N°98 – Hura Tapairu : 11 ans, l’âge de la maturité

Maison de la Culture – Te FareTauhiti Nui11e Hura Tapairu

Rencontre avec Matani Kainuku, président du jury 2015 et Oscar Tereopa, membre du jury.

Texte : DB. Photos : DR.

Le Hura Tapairu a soufflé ses 10 bougies il y a un an. L’événement tient bon. Mieux : il s’est forgé une personnalité bien affirmée. Alors qu’il a longtemps servi de tremplin pour le Heiva, il attire depuis quelques années déjà des troupes qui n’ont plus rien à prouver.

Depuis sa naissance en 2004, le Hura Tapairu se démarque. Il se construit une personnalité bien à lui. « Le concours a été proposé pour offrir un espace scénique aux petites formations qui ne pouvaient pas aller au Heiva, souvent faute de moyens », rappelle Matani Kainuku, président du jury 2015. « Au début, on voyait le concours comme un tremplin, ajoute-t-il. Aujourd’hui, on a toujours des groupes qui viennent pour se construire et s’exercer avant de s’inscrire au Heiva, mais on voit aussi des troupes qui ont fait leurs preuves au Heiva. C’est d’ailleurs le cas de groupes comme Hitireva, Tamariki Poerani ou Hei Tahiti.

Quatre fois plus d’inscrits

Le nombre d’inscrits au concours va croissant : il est ainsi passé de 8 en 2004 à 33 en 2014. Les formations viennent en majorité de Tahiti, mais pas seulement. Cette année par exemple, Maeva Faatau prépare sa troupe de Huahine, Te Vahine ori no Matairea, à monter sur la scène du Grand Théâtre de la Maison de la Culture. Un investissement et un engagement dans le temps. « On suit le Hura Tapairu depuis longtemps à la télévision, c’est un grand événement et c’est un défi pour nous. Nous ne sommes qu’une petite association, mais nous faisons tout pour y arriver. Nous avons commencé la vente de plats en février, nous travaillons les pas depuis deux mois à peu près, c’est un grand projet parce qu’il faut se rendre à Tahiti, se loger et manger sur place. On vise peut-être plus haut que nos compétences mais on s’est dit pourquoi ne pas tenter l’aventure… »

Des aspirations variées

Très vite au cours de ses dix années de vie, le Hura Tapairu a trouvé son public. Les spectateurs se pressent sur les sièges, les soirées se déroulent à guichets fermés. L’événement a su se faire une place dans le paysage culturel polynésien au point que certains artistes convoitent même la place de membre du jury, pourtant bénévole. Chaque année, le jury est composé d’un noyau dur de quatre personnes : Vanina Ehu, professeure de danse et responsable pédagogique au Conservatoire Artistique de Polynésie française, Fabien Dinard, le directeur du Conservatoire, Moana’ura Tehei’ura, chorégraphe et Matani Kainuku, chef de troupe de Nonahere. Choisis par la Maison de la Culture, organisatrice de l’événement, ils ont contribué à faire évoluer le concours et sont aujourd’hui garants de l’esprit de l’événement et de ses orientations. Cette année, Kelly Terorotua et Oscar Tereopa, deux danseurs bien connus, ont été retenus pour rejoindre l’équipe. « C’est une démarche volontaire, explique Oscar Tereopa. Voilà un moment que je voulais aller voir de l’autre côté de la scène. Mieux connaître encore le Hura Tapairu. Pour moi, ce qui va compter c’est que chaque groupe fasse le maximum lors de son passage, qu’il tienne compte de ses erreurs, qu’il ne fasse pas que danser mais qu’il se batte. En tant que danseur et ra’atira de Pupu Tuhaa Pae, être membre du jury est un véritable challenge. » Du haut de ses 11 ans d’existence, le Hura Tapairu n’est plus une étape vers un but, il est l’un des buts. Un but où l’élégance, l’originalité et la beauté riment avec l’exigence.

 

Matani Kainuku, président du jury 2015 du Hura Tapairu

« Au Hura Tapairu, tout est permis »

Matani Kainuku a été élu président du jury 2015. Présent depuis le début de l’événement, c’est la 5ème fois qu’il accepte ce rôle. Il fait un point sur ce qui forme désormais l’essence du Hura Tapairu et parle de ses attentes pour la 11ème édition et celles à venir.

Qu’est-ce qui fait l’originalité du Hura Tapairu ?

Au Hura Tapairu, on considère que la base est acquise, on demande aux artistes de nous épater. Le Heiva est populaire, il montre l’identité de chaque district, son histoire. Au Hura Tapairu, qui est devenu populaire d’année en année, les troupes ont plus de liberté. Tout est permis. Prenons les costumes : au Heiva on valorise les costumes naturels, au Hura Tapairu on peut utiliser du plastique pour véhiculer son message ! C’est la même chose pour la danse, la chorégraphie, les textes, l’ex- pression artistique, la musique. Au Hura Tapairu, les critères sont particuliers, le nombre de danseurs est réduit, tout comme l’espace de la scène et le temps de passage, on peut par ailleurs jouer avec les lumières, tout cela a une influence sur le spectacle. Rien n’est laissé au hasard, pour le plus grand plaisir du public.

Vous parlez du temps de passage sur scène : une durée de 20 minutes suffit-elle pour raconter une histoire ?

Oui bien sûr ! De plus, cela correspond tout à fait à la durée maximum pendant laquelle un spectateur peut rester concentrer. On voit passer 4 ou 5 groupes pendant une soirée, les artistes donnent tout ce qu’ils ont, les spectateurs n’ont pas de moment d’inattention.

Qu’est-ce que vous retenez de ces 10 éditions ?

Je constate que nos chorégraphes ont beaucoup évolué du point de vue de la scénographie. Il s’est également construit tout autour de l’événement un réseau de métiers que l’on n’associait pas au ‘ori tahiti. Nous avons désormais des maquilleurs, des coiffeurs et, ces deux dernières années, des gens qui confectionnent des couronnes particulières spécialement pour le spectacle. Cela développe de nouvelles compétences et l’on découvre des habiletés insoupçonnées.

Qu’attendez-vous pour l’édition 2015 et pour celles à venir ?

Je crois que le premier objectif, à savoir offrir un espace de danse à ceux qui n’avaient pas les moyens de monter sur la scène de To’ata, est rempli. J’attends maintenant que l’on continue à nous surprendre, dans le bon sens du terme, tout en préservant l’élégance et la beauté du ‘ori tahiti.

 

Une clé USB en lieu et place des DVD

Pour les inconditionnels qui souhaiteraient voir et revoir l’intégrale des soirées du Hura Tapairu 2014 ainsi que le best of des soirées de 2011, 2012 et 2013, une clé USB sera proposée à la vente les soirs de spectacle. Après de nombreuses années d’attente, le public pourra profiter des images réalisées par TNTV. Des DVD réalisés en partenariat avec TNTV et l’ICA, avaient permis la captation des soirées de 2008 à 2010. Depuis, les images manquaient. La clé USB, qui compte près de 50 Go d’images, comble ce vide !

 

Pahu nui, un concours qui met les musiciens à l’honneur

Pour faire face au nombre de groupes en concours, les orchestres se sont eux aussi développés, un effet qui a permis de former de nombreux jeunes musiciens pour répondre à la demande. C’est pour les musiciens justement qu’est né, cette année, le concours optionnel « pahu nui ». Il permet aux orchestres de créer et chorégraphier un morceau musical de 3 à 5 minutes autour du pahu, instrument phare de la catégorie. À propos de ce nouveau concours, le président du jury, Matani Kainuku précise : « En 11 éditions, le Hura Tapairu a évolué, de même que ses caté- gories et le règlement. Cette année, la Maison de la Culture met l’accent sur les musiciens, elle les met en valeur pour répondre à une question de certains groupes qui est : le Hura Tapairu est un concours de danse mais aujourd’hui les orchestres n’y sont plus seulement des accompagnateurs, ils sont au premier plan et il serait bien de les mettre en avant. » Matani Kainuku se rappelle que l’actuel ministre de la Culture Heremoana Maamaatuaiahutapu, lorsqu’il était directeur de la Maison de la Culture, avait espéré un jour mettre sur pied un concours de pahu et guitare jouée à la kaina, la frappe paumotu. « Il avait envisagé de l’organiser en mars pour équilibrer les concours sur l’année. » La catégorie pahu nui est aussi un début de réponse à ce projet.

Pour assister le jury dans cette nouvelle catégorie, deux fins connaisseurs du pahu ont été sollicités : Libor Prokop et Heremoana Urima, qui pourront répondre aux questions du jury sur cette nouvelle catégorie. Un éclairage culturel, artistique, technique et musical bien entendu qui a déjà porté ses fruits dans la préparation du concours.

HURA TAPAIRU : PRATIQUE
Au Grand Théâtre de la Maison de la Culture

– Du 26 novembre au 04 décembre : concours à 19h00

Tarif unique : 1 500 Fcfp

– Samedi 5 décembre, à 16h00 : finales des concours

Tarif unique : 2 500 Fcfp

Billets en vente sur place

+ d’infos : 40 544 544 – www.maisondelaculture.pf

 

Les palmarès du Hura Tapairu depuis la création :

Hura Tapairu 2004 : 1er prix Te Maeva

Hula 2004 : 1er prix Temaeva

 

Hura Tapairu 2006 : 1er prix Toa Reva

Hula 2006 : 1er prix Hei Tahiti

 

Hura Tapairu 2007 : 1er prix Hei Tahiti 1

Hula 2007 : 1er prix Hei Tahiti 2

 

Hura Tapairu 2008 : 1er prix Hei Tahiti 1

Hula 2008 : 1er prix Hitireva 2

 

Hura Tapairu 2009 : 1er prix O Marama

Hula 2009 : 1er prix Ahutoru nui 4

 

Hura Tapairu 2010 : 1er prix A ori mai

Hula 2010 : 1er prix Tahiti Ora

 

Hura tapairu 2011 : 1er prix Hitireva 1

Hula 2011 : 1er prix Hei Tahiti 4

 

Hura Tapairu 2012 : 1er prix Hei Tahiti

Mehura 2012 : 1er prix Hei Tahiti 1

 

Hura Tapairu 2013 : 1er prix Hei Rurutu

Mehura 2013 : 1er prix Hitireva Poe 

 

Hura Tapairu 2014 : 1er prix Manohiva

Mehura 2014 : 1er prix Manohiva Mehura

 

les groupes inscrits au Hura Tapairu 

 

21 groupes / 25 formations

Concurrents en Mehura :

Raihoa here, Te purotu nui no BT, Hei Rurutu mehura, Vaimarama nui, Ecole de danse Tauariki, Hura mai rupe rupe, Hura mai ana ana, Ori noa, Te u’i Rohotu, Te vahine ori no Matairea, Hitireva Tapairu, Tamarii poerava, Hititau, Hiro’a Tahiti, Tamariki poerani mehura Tapairu, Temaeva, Tumanava, Ahutoru nui, Matarufau Vahine, Matarufau Tane

Concurrents en hura Tapairu :

Hei Rurutu, Manava Tahiti, Te u’i Rohotu, Hitireva, Hitireva tapairu, Hititau, Tauraatua

 

 

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