N°122 – Le Musée se refait une beauté

 

Musée de Tahiti et des îles (MTI) – Te Fare ManahaEntrée

 

Rencontre avec Miriama Bono, directrice du Musée Tahiti et des îles. Texte SF

 

Le Musée de Tahiti et des îles aura bientôt un tout nouveau visage. La salle d’exposition permanente, la salle de conférence et l’accueil vont faire l’objet d’une reconstruction à partir d’octobre 2018. Le cabinet d’architecte Picart et le studio André Gardère sont à l’origine du nouveau paysage et de la nouvelle scénographie du musée.

 

Le projet de rénovation du Musée de Tahiti et des îles est envisagé depuis une dizaine d’années. Une première ébauche avait été menée par Jean-Marc Pambrun, directeur de l’établissement de 2005 à 2011. Déjà à l’époque, il était question de rénover une partie du musée dont la salle d’exposition permanente, qui n’a pas changé depuis la création du musée. « La scénographie est ancienne et l’espace assez étroit, du coup, nous ne pouvons pas mettre toutes nos collections en valeur, la partie historique est d’ailleurs assez peu développée », explique Miriama Bono qui a repris le projet en main. Si au départ, il était question de rénovation, finalement, c’est une reconstruction complète qui a été décidée. Une reconstruction qui concerne plusieurs parties de l’établissement : la salle de conférence, l’accueil mais aussi, et surtout, la salle d’exposition permanente et sa scénographie. Conçue à l’origine en petits îlots, cette salle va devenir un grand rectangle pour permettre une plus grande liberté à la scénographie. « Elle pourra évoluer si nous acquérons de nouveaux objets », souligne Miriama Bono.

 

Valoriser les œuvres

 

Le Musée de Tahiti et des îles a choisi parmi trois projets, celui de l’architecte Pierre Jean Picart. Son idée de faire de la salle d’exposition permanente une grande salle construite sur un seul tenant a séduit. Associé au scénographe parisien Adrien Gardère, il propose un espace libéré de murs regroupant ainsi les œuvres dans un seul et même espace. Le public pourra ainsi circuler, déambuler, s’arrêter, découvrir, contempler les œuvres regroupées de manière géographique, historique ou mythologique. La salle qui fait aujourd’hui 900 m2 va gagner 500 m2 d’espace : elle fera au total pas moins de 1400 m2. Depuis le mois d’avril, les équipes du musée travaillent d’arrache-pied avec l’architecte et le scénographe afin d’adapter les besoins de l’établissement à l’architecture. « L’architecture est importante mais ce qui compte le plus est l’aménagement de la salle. On travaille d’ailleurs sur les vitrines et les types de supports de médiation », souligne Miriama Bono. L’un des premiers objectifs de cet aménagement est de minimiser le nombre de vitrines, tout en gardant une sécurité de conservation. « En laissant par exemple une partie des collections hors vitrines, cela permet au public de tourner autour et donner un sentiment de proximité avec l’œuvre ». Une manière donc à la fois de valoriser l’œuvre mais aussi de laisser au visiteur la liberté et le plaisir d’établir un dialogue avec elle. Un dialogue qui sera facilité grâce à une médiation plus élaborée.

 

Sécuriser la conservation

 

Le deuxième objectif du musée est, en effet, de développer la médiation. Au-delà de la rédaction de cartels, ce petit panneau placé à côté de l’œuvre sur lequel apparaît la légende ou un descriptif de l’objet et sa fonction, l’établissement souhaite mettre en place un dispositif multimédia comme des applications numériques ou des supports embarqués. Le musée se modernise et se rajeunit. « Nous voulons nous adapter aux différents publics : scolaires, visiteurs polynésiens et touristes ». Si ces changements sont nécessaires, le Musée de Tahiti et des îles n’a pas non plus oublié l’un des points fondamentaux à respecter : la conservation préventive des œuvres. Le bâtiment qui sera donc entièrement nouveau répondra ainsi à tous ces enjeux : maîtrise de la lumière naturelle et de l’éclairage artificiel, contrôle de la température et de l’hygrométrie, isolation. « Le musée doit être aux normes de conservation pour aussi accueillir des pièces extérieures et d’autres établissements », explique Miriama Bono qui, avec ses équipes, a également tenu à minimiser l’impact énergétique du bâtiment sur l’environnement. Ainsi, des panneaux photovoltaïques, déjà installés, vont permettre d’optimiser la consommation électrique de l’établissement. La végétation est aussi au cœur du projet. L’entrée sud du musée sera d’ailleurs vitrée avec des brise-soleils végétaux afin d’ouvrir le musée.

 

Un nouveau visage

 

La salle sera fermée en avril 2018 et jusqu’en avril 2020, les travaux débuteront en octobre 2018. En attendant, les collections vont être déménagées dans les réserves et dans la salle temporaire. « Cela va nous permettre d’assurer un roulement avec deux ou trois expositions des pièces majeures de la collection du musée. En revanche, jusqu’à la fin des travaux en 2020, nous ne pourrons pas accueillir d’expositions extérieures au musée ». La salle d’exposition permanente n’est pas la seule à être reconstruite et repensée. La salle de conférence et l’accueil vont aussi avoir un nouveau visage. Fermée depuis des années, la salle de conférence pourra de nouveau servir de salle de spectacle, de projection et accueillir jusqu’à 150 personnes. La scène sera rehaussée et des sièges disposés en estrade pour permettre une meilleure visibilité au public. « Cet outil nous manque aujourd’hui, car nous ne pouvons accueillir de scolaires ni organiser des cycles de conférences ou encore des projections, ce qui est dommage notamment en terme de médiation ». Quant à l’accueil, le grand pavage de type paepae va se redresser afin de former une enceinte percée d’une large ouverture, il sera un espace commun et le lien entre toutes les activités. Grâce à ces reconstructions et à cette modernisation, le Musée de Tahiti et des îles entre dans une nouvelle dynamique qui va enrichir ce lieu déjà incontournable de la culture du Pacifique au sein de la communauté internationale.

 

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