Hiro’a n°178 – Un visage, des savoirs: Le pandanus, « l’or » végétal de Samuel Poareu

SERVICE DE L’ARTISANAT TRADITIONNEL – PU OHIPA RIMA’I (ART)

Rencontre avec Samuel Poareu, artisan. Texte et photos : Pauline Stasi

05 Samuel Poareu copie

Le pandanus, « l’or » végétal de Samuel Poareu

 

Samuel Poareu est artisan. Originaire de Rurutu aux Australes, il perpétue avec dextérité, passion et savoir-faire la tradition de son île natale, le tressage en fibre végétale et tout particulièrement en feuilles de pandanus.

 

Assis sur sa chaise derrière son stand au salon Heiva Rima’ ī au parc de Māma΄o où il expose et vend ses objets artisanaux, Samuel Poareu ne s’arrête jamais. Inlassablement, ses doigts encerclent, entourent ce qui vaut de l’or à ses yeux  : de fines bandes de pandanus. Il les tresse autour d’un vieux moule en bois hérité de sa grand-mère, à rendre jaloux tous les chapeliers du monde. Avec, il confectionne l’un des célèbres emblèmes de Rurutu, le chapeau moulin. « Depuis que le chanteur Eto le porte, le chapeau est très à la mode », confie l’artisan qui a déjà écoulé tous les exemplaires sur sa devanture.

Mais avant d’être porté par les Polynésiens comme un accessoire à la mode, il en a fallu du temps et des étapes à Samuel pour le réaliser. Car, que ce soit pour le chapeau moulin comme pour les élégants chapeaux des femmes à la sortie du temple ou les paniers ‘ete qu’il confectionne aussi, Samuel Poareu a besoin d’avoir son « or » à lui : le pandanus.

Alors pour le trouver, une fois par trimestre, c’est le même rituel  : il part dans son île de Rurutu, accompagné de son grand fils, couper de grandes feuilles de pandanus arrivées à maturité. Une fois ramassées, père et fils les portent et les ramènent à la maison. « On recommence cela pendant deux semaines à peu près, car il faut vraiment que l’on fasse beaucoup de stocks », précise l’artisan. Une fois, la matière première récoltée, reste alors toute la phase de préparation des feuilles pour pouvoir enfin les tresser. « Je commence par enlever la nervure de la feuille au milieu  », explique Samuel, qui découpe ensuite les feuilles de pandanus en longues bandes qu’il enroule. Mais le travail ne s’arrête pas là et il faut encore deux autres semaines de préparation pour obtenir des bandes prêtes au tressage.

Pour éclaircir les bandes en une belle couleur virginale, l’artisan plonge les rouleaux encore verts dans une grande marmite d’eau chaude mélangée à un seau entier de citrons et cela pendant toute une journée. « Ensuite, je fais sécher les bandes puis je les mets au soleil pendant plusieurs jours. » S’il opte pour une couleur plus foncée allant vers le marron, l’artisan va mélanger les bandes avec des écorces de sapin dans un fût.

Une fois toutes ces étapes réalisées, Samuel peut alors se mettre enfin à tresser, à créer les objets, mais là encore la tâche n’est pas facile. « Quand il pleut, les feuilles de pandanus glissent bien et sont bien souples. Par contre, quand le climat est sec, c’est compliqué, car les tiges cassent plus, cela peut couper les doigts », confie l’artisan qui avoue adorer ce qu’il fait. « J’ai appris en observant ma grand-mère quand j’étais enfant. Elle ne me donnait pas de conseils, mais je la regardais faire pendant des heures et maintenant, j’en ai fait mon métier, je vis de cette passion qu’elle m’a transmise. »

PRATIQUE

Samuel Poareu

  • Tél. : 87 302 837

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