N°133 – Heiva tārava rau : des voix s’élèvent des archipels

 

Maison de la culture (TFTN) – Te fare tauhiti nui133 - Culture bouge - Heiva tarava 03 - Crédit TFTN1

 

Rencontre avec Mama Iopa, enseignante de chants traditionnels au Conservatoire artistique de la Polynésie française et Damaris Tiaahu, coordinatrice de la chorale Te reao tamarii rautini. Texte : ASF.

 

Le festival Heiva tārava dédié aux chants traditionnels polyphoniques prend le nom cette année de Heiva tārava rau avec la participation exceptionnelle de groupes originaires des Marquises et des Tuamotu. L’occasion d’entendre de nouveaux rythmes, de nouvelles mélodies et de se laisser conter les légendes et histoires de ces communes. Ça se passe le 27 octobre, au Grand théâtre de la Maison de la culture en entrée libre.

 

Moins populaire que la danse, les chants traditionnels ont souvent du mal à trouver leur public lors du Heiva i Tahiti. Mais depuis quelques années, des efforts sont portés pour rendre accessible au plus grand nombre cet art qui se transmet par l’oralité, de génération en génération. Un festival lui est même consacré depuis 2015, initialement dans les jardins de Paofai, puis à partir de 2017, au Grand théâtre de la Maison de la culture. L’objectif, dès le départ, était de promouvoir et de prolonger l’ambiance du Heiva et offrir ainsi une scène supplémentaire aux groupes de chant. Cette année, la 4e édition prend une couleur particulière puisqu’elle accueille tous les tārava que l’on connaît déjà bien (Tahiti, Raromatai et Tuhaa pae) avec des groupes souvent primés lors du Heiva i Tahiti, mais aussi, pour la première fois, les himene d’un groupe des Tuamotu (Te reo tamarii rautini)  et d’un autre composé de Marquisiens installés à Tahiti (Tamarii repa nona). Deux archipels qui ne pratiquent pas le tārava.

Pour Mama Iopa, professeur de himene au conservatoire et partie prenante de l’organisation de ce festival aux côtés de la Maison de la culture, c’est une occasion unique d’entendre des chants et des mélodies dont l’identité est si marquée qu’ils ne peuvent s’inscrire dans les critères de concours du Heiva i Tahiti. Pour exemple, les chants paumotu qu’on appelle himene tumu fenua se composent de trois ou quatre mélodies typiques des Tuamotu. Par contre, ce qui ne change pas d’un archipel à l’autre, ce sont les thèmes mis en avant dans ces chants : les légendes, la toponymie, les dieux, l’histoire, mais aussi la mise en garde du peuple mao’hi contre la perte de sa langue et de sa culture… Pendant deux heures, les huit groupes présents raconteront chacun une histoire à travers leur chant.

Le public sera appelé à participer

Enfin, comme à chaque édition, des rencontres avec les groupes seront possibles à travers des ateliers et des échanges. L’interaction avec le public sera valorisée. C’est donc une belle occasion de découvrir ou redécouvrir un art d’une très grande richesse pour le patrimoine polynésien. Ne manquez pas non plus le final qui regroupera l’ensemble des chanteurs, soit près de 240 personnes sur la scène. « Nous allons proposer au public un himene amui en quatre paragraphes. Le premier sera chanté en tārava Tahiti, le second en tārava Raromatai, le troisième par les Marquisiens et/ou les Paumotu et enfin le dernier en tārava Tuhaa pae. Ce chant commun sera le point final de notre diversité culturelle et nous n’aurons que quelques heures pour le répéter tous ensemble avant le spectacle », précise Mama Iopa qui animera la soirée avec Pierrot Faraire.

 

Te reo tamarii Rautini, une chorale de Arutua

À Arutua, commune des Tuamotu, la pression monte avec l’approche du concert et on perçoit une certaine fébrilité parmi les chanteurs. Il faut dire que pour cet atoll, c’est une première de se produire sur une scène de  Tahiti. « C’est Mama Iopa, du conservatoire, qui nous a sollicités. Elle avait vu et entendu sur les réseaux sociaux nos chants à la suite d’un rassemblement religieux. L’idée de participer à un festival nous a plu et nous avons monté spécialement pour cet événement une chorale. C’est une première ! » nous explique Damaris Tiaahu, une des coordinatrices de la chorale qui compte plus de quarante chanteurs. Tous vivent à Arutua et prendront l’avion la veille du spectacle aux côtés de Charles Noho, le chef de groupe et auteur des chants dont le thème principal est la vie de l’atoll, ses passes, son lagon… S’il n’existe pas de tārava chez les Paumotu, le public pourra découvrir le ru’au paumotu mais aussi le teki, dont les rythmes, les tonalités et les chants sont plus dynamiques et plus entrainants donnant cette couleur si particulière aux sons des Tuamotu. Si la musique sera typiquement de cet archipel, les paroles seront en tahitien, car malheureusement les habitants de Arutua ne pratiquent plus leur langue d’origine, le mihiroa. La ferveur, elle, sera bien au rendez-vous pour ces chanteurs qui ont finalement rarement l’occasion de faire entendre leur voix. Car à Arutua, on ne chante pratiquement que pour les événements religieux et lorsque la commune organise son Heiva, une fois tous les trois ans.

 

Pratique

Heiva tārava rau

Le 27 octobre, à partir de 19h

Grand théâtre de la Maison de la culture

Entrée libre

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