N°116 – Ta’iri pa’umotu : une frappe unique au monde

Maison de la Culture – Te Fare Tauhiti NuiAffiche tairi paumotu 2017 - low def1

Conservatoire Artistique de Polynésie française – Te Fare Upa Rau

 

Rencontre avec Fabien Dinard, directeur du Conservatoire Artistique de Polynésie française, Antoine Arakino, président du jury du concours et spécialiste du Ta’iri pa’umotu, et Vaiana Giraud, responsable de la communication et de la production à la Maison de la Culture. Texte : Lucie Rabréaud.

 

 

Le Conservatoire Artistique de Polynésie française et la Maison de la Culture organisent la deuxième édition du concours Ta’iri Pa’umotu le 5 mai. Seule condition pour les participants : frapper leur guitare à la façon typique de l’archipel des Tuamotu.

 

Après le franc succès de la première édition, qui avait réuni plus de 500 spectateurs autour du paepae a Hiro, le Conservatoire Artistique de Polynésie française et la Maison de la Culture remettent ça ! La frappe typique des Tuamotu, le ta’iri pa’umotu, est à l’honneur dans ce concours. Les groupes, formés de quatre à cinq musiciens, pourront y démontrer leur virtuosité. « C’est une frappe très particulière et elle se perd. Cette façon de jouer est pourtant très intéressante, très énergique, alors nous voulions la promouvoir et peut-être aussi susciter l’envie des plus jeunes de l’apprendre ou en tous cas de l’entendre », explique Vaiana Giraud, responsable de la communication et de la production à la Maison de la Culture. « C’est une frappe qu’on n’entendait plus alors que nous sommes les seuls à la jouer. Il faut réussir à préserver cette particularité », ajoute Fabien Dinard, le directeur du Conservatoire Artistique de Polynésie française. Les origines de cette frappe restent assez mystérieuses. On raconte que ce sont des soldats polynésiens qui ont vu des gitans jouer et ont voulu les imiter. Mais Antoine Arakino, président du jury pour le concours et spécialiste du ta’iri pa’umotu, a aussi entendu dire que cette frappe existait bien avant que les Polynésiens ne partent pour l’Europe. Quoiqu’il en soit, elle s’est transmise dans les familles, seulement à l’oreille. Pas question de solfège pour apprendre cette particularité de jeu !

 

Nostalgie

 

L’idée de ce concours est venue de Coco Hotahota, le chef de la troupe Temaeva, précise Fabien Dinard. C’est lui qui en 2009 suggère de faire un événement spécifique sur le ta’iri pa’umotu. L’homme de culture est déjà préoccupé par sa préservation. Malgré plusieurs tentatives, le concours n’a finalement pas pu voir le jour. Quand Heremoana Maamaatuaiahutapu prend ses fonctions de ministre de la Culture en mars 2015, il propose de concrétiser cette idée et la première édition est organisée en 2016. L’événement a suscité un grand enthousiasme populaire. La tribune de 400 personnes n’a pas suffi à accueillir les spectateurs venus en nombre : il a fallu ajouter près d’une centaine de sièges, et beaucoup ont dû rester debout. « Il y avait beaucoup de nostalgie car ce sont des Polynésiens d’un certain âge qui composaient la majeur partie des spectateurs. Cela leur rappelait leur jeunesse », explique Fabien Dinard, qui se souvient d’une soirée exceptionnelle. Et si les groupes étaient tous des amateurs, le niveau était très élevé.

 

Heureux d’être là

 

Les participants seront jugés sur leurs aptitudes et leur connaissance de cette frappe pa’umotu. Les morceaux peuvent être des créations ou des reprises, trois rythmes doivent être choisis parmi le kaiga, la valse, le patautau, la marche, la samba, le fox-trot, la rumba, le rock, le reggaeton. Le jugement porte sur la variation des frappes, qui doit se jouer sur l’accord de la guitare (tape’a piti, tape’a toru, samoa ou tohopere) ; la durée de la prestation est fixée à cinq minutes minimum et huit maximum. Trois prix sont attribués dont le premier d’une valeur de 200 000 Fcfp. Deux prix spéciaux récompensent deux autres groupes : un prix spécial jeunesse et un prix à la discrétion du jury. Le concours se déroule sur une soirée et sera rediffusé par TNTV, aussi bien en télévision que sur les sites internet de la chaine et de la Maison de la Culture. Lors de la première édition, un hommage avait été rendu à Barthélémy, décédé le 16 février 2015. Il était l’un des chanteurs et musiciens connus de Tahiti à avoir rendu le ta’iri pa’umotu populaire. Les spectateurs avaient été comblés et le succès de la soirée, total ! Les prix avaient ensuite été remis dans la foulée. « Il y avait un esprit de compétition mais les participants étaient surtout heureux d’être là. La première édition a été un grand spectacle et on ne s’est pas ennuyé un instant », raconte Fabien Dinard.

 

PRATIQUE

  • Vendredi 5 mai 2017 – 18h
  • Paepae a Hiro de la Maison de la Culture
  • Entrée libre

+ d’infos : www.maisondelaculture.pf / www.conservatoire.pf

Tel : 40 544 544 (Maison de la Culture) / 40 50 14 18 (Conservatoire)

 

Et pour avoir un avant-goût de ce qui vous attend, (re)découvrez les chansons de Barthélémy, Petiot ou Taiti Ganahoa sur YouTube !

 

 

 questions à Antoine Arakino, président du jury

 

« Les Pa’umotu sont les meilleurs dans ce domaine »

 

Quelle est la particularité de la frappe ta’iri pa’umotu ?

Elle est plutôt jouée dans la musique kaina, qui est très très rythmée et soutenue. A l’époque, quand nos grands-parents faisaient la bringue, ça durait trois jours de suite, il fallait tenir le rythme ! Quand on joue à la façon pa’umotu, on ne se fatigue pas. C’est la percussion qui est transmise sur le doigté quand on gratte la guitare. Avec cette façon de jouer, ça peut durer très longtemps !

 

Quelles sont les différences sur les accords ?

Il y a des accords de guitare trouvés par les Pa’umotu, j’appelle ça du « open tuning ». Des accordages en Do, ils désaccordent et quand ils lâchent les cordes à vide, ça devient du Do. Tu joues presque à vide ! Quand il faut changer de note, il faut seulement toucher une ou deux cordes. On voit tout de suite si les musiciens connaissent cette façon de jouer, ces accordages spécifiques et les variantes de frappes.

 

A quoi vous attendez-vous ?

C’est du plaisir ! On sait que peu de gens pratiquent cette frappe alors sans ce genre d’événement, elle pourrait disparaître. Ce concours peut inciter les jeunes à apprendre le ta’iri pa’umotu et à jouer. Il y a de beaux prix à gagner et il y a aussi l’envie de montrer qu’on est des Pa’umotu et qu’on est les meilleurs dans ce domaine !

 

Composition du jury

 

Antoine Arakino (président)

Tetia Fidler Valentin

Maxime Hauata

Georges Bonnet

 

Palmarès de 2016

 

1er prix et prix spécial patautau : Tamariki Taenga

2e prix : Natiraa upa no porinetia

3e prix : Tamarii Teanuanua

 

Petit vocabulaire musical :

 

Ta’iri : frapper

Fakaheva : faire pleurer la guitare

Rakuraku : gratter la guitare

 

 

 

 

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