Hiro’a n°191 – Dix questions à

Dix questions à – Fabien Mara-Dinard, directeur du Conservatoire artistique de la Polynésie française (CAPF) – Te Fare upa Rau

Te Tau ´Auhune ou

l’abondance des mots

Propos recueillis par Pauline Stasi – Photos : © Matareva – CAPF

Le Conservatoire artistique de la Polynésie française célébrera la saison de l’abondance Te Tau ΄Auhune le dimanche 19 novembre dans le magnifique cadre des jardins du Musée de Tahiti et des îles – Te Fare Iamanaha. À travers cet événement, l’établissement artistique souhaite mettre l’accent sur l’importance de la transmission du reo tahiti, mais également des autres langues polynésiennes.

Te Tau ΄Auhune célèbre la saison de l’abondance, où la nature devient généreuse après une période de disette. De quelle façon, le Conservatoire va-t-il célébrer cette fête ?

« Comme l’an dernier, nous avons choisi pour cadre les jardins du Musée de Tahiti et des îles – Te Fare Iamanaha. L’idée est d’offrir une scène, une belle tribune à nos élèves pour leur permettre d’exprimer leurs talents, de montrer ce qu’ils savent faire à leurs familles et au public venus les voir. Te Tau ΄Auhune leur offre cette merveilleuse opportunité, c’est très intéressant pour nos élèves. »

Comment cet événement va-t-il se dérouler ?

« L’accueil se fera à partir de 16h30 avec les musiciens, puis le spectacle débutera à 17 heures. Il est prévu pour une durée d’une heure à une heure trente maximum, car beaucoup de familles viennent avec des enfants dans le public. » 

Combien de personnes participeront au Te Tau ΄Auhune ?

« Toute la section traditionnelle du Conservatoire, ainsi que le département lyrique et certainement quelques musiciens du classique pour accompagner quelques scènes. Au total, environ 150 personnes seront réunies entre les élèves, les professeurs et les invités, car sont également prévus quelques invités extérieurs. Côté public, l’an dernier, environ 1 000 personnes avaient répondu présent. »

Quel sera le programme ?

« Il y aura notamment un ΄ōrero fāriira΄a déclamé par la classe de ΄ōrero, des hīmene, des ΄aparima, des ΄ūtē, la chorale d’ados de Bruno Demongeot créée il y a deux ans, l’art lyrique avec Peterson Cowan, ainsi que des pāta΄u, que sont des petites interactions, sortes de comptines pour jouer avec les enfants, leur apprendre des mots… L’idée de cet événement est vraiment de mettre en valeur les mots, les langues polynésiennes. »

Quelles seront les langues mises en valeur ?

« Le reo tahiti bien sûr, mais pas seulement car on pourra entendre aussi les autres langues polynésiennes parlées dans les autres archipels, avec des intervenants en marquisien, en pa΄umotu de Mataiva, et des Australes de Rapa. »

Quelques mots sur ces invités ?

« Il y aura notamment Mike Teissier pour un ΄ūtē. Edgar Tetahiotupa racontera une légende les îles Marquises. Les Marquisiens ne célèbrent pas la saison de l’abondance de la même façon que les Tahitiens ; ils ont leurs propres légendes liées à la nature. Une personne des îles Australes interviendra également. Chaque intervention sera, si elle n’est pas traduite, en tout cas explicitée aux personnes qui ne parlent pas ces langues pour qu’il y ait une vraie communication. »

Si l’abondance de la nature nourrit le corps, l’abondance des mots nourrit-elle l’esprit ?

« Oui, tout à fait. La nature peut être fragile, généreuse, tout comme une langue. S’il faut se nourrir pour faire vivre le corps, il faut se nourrir des mots pour faire vivre une langue. Pour cela, il faut partager les mots, comme on partage ce que la nature nous donne. »

La transmission des langues est fondamentale pour la transmission de la culture polynésienne…

« Oui, la langue fait vivre la culture, elle permet de véhiculer cette culture. Si on ne comprend pas la langue, on ne va pas saisir les subtilités de cette culture. Par exemple, un très bon danseur techniquement, s’il ne comprend pas la signification des paroles, alors sa danse va manquer d’émotion, d’âme. Une langue doit être transmise, doit vivre, être parlée et pas seulement apprise à l’université. Je tenais vraiment à organiser de nouveau cette soirée, c’est important d’offrir cette scène à tous ces jeunes. »

Il paraît que quelques surprises sont prévues…

« Nous avons un bon humour en Polynésie avec beaucoup d’autodérision. On a prévu quelques petites saynètes très drôles. Il faut venir les voir le 19 pour les découvrir ! »

Comment profiter au maximum de ce moment ?

« L’idée est de rendre la culture, la langue, accessibles facilement, à tous. Il faut profiter de cette saison d’abondance autant dans le partage des offrandes de fruits que des mots, des langues et de la culture. Venez avec votre pē΄ue pour profiter de ce moment de communion laïque. » ◆

PRATIQUE

• Dimanche 19 novembre à 17 heures, dans les jardins du Musée de Tahiti et des îles

• Spectacle gratuit et ouvert à tous

• Durée : environ 1h30

Légendes

Au Heiva 2014 : ‘ōrero de Fabien Mara Dinard.

Première édition en 2022.

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