La mémoire des films

Témoignage d’une époque, expression d’une vision personnelle, reflet de la réalité ou du rêve, un film est une parcelle de notre mémoire collective, dont l’équipe de l’ICA est devenu l’un des précieux gardiens. Zoom sur cette activité aussi complexe que nécessaire.

[singlepic id=148 w=320 h=240 float=left]« En Polynésie, amateurs ou professionnels tournent des images depuis les années 1930, explique Marc E. Louvat, responsable des fonds audiovisuels à l’ICA. A l’époque et jusqu’en 1985, le principal support utilisé était le film : 16 mm, 8 mm, et Super 8 (le 35 mm étant réservé aux longs métrages). Notre fonds provient en majeure partie de dons de particuliers ou d’institutions locales et étrangères. Nous menons également de nombreuses recherches afin de retrouver des films sur la Polynésie, disséminés aux quatre coins du monde. »

Un art fragile

Outre le fait que la quasi-totalité d’entre nous ne puisse plus visionner les bobines de films faute de matériel, le principal soucis de ce type de support est sa dégradation dans le temps. La durée de vie moyenne des pellicules est d’environ 40 ans. Usure du temps, vieillissement, moisissures dues à l’humidité, syndrome du vinaigre (lorsque les produits chimiques tournent), décoloration de la pellicule, les films ont la vie dure ! Et encore plus que l’altération naturelle, la destruction volontaire et celle liée à des catastrophes naturelles (incendies, inondations) ont été la première cause de la destruction d’une partie de ce patrimoine cinématographique ; et avec elle, des pages entières de notre histoire, de notre mémoire. Mais si ces disparitions sont irréversibles, les vieilles bobines conservées peuvent quant à elles retrouver une seconde jeunesse, ou presque !

Livraison d'un fonds privé en mauvais état de conservation

Livraison d'un fonds privé en mauvais état de conservation

Comment conserve-t-on un film ?

« je n’ai pas trouvé le guillemet de fin ? On commence toujours par faire une expertise du film, regarder ses perforations, la souplesse du support, vérifier ses collures. Angelo Oliver, qui se charge de ce travail à l’ICA passe énormément de temps sur les bobines. Malheureusement, il n’est pas toujours possible de les restaurer, certaines sont en trop mauvais état. C’est une grande déception d’avoir devant soi ces mètres de bobines, avec toutes les promesses d’images qu’elles comprennent, et de ne rien pouvoir en faire… Heureusement, il y a beaucoup de films à sauver. La première étape consiste donc à vérifier les collures des films, réparer les perforations déchirées, sécher et nettoyer le tout. Ensuite, nous procédons à une captation numérique du film : le télécinéma. A partir de cette numérisation, nous synchronisons le son (en cas de double-bande), nous corrigeons les plans surexposés, la colorimétrie, enlevons les amorces et les plans illisibles.

Et enfin, nous pouvons réaliser les montages de ces films ! Un bout à bout documenté pour la conservation, et des montages plus élaborés pour la volorisation et la présentation des archives au public (Cinematamua, « Mémoires de Polynésie » & « Hiro’a » sur TNTV, site Internet, etc.). »

Témoins d’époques

Technologie en mutation perpétuelle, le support « film » reste fragile. Et pourtant, toute une partie de notre histoire y est inscrite, des milliers d’heures doivent être préservées des outrages du temps et de l’oubli. Autant de traces d’une mémoire personnelle et collective à la richesse inestimable. Les témoins du 20ème siècle, de ses mentalités et coutumes. Une mémoire anthropologique sur laquelle l’ICA a mission de veiller, mais pas seulement ! Car la préservation du patrimoine cinématographique est l’affaire de tous. Films amateurs, documentaires, films de fiction, tout film mérite d’être conservé car il est un élément du grand puzzle de l’histoire et un fragment de notre mémoire…

Les chiffres qui parlent :

– 1 heure de film brut = 2 jours de travail pour une numérisation brute
– L’ICA a numérisé environ 500 heures de film à ce jour
– Le fonds traité actuellement est celui de l’Eglise Protestante Mao’hi (298 bobines)

AVIS AUX LECTEURS

Si vous avez des vieilles bobines de films, n’hésitez pas à les proposer à l’ICA, qui peut les restaurer dans la mesure du possible et faire des copies numériques, afin de les sauver de la dégradation.
Vous aussi vous pouvez enrichir la connaissance : le patrimoine est la responsabilité de tout un chacun.

Contacts :

Institut de la Communication Audiovisuelle

Ouvert du lundi au vendredi, de 7h00 à 17h00
Colline Putiaoro – Immeuble ICA / TNTV / Quartier de la mission, Papeete
Tel : 50 67 50
www.ica.pf

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