N°101 – Une exposition numérique consacrée à la communauté chinoise de Tahiti

04- CalligraphieSERVICE DU PATRIMOINE ARCHIVISTIQUE ET AUDIOVISUEL – TE PIHA FAUFA’A TUPUNA

Rencontre avec Rereata Scholerman, responsable du bureau de la valorisation du patrimoine au Service du Patrimoine Archivistique et Audiovisuel.

Texte : SF. Photo : DR.

A l’occasion du nouvel an chinois, le Service du Patrimoine Archivistique et Audiovisuel présente une exposition numérique relatant l’histoire des Chinois à Tahiti. A travers des documents, des illustrations et des photographies, l’exposition permettra au public de plonger dans les archives a n de comprendre la vie de cette communauté.

 

Le 8 février 2016, la communauté chinoise entrera dans une nouvelle année : celle du singe du feu. Comme à chaque fois à cette occasion, les festivités sont nombreuses. Bien plus que de simples manifestations, elles rassemblent la communauté chinoise aujourd’hui si importante à Tahiti. Mais qui sont-ils ? Comment sont-ils arrivés en Polynésie ? Comment ont-ils réussi à s’impliquer et s’implanter ? C’est pour répondre à ces questions que le Service du Patrimoine Archivistique et Audiovisuel présente une exposition numérique sur le sujet. Photos, imprimés, panneaux : tout est proposé sur des écrans. Ce procédé est une première pour le Service qui n’aura ainsi pas besoin de déplacer les supports physiques jusqu’au temple Kanti à Mamao, lieu de la manifestation qui se déroulera lors de la journée culturelle organisée par l’association Si Ni Tong.

 

Les premiers Chinois débarquent à Tahiti

 

Si les témoignages sont absents de l’ex- position, celle-ci est néanmoins riche de textes, de photographies et de références bibliographiques. Au total, plus d’une vingtaine d’illustrations sont consacrées à l’histoire de la communauté chinoise de Tahiti. Un panorama composé de textes et d’images raconte ainsi l’arrivée des Chinois sur le fenua et l’évolution de leur statut. Les premiers débarquements remontent à 1830 avec les grandes migrations chinoises, à la fois vers l’ouest (Singapour, Malaisie, etc.) et vers l’est (Californie, Hawaii, etc.). L’ancien avocat et sénateur tahitien, Gérald Coppenrath, fait mention dans son ouvrage « Le Chinois de Tahiti, De l’aversion à l’assimilation, 1865-1966 », d’un navire arrivant à Tahiti avec à son bord

près d’une centaine de Chinois. Il s’agit du trois-mâts français l’Orixa venant de Manille. Selon Coppenrath, qui tient son information du Bulletin O ciel de 1851, 98 Chinois étaient à bord de ce bateau en débarquant, mais seulement 92 lors de l’embarquement. Six seraient donc restés à terre. D’autres Chinois auraient ensuite débarqués à Tahiti en 1856, ils seraient arrivés par un convoi voyageant entre l’Australie et la Californie. Mais la véritable immigration a commencé avec le recrutement de coolies chinois pour la Compagnie Agricole d’un entrepreneur écossais, William Stewart, située à Atimaono. En 1865, 330 coolies sont ainsi arrivés sur le navire prussien Ferdinand Brumm. Des centaines d’autres suivront par un second et troisième convoi quelques mois plus tard.

 

Condition de vie et naturalisation

 

En 1866, ils sont 1010 Chinois à Tahiti, 1010 personnes à travailler plus de 12h par jour et à vivre con nés dans les plantations. Tous ou presque sont des paysans pauvres originaires de la province nord de Hong- Kong, la majorité d’entre eux parlent le Hakka et le Punti. Deux dialectes pour deux clans, ce qui provoquera d’ailleurs des tensions dans la communauté. Une bagarre sanglante, faisant un mort, restera en particulier ancrée dans les esprits. Un certain Chim Soo Kung assume la res- ponsabilité d’une rixe ayant fait un mort. L’homme est exécuté en 1869 après que ses bourreaux aient mis quarante-cinq minutes à essayer la guillotine construite pour cette sombre occasion. Depuis ce jour, Chim Soo Kung est considéré comme un martyr de la communauté chinoise, qui lui a érigé un autel au temple Kanti. Huit ans plus tard, un autre fait va marquer la communauté chinoise : le recensement de 1877. Pour se simplifier la tâche, l’administration attribue des numéros à chaque coolie. Des numéros encore présents sur certaines cartes d’identité jusque dans les années 1970 ! Ce n’est qu’au milieu du XXème siècle que le processus de naturalisation d’intégration des Chinois à Tahiti est lancé.

 

Le commerce chinois

 

Avec la n de la guerre civile aux Etats- Unis, le prix du coton baisse et rapide- ment, la plantation cotonnière d’Atimaono fait faillite. Les milliers de coolies recrutés se retrouvent sur le carreau, bien souvent sans le sou et sans toit. Si certains d’entre eux font en sorte de rentrer dans leur pays, d’autres décident de rester à Tahiti pour s’installer. Commerçants, bouchers, restaurateurs, menuisiers, forgerons… Petit à petit, ils parviennent à acquérir les terrains autour du marché, où ils établissent commerces et habitations. Un album photo sera projeté sur écran, a n de présenter cette partie de l’histoire des Chinois de Tahiti. Son titre : « Les Chinois de Papeete et le commerce ». L’album prend la forme d’un panorama d’images présentant les Chinois dans ce lieu : de l’ouvrier au maraîcher en passant par le négociant ou le banquier, mais aussi par le cuisinier et le pharmacien. Si certains commerces ont disparu avec le temps, d’autres ont perduré. Passionné ou simple curieux, le spectateur ne sera donc pas sur sa faim avec cette exposition numérique passionnante !

 

Exposition numérique sur l’histoire de la communauté chinoise à Tahiti : Pratique 

Dimanche 14 février de 8h à 16h

Au temple Kanti de Papeete

Ouverte au public et gratuite

+ d’infos : 40 41 96 01

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