N°89 – 12e FIFO : la femme donne le ton

photo  2Culture Bouge

 

Maison de la Culture – Te Fare Tauhiti Nui

 

Rencontre avec Michèle de Chazeaux, membre du comité de pré-sélection des films documentaires du FIFO.

Rédaction : ASF

 

Dès l’affiche du festival, elle est là : seule, fière et douce à la fois. Ce 12ème FIFO sera féminin ou ne sera pas. Pour la première fois, en effet, la femme océanienne est à l’honneur. Elle est le personnage central dans 6 des 15 films en compétition, mais aussi de 4 films présentés hors compétition. Les réalisateurs, dont beaucoup sont des réalisatrices, ont décidé cette année de lui donner de la voix, de lui donner la parole.

 

« La présence de la femme dans ce FIFO nous a sauté aux yeux en fin de sélection, avec des séries de Nouvelle-Zélande et de Papouasie Nouvelle-Guinée qui ont mis en avant des portraits féminins », se souvient Michèle de Chazeaux, membre du comité de pré-sélection. Des portraits qui redonnent à la femme une place importante. « Il s’agit de femmes engagées, volontaristes, combatives. Par exemple, nous avons été surpris de voir, en Papouasie Nouvelle-Guinée, des femmes s’engager en politique malgré des conditions sociétales difficiles », précise Michèle de Chazeaux en référence au film « Pawa Meri Markham », de Klinit Barry. La réalisatrice montre la détermination de Jenifer Baing Waiko, fille d’un chef du clan des Aztera, soucieuse d’aider son pays en se lançant en politique en 2012.

 

Jenifer Baing Waiko n’est pas la seule à faire preuve de ténacité, à s’affirmer et surtout à occuper un terrain généralement réservé aux hommes. C’est aussi le cas de cette belle maori qui ne craint pas d’être critiquée pour oser relever des défis réservés aux hommes, comme le tatouage, dans « Paitangi », de Mana Epiha (film hors compétition) ; ténacité encore avec ce groupe de femmes farouchement opposé à la création d’un centre d’enfouissement de déchets nucléaires sur ses terres dans « Sovereignty Dreaming, la révolte des rêves », de Vanessa Escalante. Et puis, il y a Baymarrwangga, aborigène de 95 ans, vivant sur l’île Murrangga, au nord de la Terre d’Arnhem, en Australie. Elle s’est mise au défi de rester la cheffesse du peuple Yan-nhangu pour sauvegarder la langue et transmettre les traditions : construction de pirogue, peintures corporelles, pêche, circoncision… Gardienne du savoir, elle s’applique à transmettre de façon fidèle la culture aborigène. « Big Boss », de Paul Sinclair, ne devrait pas laisser indifférent.

 

Le public pourra aussi découvrir des femmes étonnantes, au parcours de vie cabossé, comme dans le film de Rachel Perkins, « Black Panther Woman ». On y suit Marlène Cummins, aborigène, tombée amoureuse du leader du parti des Black Panthers australien en 1972 et ayant combattu à ses côtés contre la discrimination raciale. Elle raconte avec lucidité ses addictions, sa descente en enfer, sa reconstruction et son acharnement à ne pas être laissée pour compte. Autre parcours, celui de Sue Gordon, dans « My three families » (hors compétition). Cette femme, aujourd’hui retraitée, a été juge au tribunal pour enfants de Perth. Elle revient sur sa vie étonnante et évoque ses trois familles : la première qu’elle a formée à vie avec les enfants élevés – comme elle – dans le foyer Sœur Kate, la seconde qu’elle a constituée avec ses propres enfants, et enfin celle qui l’a retrouvée à l’âge adulte, sa famille aborigène à qui elle a été enlevée de force à l’âge de 4 ans.

Et puis, dans cette édition du FIFO, apparaît également la thématique de la femme et la mer avec 3 films en particulier. Tout d’abord, en compétition, « Shark Girl », de Gisela Kaufman,  qui met en scène Madison Stewart, une Australienne passionnée par les requins, prête à tous les combats pour les réhabiliter, faire comprendre leur utilité ainsi que les dangers entrainés par la consommation de leur chair. Il est également question de requins dans le film « Odyssée Pacifique : Cap sur les requins du grand large » (hors compétition), de Vincent Foy. Le public peut y découvrir ou redécouvrir les fonds de la Polynésie française en suivant le parcours de la comédienne française Salomé Stévenin. Enfin, autres sirènes, autre pays, les plongeuses du Timor-Leste qui pêchent depuis quatre générations dans le film de David Palazon et Enrique Alonso, « Wawata Topu-Mermaids of Timor Leste » (hors compétition).

 

Et la femme polynésienne dans tout ça ? Elle apparaît moins, on la découvre dans « Tamarii Tipaerui » (hors compétition), de Nyko pk16, en danseuse. « Certes, ce n’est pas une femme revendicative, mais on n’est pas non plus dans le cliché. Elle donne son sens à la danse. On découvre la passion, la discipline, sa capacité à sublimer la danse », souligne Michèle de Chazeaux. La danse, comme moyen de dire qui on est, c’est le sujet du film hawaiien de Dean Hamer, « Kumu Hina ». Ce film raconte la transformation de Colin Wong, lycéen timide, devenu Hina, femme mariée et directrice culturelle d’une école à Honolulu. Ce mahu qui incarne à la fois l’esprit masculin et féminin va aider une petite fille, désireuse de rejoindre la troupe masculine de hula, à exprimer sa part d’âme masculine.

 

Le FIFO : pratique

Projections de films de 8h à 22h du mardi 03 au samedi 07 février et de 8h à 18h le dimanche 8 février.

Tarifs : 1000 Fcfp la journée / 2500 Fcfp pass 3 jours en semaine / 500 Fcfp étudiants et groupes

Billets en vente sur place

Renseignements : 87 70 70 16 / FB : FIFO Tahiti / www.fifo-tahiti.com

Encadré

La 6ème Nuit du court océanien

Depuis 6 ans, le FIFO offre au public la possibilité de découvrir un format particulier qu’est le court métrage à travers la « Nuit du court océanien ». Porteur d’avenir pour la création audiovisuelle, le « court » représente un espace de création d’une grande diversité, qui constitue un tremplin pour les nouvelles générations. D’ailleurs, pour cette édition, un des courts métrages, « Touche étoile étoile », a été réalisé par le collège de Taunoa. Cette année encore, vous retrouverez tous les genres cinématographiques, des plus graves aux plus fantaisistes et des plus inventifs aux plus réalistes. Car c’est bien là la force du « court » : donner un maximum d’émotions en un minimum de temps. Le public pourra voter pour son film préféré à la fin de la soirée. Un prix spécial lui sera décerné lors de la soirée de remise des prix, le vendredi 6 février.

La 6ème Nuit du court océanien : Pratique

Au Grand Théâtre de la Maison de la Culture

Samedi 31 janvier, à 19h

Entrée libre
+ d’infos : www.fifo-tahiti.com

 

 

 

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