Hiro’a n°180 – La culture bouge 

FIU, le Festival international du ´Ukulele : 3e édition, pas fiu du tout !

Rencontre avec Jean-François Leou de Magic City, organisateur partenaire du

festival, Samuelle Krauss, professeure de musique en charge de la section Chad

arts traditionnels au collège de Tipaerui et Alexandre Tenailleau, chargé de

communication à la Maison de la culture. Texte : Pauline Stasi. Photos : TFTN

Après cinq ans d’absence, le FIU, Festival international du ΄Ukulele, revient enfin pour une nouvelle édition du 10 au 14 octobre à Tahiti. Master class au Conservatoire, visites dans des écoles, rencontres et concert d’artistes locaux et internationaux au Grand théâtre de la Maison de la culture…, les cordes de cet instrument si populaire vont résonner pendant cinq jours à Tahiti.

Pas une bringue sans que quelqu’un ne vienne gratter ses cordes. Instrument emblématique de la Polynésie, le ΄ukulele fait partie intégrante de la culture populaire et musicale du fenua. Rien d’étonnant alors qu’il ait son festival. « Lors d’une conversation informelle, le ministre de la Culture Heremoana Maamaatuaiahutapu avait eu l’idéed’organiser un festival entièrement dédié au ΄ukulele et c’est ainsi que la première édition du FIU a été organisée en 2015. C’est pendant le festival qu’a eu lieu le record du monde de joueurs de ΄ukulele pour Tahiti », raconte Jean-François Leou, directeur de Magic City, organisateur du FIU en partenariat avec la Maison de la culture.

Des invités spéciaux internationaux

Fort du succès ce premier festival, dont l’objectif était de développer la pratique du ΄ukulele au fenua afin que jeunes et moins jeunes se réapproprient cet instrument et de promouvoir la frappe traditionnelle polynésienne sur le plan international , une seconde édition, tout aussi populaire, a eu lieu en 2017. Et enfin, dans quelques jours, le 3e opus du FIU aura lieu du 10 au 14 octobre à Tahiti. Il s’annonce, une fois encore, être un excellent cru avec la promesse de bons moments de partage en musique, en particulier avec des artistes internationaux venus spécialement pour l’événement. Notamment, les Naked Waiters, un groupe américain originaire de Seattle. « Ils jouent pas mal de pop ou même certains classiques comme La vie en rose, et y ajoutent du ΄ukulele. Cela permet ‘d’ouvrir’ le public au ΄ukulele, de le populariser encore plus », explique Jean-François Leou.

Autre invité international, Kris Fuchigami. Déjà invité à la première édition en 2015, il est considéré comme l’un des virtuoses du ΄ukulele, maniant les frappes à merveille. Né à Hawaii, le musicien a remporté à 15 ans le concours Hamakua Music Scholarship. En 2019 et 2021, il a été récompensé aux Nā Hōkū Hanohano Awards, l’équivalent des Grammy à Hawaii dans le prix catégorie composition instrumentale de l’année.

Et des échanges avec des artistes locaux 

Ces artistes viendront partager leur virtuosité à l’occasion d’une master class au Conservatoire, de visites d’école de ΄ukulele ou encore auprès des jeunes élèves de classes aménagées. Ils viendront aussi partager leur passion commune avec plusieurs artistes locaux comme Fabrice Hapipi, du groupe All Bus ou Laura Lee. Le point d’orgue de cette édition aura lieu le vendredi 14 octobre avec un superbe concert au Grand théâtre de la Maison de la Culture. Un autre grand moment de partage attendu entre tous les musiciens et le public polynésien autour de ce petit instrument qui a tout d’un grand. ◆

PRATIQUE

le FIU, Festival international du ΄Ukulele

• Lundi 10 octobre à 18 heures : master class au CAPF

• Mardi 11 à 16 heures : visite de l’école Tupuna Ukulele, au collège de Punaauia

• Mercredi 12 à 9 heures : visite du collège NDA

• Mercredi 12 à 18 heures : Show case au Hilton pour les écoles de ΄ukulele

• Jeudi 13 à 17h30 : Happy hour au Hilton (animation, show case) ouvert à tout le monde

• Vendredi 14 : à 18h : Concert au Grand théâtre avec les artistes internationaux, les artistes locaux et les écoles de ΄ukulele.

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L’histoire du ΄ukulele

Le ΄ukulele a été inventé par les Portugais, il s’appelait alors cavaquinho. En 1789, le navire portugais Ravenscrag débarque à Honolulu. À son bord, des passagers jouent de cette petite guitare à quatre cordes. Les Hawaiiens sont séduits par sa sonorité qu’ils transforment un peu grâce au soutien du roi Kalakaua. Très peu de temps après semble-t-il, le ΄ukulele arrive sur les côtes de Tahiti. Faute de luthier, les Tahitiens le fabriquent avec un manche taillé dans du bois et probablement une noix de coco en guise de caisse de résonance. Au fil du temps, ils vont le fabriquer d’une seule pièce avec du bois de pūrau, de tou, de miro et d’une caisse de résonance recouverte d’une peau de requin ou de chèvre tendue qu’ils remplaceront ensuite par du carton.

Dans les années 1980, l’essor des orchestres kaina tels que les « Kaina Boys », « Tamarii ΄Upa Nave » ou « Te Ava Piti » va donner un nouvel élan en imposant un nouveau type de ΄ukulele façonné dans du bois importé et plus facile à travailler, car déjà débité en planche. La caisse est couverte aussi par du bois et des fils en nylon de pêche doublés. Le ΄ukulele tahitien passe de 4 à 8 cordes et se vend jusque dans les rues de Papeete où, de nos jours, se produisent parfois des groupes.

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Samuelle Krauss, professeure de musique en charge de la section Chad arts traditionnels au collège de Tipaerui : « C’est une belle opportunité culturelle et

artistique pour nos élèves »

« La rencontre avec les musiciens et les élèves est prévue pendant 45 minutes. Les musiciens vont jouer 30 minutes puis il y aura un temps d’échanges de quinze minutes. Lors de leur cursus en section Chad arts traditionnels, les élèves suivent quatre séances sur la musique et les instruments traditionnels. Ils étudient ce que sont les danses, les ΄aparima, les ΄ōte΄a… et également l’histoire des instruments, dont bien sûr le ΄ukulele. Ils apprennent qu’il y a différents types de frappes. Cette rencontre rentre parfaitement dans le parcours éducatif artistique et culturel (PEAC) de la section Chad, qui comprend une expérience artistique, une pratique instrumentale et une rencontre avec un artiste. Une telle visite est très intéressante car les musiciens vont jouer différentes frappes sur des styles de morceaux différents. Les élèves pourront remarquer que les instruments traditionnels, les frappes polynésiennes, peuvent accompagner différents styles de musique. Cela leur montre que la musique traditionnelle n’est pas figée, qu’elle évolue, qu’elle se réinvente continuellement. Une telle rencontre leur permet vraiment d’élargir leur répertoire, leur culture musicale, de développer leur sens critique. C’est vraiment une belle opportunité culturelle et artistique pour nos élèves.

Le temps d’échange avec les musiciens est également une belle occasion pour poser des questions sur la façon de créer, de composer, à partir d’un thème, d’un texte. Cela pousse les élèves à avoir une réflexion sur leur propre création artistique. De plus, ces échanges se font en anglais, ils vont préparer les questions avec leur professeur d’anglais. »

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