Hiro’a n°193 – La culture bouge

Centre des métiers d’art (CMA) – Pu ha’api’ira’a toro’a rima’ī

Programme Ospapik : les déchets inspirent le CMA

Rencontre avec Viri Taimana, directeur du Centre des métiers d’art et Tokai Devatine, directeur adjoint du Centre des métiers d’art. Texte : Pauline Stasi – Photo : Enora Le Proust – Ospapik

Le Centre des métiers d’art officialise le 25 janvier sa participation au programme de l’Union européenne Ospapik. Ce projet de recherche, lancé en octobre 2023 à l’Université de Bretagne occidentale, examine la façon dont les peuples autochtones sont mobilisés à travers les arts face aux déchets marins et spatiaux.

Ospapik, un bel acronyme qui signifie Ocean and Space Pollution, Artistics Practices and Indigenous Knowledges ou, en français, Pollution des océans et de l’espace, pratiques artistiques et savoirs autochtones. Ce tout nouveau projet de recherche financé par l’Union européenne depuis fin 2023 et mené par Géraldine Le Roux, enseignante-chercheuse à l’Université de Bretagne occidentale, et Estelle Castro-Koshy, chercheuse, s’attache, à travers une approche multidisciplinaire et multi-sensorielle, à étudier la façon dont les connaissances, les savoir-faire, la créativité et la mémoire des populations autochtones s’expriment dans les arts contemporains pour répondre aux crises socio-environnementales qui touchent l’océan et l’espace.

En Océanie et en Guyane

Le Centre des métiers d’art de Polynésie française, qui œuvre régulièrement depuis 2017 avec les deux chercheuses sur différentes missions, a souhaité rejoindre ce projet novateur, Ospapik. Ce partenariat sera ainsi officialisé le 25 janvier lors d’une grande réunion à Papeete. « Je crois que ce thème n’a jamais fait l’objet de recherche auparavant. Les pollutions spatiale et marine sont très diverses, mais bien présentes. Que ce soit avec la fusée spatiale en Guyane ou en Polynésie française avec les essais nucléaires ou même la pollution plastique, les pollutions et déchets qui retombent dans le Pacifique sont nombreux (…). C’est très intéressant de connaître la façon dont cela peut être perçu sur les arts autochtones que ce soit en Océanie, comme en Guyane, de savoir comment les artistes de ces zones l’expriment », note Tokai Devatine, directeur adjoint du Centre des métiers d’art.

Un bateau itinérant

Ce projet, prévu pour une durée de cinq ans jusqu’en 2028, a été construit autour de deux questions principales. La première est de savoir comment les déchets et les débris sont perçus du point de vue émotionnel, sensoriel et conceptuel lorsqu’ils sont inclus dans des projets artistiques autochtones et des collaborations interculturelles. Et la seconde : jusqu’à quel point l’art permet-il de saisir l’impact de la pollution et des déchets sur la relation que les gens construisent et entretiennent à l’océan et à l’espace ?

Pour y répondre ou tout au moins donner des éléments de réflexion à ces vastes problématiques, plusieurs expositions, œuvres, conférences, réunions et partages seront organisés ou créés par les différents partenaires du projet Ospapik. Le CMA prévoit notamment de mettre en place une exposition sur un bateau itinérant qui irait sur plusieurs îles, embarquant à bord des artistes, mais aussi des habitants des îles. ◆

(LÉG)

Lancement à l’Université de Bretagne occidentale d’Ospapik, programme de recherche financé par la Commission européenne de la recherche.

Vous aimerez aussi...