N°98 – « L’artisanat marquisien continue à évoluer »

Service de l’Artisanat Traditionnel – Pu ‘ohipa rima’iVH-salon-des-marquises

 

Propos receuillis par Véronique Kohumoetini, agent de développement du Service de l’Artisanat Traditionnel chargée des artisans des Marquises.

 

Rencontre avec Stéphane Tuhoe, président de la fédération « Te tuhuka o te henua enana ».

 

A l’occasion du 41ème salon des Marquises, qui ouvre ses portes du 14 au 29 novembre à la salle Aorai Tini Hau, Hiro’a a rencontré Stéphane Tuhoe, président de la fédération « Te tuhuka o te henua enana », qui porte haut l’artisanat marquisien tant dans ses forces que dans les difficultés de son développement.

 

Comment l’artisanat marquisien se porte-t- il aujourd’hui ?

Il y a deux réponses à cette question. D’un point de vue économique, le départ des Forces Armées, l’actuelle crise économique, le chômage latent ont généré, comme dans bien d’autres secteurs, une forte baisse de revenu pour les artisans. Malgré tout, et c’est ma deuxième réponse, l’artisanat marquisien se porte bien car il continue à évoluer et propose à chaque exposition des nouveautés. Les artisans répondent toujours nombreux et sont impliqués dans ces manifestations car ils veulent communiquer leur culture et qu’elle se perpétue. Ils montrent ainsi que la culture marquisienne est dynamique et en perpétuel mouvement. Cela se retrouve également dans la danse et le tatouage. Les jeunes sont motivés, veulent retrouver une identité qui leur est propre. Ils ont à cœur de partager cette identité. Il y a un refus de l’uniformité, une volonté de transmettre et en ce sens, l’artisanat marquisien se porte bien.

Combien d’associations font partie de votre fédération et combien d’artisans cela représente-t-il ?


La fédération « Te tuhuka o te Henua enana » regroupe 35 associations de tout l’archipel des îles Marquises et compte plus de 200 artisans actifs.

Quelles sont les spécificités de l’artisanat marquisien ?


L’artisanat marquisien est le reflet de notre culture. Il est inimitable. D’abord, c’est un savoir-faire unique. C’est l’expression d’une sensibilité, d’une âme. Les spécificités sont la sculpture sur bois, sur os, sur noix de coco et sur pierre, le tapa et la confection de bijoux en graines.

Quelles sont les particularités des différentes îles ?


Fatu Hiva est connue pour ses tapa, Ua pou pour la pierre fleurie, Tahuata pour la sculpture des os, Nuku Hiva pour les coco sculptés, Ua Huka développe un savoir-faire dans la sculpture de la pierre et Hiva Oa la pyrogravure sur bambou. Chaque île a maintenant sa spécialité, mais cela n’était pas le cas autrefois. Les œuvres que vous voyez actuellement étaient des objets de la vie courante et nécessaires à la vie de tous les jours : le tapa pour les vêtements, les herminettes pour tailler les pirogues, les lances pour chasser ou se battre, les kokaa ou kipo (récipients) pour la nourriture, le penu pour la po- poi. Seul le tiki serait « moderne », car autrefois il était l’expression d’une divinité donc sacré.

Aux Marquises, les artisans arrivent-ils à vivre de leur art ?


Il est évident que cette seule activité d’artisanat d’art ne peut permettre de vivre correctement. Il s’agit essentiellement d’un appoint qui permet dans un premier temps d’avoir un niveau de vie décent. Le travail des artisants permet également de perpétuer une tradition ancestrale et indispensable à la pérennité de la culture marquisienne. Bien des artisans sont également pêcheur, agriculteur ou coprahculteur pour pouvoir assurer le minimum.

Quel est votre souhait pour les artisans et l’artisanat des Marquises ?

Le travail est maintenant reconnu, il a fallu près de 20 ans pour qu’il le soit. La qualité est désormais considérée comme une marque de la culture marquisienne. Pour autant, il ne faudrait surtout pas imaginer que ce travail est une source importante de revenus. Il s’agit essentiellement d’un complément pour permettre aux artisans d’avoir une vie simplement décente. Aussi, la reconnaissance de cette activité comme métier est délicate et nécessite toute la prudence qu’il se doit. L’artisanat doit être reconnu comme élément moteur de la culture marquisienne au même titre que la danse, les chants, le tatouage et la gastronomie.

41ème salon des Marquises : Pratique

Du 4 au 29 novembre

Salle Aorai Tini Hau

Exposition-vente, démonstrations et dégustations

Entrée libre

+ d’infos : Sarah Vaki au 87 47 75 38 – Véronique Kohumoetini au 40 54 54 08 ou 87 79 46 26 –www.artisanat.pf

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