Hiro’a n°154 – Culture bouge : Diplôme d’études musicales : la voie royale (seconde partie)

Culture bouge

Conservatoire artistique de Polynésie française (CAPF) – Te Fare Upa Rau

Rencontre avec Tommy Yeung, élève en classe de violon et de saxophone au Conservatoire, Temira Dimier, élève de violon et flûte, Amandine Clémencet, professeure de violon, Vaianu Walker, professeure de flûte traversière, Frédéric Rossoni, directeur du département Jazz, Vatea Legayic, virtuose de la basse et Teva Lecurieux-Belfond, guitariste. Propos recueillis par Frédéric Cibard – Photos : CAPF

 

Diplôme d’études musicales : la voie royale (seconde partie)

Nous continuons notre présentation des lauréats du diplôme d’études musicales (DEM) de la section classique et de la section musique actuelle, l’ancienne médaille d’or des conservatoires. Rencontre avec Tommy Yeung, Temira Dimier, Vatea Legayic et Teva Lecurieux-Belfond, quatre passionnés de musique.

Élèves d’Amandine Clémencet en classe de violon, Tommy Yeung et Temira Dimier, également membres de l’orchestre symphonique du Conservatoire, font partie de cette génération de jeunes artistes vouant à la musique une passion extraordinaire. Ils pratiquent le violon avec maestria, et sont désormais lauréats du diplôme d’études musicales dans cette discipline, mais chacun a également choisi un second instrument. La flûte traversière pour Temira, avec sa professeure Vaianu Walker, et le saxophone pour Tommy, avec son professeur Colin Raoulx.

Tommy Yeung a débuté le violon à l’âge de huit ans et en a aujourd’hui dix-sept. Le travail, l’assiduité, la technique sont des qualités qu’il maîtrisait, puis progressivement, sa musicalité s’est développée pour s’épanouir. Tommy ne baignait pas dans une famille de musiciens et pourtant… il passe aujourd’hui le diplôme le plus élevé délivré par le Conservatoire. L’apprentissage d’un second instrument, la participation au Big Band, à l’orchestre symphonique du Conservatoire, aux cours d’histoire de la musique et de musique de chambre, l’initiation au erhu (violon chinois) … autant d’ateliers qui lui ont permis de développer son oreille musicale. « Car passer un DEM ne se limite pas à un jour de passage d’examen mais à une prise de conscience de ce qu’est la musique dans sa globalité », rappelle Amandine, sa professeure de violon.

Technique et interprétation

Temira Dimier est, quant à elle, une jeune femme aux mille vertus selon ses enseignantes, Amandine Clemencet et Vaianu Walker. Elle a commencé par la flûte traversière, puis le violon, le violoncelle, le toere, elle touche aussi un peu au piano… C’est une élève qui a de l’or entre les mains et d’une grande sincérité qui se reflète dans sa musicalité. « Temira pratique également le ΄ori tahiti, elle est un bel exemple d’alliance des différentes cultures », précise Vaianu Walker. La préparation du DEM demande un travail de technique, d’interprétation, d’apprentissage par cœur, d’endurance, car tenir un programme de 30 à 40 minutes est une vraie difficulté, et également un travail sur soi pour la gestion du stress. Cette année, Temira passe un double DEM (flûte et violon), ce qui est exceptionnel. Cela exige beaucoup d’heures de travail et de concessions. Mais lorsqu’on aime, on ne compte pas. « Arriver à un tel niveau signifie qu’on ne travaille plus mais qu’on joue pour s’améliorer et progresser », souligne Amandine Clémencet.

Déjà des professionnels

Jouer, c’est ce qui anime également Vatea Legayic et Teva Lecurieux-Belfond, deux élèves du département des musiques actuelles qui ont déjà une expérience professionnelle. Avec Sébastien Vignals, Frédéric Rossoni les a accompagnés vers leur diplôme de fin d’études : « Vatea Legayic est un virtuose de la basse, autodidacte au départ. Il joue dans de nombreux groupes locaux et fait beaucoup d’enregistrements en studio. Il avait suivi l’ancien cursus de basse au Conservatoire et avait obtenu brillamment son prix d’instrument. Par la suite, il s’est inscrit au cursus de DEM Jazz. Inachevé pour des raisons de départ en métropole, ce cursus a fait place au DEM de musiques actuelles. »

Teva Lecurieux-Belfond, lui, avait démarré en guitare jazz au Conservatoire, il y a une vingtaine d’années, mais il n’avait pas pu poursuivre suite à un déménagement. Cette année, ce guitariste connu dans le milieu local à l’instar de Vatea (avec qui il a partagé la section rythmique notamment dans le groupe Manahune) s’est inscrit au DEM de musiques actuelles. « Ces deux musiciens que je qualifierais de professionnels recherchent, avec ce cursus, un approfondissement de leurs connaissances aussi bien dans le domaine théorique (analyse, harmoniques) que pratique (lecture à vue, déchiffrage d’une partition). Ils voient aussi dans ce diplôme une reconnaissance officielle de leur talent et une référence institutionnelle qui leur permet de mieux revendiquer un statut de musiciens professionnels et éventuellement d’enseignants », explique Frédéric Rossoni.

 

Tommy Yeung

« La musique est une langue universelle »

Tu termines un long parcours en violon. Qu’est-ce que cet instrument t’a apporté et que garderas-tu de ces longues années d’études ?

« Ces longues années d’apprentissage du violon m’ont permis de pouvoir me présenter plus facilement en public, de développer ma mémoire auditive, de gagner en confiance, d’avoir une meilleure gestion de mon temps, d’être plus patient, de développer ma capacité de travail et d’avoir une plus grande ouverture d’esprit. La musique est une des plus belles choses qui me soit arrivée dans ma vie. Elle me permet d’apporter au public et aux amis de la joie et de leur transmettre de l’émotion. »

En quoi l’enseignement de la musique et des arts est-il important pour la jeunesse ?

« La musique peut permettre aux enfants de s’exprimer différemment. La musique est une langue universelle qui permet d’accéder à un monde magique et merveilleux. Elle demande au départ une certaine forme de patience et un travail régulier avant d’accéder à un début de maîtrise qui apporte du plaisir. La musique ne doit pas devenir une corvée ou le rêve des parents, cela doit être un plaisir qui se partage. »

Que vas-tu faire de ton lien privilégié avec la musique ?

« Je n’envisage pas de faire une carrière professionnelle dans la musique. Je continuerai à faire de la musique pour le plaisir. »

 

Temira Dimier

« J’avais envie d’essayer tous les instruments ! »

Que garderas-tu de ces années d’études ?

« Depuis ma tendre enfance, j’aime partager la musique avec ma famille. J’avais envie d’essayer tous les instruments que j’entendais ! Les études au Conservatoire n’ont pas toujours été un long fleuve tranquille, principalement quand il faut travailler de façon intensive les examens et faire face en même temps aux impératifs de l’école. La fatigue accumulée par les longs trajets et les retours tardifs à la maison ont été effacés par le plaisir d’acquérir un bon niveau en musique. Le Conservatoire, pendant toutes ces années, a été comme une seconde famille. »

À quel âge as-tu commencé le violon et pourquoi ?

« J’ai commencé le violon au Conservatoire en 2011, j’avais neuf ans. Je ne pouvais pas démarrer plus tôt car mes parents n’avaient pas le temps de m’y conduire. À cet âge-là, le violon était le seul instrument que je pouvais débuter sans avoir au préalable à faire une année de solfège. Je me souviens qu’au moment de l’inscription, David Bonnaventure, un des professeurs présents, a joué Un jour, mon prince viendra (du film d’animation Blanche-neige et les sept nains), à l’instant même j’ai su que c’était mon instrument. »

Que vas-tu faire de ton lien privilégié avec la musique ?

« Pour le moment, je n’envisage pas de me professionnaliser dans la musique, mais je souhaiterais compléter ma culture musicale en participant à d’autres projets de musique de chambre et expérimenter une nouvelle place au sein d’un orchestre et pourquoi pas continuer dans un cursus de perfectionnement. »

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