Les oiseaux font leur festival !

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La société d’ornithologie de Polynésie Manu fête ses 20 ans ! Pour célébrer l’événement, elle organise en collaboration avec l’Institut de la Communication Audiovisuelle et la Maison de la Culture le « mini festival du film ornithologique », du 14 au 18 septembre. L’idée est de vous faire découvrir les oiseaux de Polynésie comme seuls les observateurs les plus assidus peuvent les admirer. À travers les plus beaux films, documentaires et photographies, partez à la rencontre d’un patrimoine vivant aussi unique que fragile.

Il y a 20 ans, quelques amateurs passionnés par les oiseaux créaient entre eux une association baptisée « Manu » (« oiseau » en tahitien), pour œuvrer à la protection de l’avifaune* de Polynésie française. Ils étaient une petite vingtaine et se réunissaient quelques soirées par mois pour discuter ensemble de leurs observations. Deux décennies plus tard, cette même association emploie 7 salariés, est reconnue d’utilité publique par le Gouvernement de Polynésie française, est partenaire de BirdLife International, fédération mondiale d’associations agissant pour la conservation des oiseaux, et reçoit des fonds du monde entier… Une bien belle – et nécessaire – ascension qui permet à Manu de mettre en place et de mener des programmes de préservation des espèces aviaires les plus menacées, aux quatre coins de nos archipels.

Pourquoi protéger les oiseaux ?

Ou pourquoi protéger les poissons, les lagons, la végétation ? L’environnement, au sens large, est menacé par les activités de l’homme, mais pas seulement. Les oiseaux sont des révélateurs écologiques : plus il y en a en diversité et en nombre, plus nous pouvons estimer que notre environnement est sain et protégé. « La ‘valeur’ des oiseaux se justifie en tant que telle ! », indique Philippe Raust, président de l’association Manu. « Le problème, c’est que tout le monde n’y est pas sensible, faute de savoir. Pourtant, autrefois en Polynésie, les oiseaux avaient une place culturelle très importante. Ils représentaient une source d’inspiration pour les hommes, mais ils étaient aussi symboles de pouvoir et de richesse : on connaît tous la dimension précieuse du maro ura, la ceinture des ari’i, constituée des plumes rouges du ‘ura par exemple », poursuit-il. « Aujourd’hui, sur l’ensemble des territoires d’outre-mer français, c’est la Polynésie qui recèle le plus d’espèces d’oiseaux endémiques*, c’est-à-dire uniques. Culturellement et scientifiquement, c’est passionnant, et il y a aussi un impact économique. Il existe un tourisme de birdwatchers, certes peu nombreux mais très aisé. Ces personnes viennent de l’autre bout du monde pour observer nos oiseaux uniques».

Une stratégie claire

En 20 ans, Manu a largement participé à l’amélioration des connaissances sur la biodiversité en Polynésie française, à travers l’étude de son avifaune. Tout au long de son histoire, l’association a mis en place des programmes de conservation de la biodiversité aviaire et produit une stratégie pour la conservation des oiseaux indigènes de Polynésie. Régulièrement mise à jour, celle-ci se base sur les recommandations de BirdLife International, référent mondial pour la préservation d’espèces aviaires. Afin de protéger les oiseaux gravement menacés d’extinction, les programmes de Manu s’axent en 3 volets : la sauvegarde des espèces, la préservation et la restauration des habitats, milieux et sites, et la participation des populations à la conservation de leur patrimoine naturel. Des missions sont régulièrement menées sur l’ensemble des archipels polynésiens pour poursuivre ces objectifs, ainsi que de nombreuses actions éducatives et de sensibilisation du public.

Les enfants : la clé de la préservation

Anne Gouni, directrice de Manu, insiste plus précisément sur ce volet du travail de l’association : les actions menées avec les enfants. « Nous avons à ce jour 4 principaux programmes avec les scolaires : ils concernent le Carpophage des Marquises de Ua Huka et Nuku Hiva (‘upe), le Monarque de Fatu Hiva (‘omao) à Fatu Hiva, le Lori de Kuhl (‘ura) à Rimatara et le Martin-chasseur des Gambier (koteuteu) à Niau, aux Tuamotu. Pour ces 4 espèces, nous avons monté des programmes qui sont intégrés dans la scolarité des îles en question. Une équipe de Manu s’y rend plusieurs fois par an depuis plusieurs années, parfois avec de grands chercheurs avec qui nous collaborons, pour faire connaître aux enfants cet élément de leur patrimoine. Ils en découvrent ainsi l’importance et deviennent acteurs de leur conservation. » Armés de jumelles et de matériel de radiotracking*, les enfants partent observer les oiseaux en pleine nature avec les scientifiques, qui leur expliquent alors toutes les particularités de ces superbes animaux, mais aussi tous les dangers qui les menacent. Aux jeux et à la curiosité se mêle ainsi l’apprentissage, qui devient une véritable aventure ! Le reste de l’année, ils imaginent avec leurs enseignants des poèmes, des légendes, des chants ou des danses en relation avec « leur » oiseau. Des maternelles aux primaires, tous les enfants de Ua Huka, Nuku Hiva, Fatu Hiva, Rimatara et Niau prennent ainsi conscience du trésor qu’ils possèdent sur leur île : un oiseau unique au monde, pouvant disparaître si on ne le préserve pas, lui et son environnement. De quoi être fier, mais se sentir aussi responsable ! « Les jeunes d’aujourd’hui sont les adultes de demain, et les meilleurs messagers qui soient. Par ricochet, ils remontent l’information à leurs parents, les sensibilisant par la même occasion », résume Anne Gouni.

Le festival ornithologique

Fêter 20 ans de travail mené en faveur des oiseaux, d’accord, mais comment impliquer le grand public dans cet anniversaire ? L’équipe de Manu y a longuement réfléchi et est finalement parvenue à cette idée : pour intéresser la population à l’univers des oiseaux, il faut les montrer en action. Mais bon, impossible d’emmener des centaines de personnes en observation in situ ! La solution ? Le film. « C’est le média le plus accessible et le plus vivant », explique Philippe Raust. « Il permet de voir le ‘meilleur’ des oiseaux et dans leur élément – les longues heures de marche et d’attente en moins ! » Les films et les documentaires qui seront projetés concernent les oiseaux de Polynésie française et du Pacifique. La plupart d’entre eux ont été réalisés par des producteurs locaux, mais il y aura aussi une ouverture vers les autres pays du Pacifique.

Conférences sur les oiseaux et les programmes de conservation, exposition de photographies avec des clichés souvent rares et même parfois uniques d’oiseaux de Polynésie, exposition de tableaux d’artistes locaux, dont certaines œuvres anciennes… Un grand nombre d’activités est prévu en marge des projections, afin de permettre au public de mieux appréhender les oiseaux de Polynésie dans toutes leurs dimensions : culturelle, géographique, scientifique, esthétique, écologique etc.

Une exposition d’oiseaux naturalisés conservée au Musée de Tahiti et des Îles sortira pour la première fois des réserves à cette occasion : un patrimoine unique constitué de plusieurs dizaines de spécimens marins, terrestres, migrateurs ou introduits. Pour les enfants, Léonore, Aimeho et Coco la conteuse viendront conter des histoires, anciennes ou modernes, sur les oiseaux. Un moment privilégié pour les petits, qui pourront découvrir la place des oiseaux dans la culture polynésienne. Enfin, le spectacle de danse du groupe Nonahere sur le thème du Vini‘ura est également inscrit au programme des réjouissances. Il raconte le rôle des plumes du ‘ura, oiseau rouge sacré dans la culture polynésienne ancestrale, et rend hommage à sa grâce. En toile de fond, les problématiques de l’environnement et de la préservation sont abordées. Ce spectacle de danse, imaginé par Matani Kainuku, est conçu comme un outil pédagogique au service de la jeunesse.

Pratique

– Festival ornithologique
– Du 14 au 18 septembre 2010, à la Maison de la Culture
– Projections de films : du 15 au 18 septembre, de 8h à 11h, 13h à 16h et 18h à 20h, au Petit Théâtre
– Conférences publiques : en matinée et à 17h, au Petit Théâtre
– Expositions : de 8h à 20h, salle Muriavai
– Contes pour enfants : de 8h30 à 11h, de mercredi à samedi, et à 13h30 et 14h30 de mercredi à vendredi, Bibliothèque enfants
– Accès libre et gratuit à toutes ces activités
– Spectacle de danse Vini‘ura de Nonahere : le vendredi 17 à 19h30, au Petit Théâtre

Tarif unique : 2 000 Fcfp
– Programme détaillé sur www.maisondelaculture.pf et www.manu.pf
+ d’infos : 544 544 ou 521 100

* Avifaune : ensemble des oiseaux.

* Pour plus d’informations sur les oiseaux endémiques de Polynésie, voir Hiro’a 35, août 2010, rubrique Culture en péril : « Les oiseaux de Polynésie française : un patrimoine naturel exceptionnel mais menacé… », p 20-21.

* Le radiotracking est un système de suivi à distance d’un animal équipé d’un émetteur radio. Cette technique est utilisée par les scientifiques de Manu afin de pouvoir suivre certains oiseaux dans leur milieu naturel : ils connaissent ainsi leurs déplacements, les retrouvent plus facilement etc.

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