Hiro’a n°178 – Culture Bouge, des formations pour les artisans des Tuamotu

SERVICE DE L’ARTISANAT TRADITIONNEL – PU OHIPA RIMA’I (ART)

Rencontre avec Vaiana Giraud, cheffe du Service de l’artisanat traditionnel. Texte : Pauline Stasi – photos : art

Des formations pour les artisans des Tuamotu

Le Service de l’artisanat traditionnel propose en juillet et en août des formations techniques portant sur le nī΄au blanc, le nī΄au – raraga mātua et la fibre de coco. Destinées aux habitants de Takapoto, de Fakarava et de Makemo aux Tuamotu-Gambier, ces formations ont pour objectif de permettre aux populations vivant dans les atolls de développer leur savoir-faire et d’acquérir de nouvelles compétences, porteuses de véritables débouchés professionnels.

 

«  On attend avec impatience la venue de la formatrice Marie Rooino à Takapoto, c’est important pour nous qu’elle vienne ici, car elle va nous apprendre à bien travailler le nī’au blanc. Ce n’est pas toujours facile quand on vit dans un atoll isolé d’avoir accès à des formations  », lance, enthousiaste, Moeata  Tahiri, présidente du comité de l’artisanat des Tuamotu-Gambier et artisane à Takapoto. Pendant sept jours complets, une dizaine d’habitants de Takapoto, des artisans traditionnels, vont pouvoir suivre une formation technique sur le nī΄au blanc, donnée par Marie Rooino. Reconnue comme experte en la matière, l’artisane, qui a une longue expérience du nī΄au, a appris à tresser, enfant, en regardant sa mère faire. «  C’est important de transmettre le tressage du nī΄au. C’est une très belle matière qui permet de faire de beaux objets, des sacs, des bijoux, mais qui demande du temps pour la préparer. Car une fois la feuille coupée, il y a du travail, il faut la faire blanchir avec des citrons dans de l’eau puis la faire sécher (…). Il ne faut pas faire n’importe quoi », confie l’artisane qui compte faire apprendre à ses stagiaires la confection de sacs, de chapeaux ou encore de bijoux.

Quelques jours plus tard du 3 au 14 août, le Service de l’artisanat traditionnel a programmé une formation à Makemo portant sur la fibre de coco. C’est Jean-Yves Tuihaa, un artisan de Arue qui se rendra sur l’atoll pour y former une dizaine d’habitants. Il leur fera découvrir toutes les subtilités de la fibre de coco. Une matière à laquelle il voue une véritable passion (lire son interview en page 6).

Enfin, du 22 août au 2 septembre, ce sera au tour d’une dizaine habitants de Fakarava de se former à la préparation et au tressage du nī΄au – raraga mātua avec Yolande Tehina. L’artisane leur fera partager son savoir-faire. Réputée pour ses tressages de ΄ete, de chapeaux, mais aussi de luminaires, l’artisane compte bien leur apprendre à préparer la matière première, mais aussi leur expliquer la technique du tressage vertical. « La différence avec le tressage horizontal, c’est que dans le tressage vertical, on commence d’abord par tresser le haut du panier puis on termine par le bas. Cela donne vraiment un bon rendu  », explique l’artisane, qui a plus d’une quinzaine d’années d’expérience dans l’art du tressage.

« Une vraie pénurie de certaines matières premières »

Initiées par le Service de l’artisanat traditionnel, ces trois formations mises en place aux Tuamotu-Gambier répondent à plusieurs objectifs, comme nous l’explique Vaiana Giraud, la cheffe du Service de l’artisanat traditionnel. «  Ces formations s’inscrivent dans notre volonté de soutenir la professionnalisation des artisans. Cela leur permet d’acquérir de nouvelles compétences, d’apprendre de nouvelles techniques, mais aussi de trouver de nouvelles sources d’inspiration pour créer leurs bijoux, leurs objets. Le fait de recevoir un formateur de l’extérieur favorise la création, le partage d’idées  », détaille la responsable avant de souligner que ces formations devraient aussi être porteuses de réels débouchés professionnels. «  Il y a une réelle pénurie de certaines matières premières, de nombreux artisans de Tahiti ont besoin de fibre de coco, de nī’au et cherchent à en acheter, mais il y a un vrai manque, ce peut être une source de revenus importante pour les habitants des îles que de fabriquer ces matières premières  », complète Vaiana Giraud, qui donne rendez-vous au public en novembre prochain au Salon des Tuamotu-Gambier à Tahiti pour admirer les créations originales de ces artisans.

Au total, une trentaine d’artisans des Tuamotu seront formés dans le cadre de cette initiative. À l’issue de ces trois formations, chaque stagiaire se verra remettre une attestation nominative de formation préparée par le Service de l’artisanat traditionnel, validant les acquisitions réelles des connaissances, compétences et méthodes de travail.

PRATIQUE

  • Service de l’artisanat traditionnel de Polynésie française
  • www.artisanat.pf
  • Tél. : 40 545 400

Vous aimerez aussi...