Hiro’a n°172 – Le saviez-vous ? Nouvel An chinois à Tahiti : l’héritage de la culture hakka

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Le saviez-vous – Direction de la culture et du patrimoine (DCP) – Te Papa Hiro ’a ‘e Faufa ‘a tumu

Nouvel An chinois à Tahiti : l’héritage de la culture hakka

Rencontre avec Freddy Sacault, membre fondateur de l’association culturelle Wen Fa. Texte : Alexandra Sigaudo-Fourny – Photos : Fonds Souky Sacault du SPAA

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Le 1er février 2022 démarre l’année du tigre d’eau. Pour les Chinois, cette date marque le Nouvel An lunaire et la fête du Printemps avec une série de festivités mais aussi de rituels. En Polynésie française, les descendants de la diaspora hakka se préparent en famille à traverser cette nouvelle année.

Pétards et lions sont de sortie à l’occasion du Nouvel An chinois qui démarre le 1er février 2022. Pour la communauté chinoise, dont les ancêtres hakkas sont arrivés en plusieurs vagues successives à Tahiti au milieu du XIXe siècle, c’est un moment important de l’année. Avec la création des premières associations chinoises (la première daterait de 1872), les fêtes sont célébrées à travers des événements conviviaux qui réunissent toute la communauté. De génération en génération, les pratiques ont su perdurer. Aujourd’hui, l’association Si Ni Tong qui regroupe dix associations culturelles, gère les manifestations autour du Nouvel An.

Dans les familles, le Nouvel An chinois démarre quelques jours plus tôt par une visite au temple Kanti de Māma’o afin d’y tirer les oracles, faire des offrandes aux divinités, prier pour les remercier ou solliciter leur aide. Ainsi, si l’oracle n’est pas favorable, il est encore temps de bloquer les mauvais esprits avec une cérémonie et des offrandes, accueillir la nouvelle année et la passer du mieux possible. La veille du Nouvel An, les familles ayant conservé les rites traditionnels se purifient en prenant des bains de feuilles de pamplemoussier bouillies.

Le jour de l’An, enfin, il est d’usage de se réunir en famille autour d’un grand repas. Ce jour-là, on honore les ancêtres, notamment avec de la nourriture qui leur est dédiée. C’est aussi lors de ce premier jour de l’année que les enfants reçoivent en cadeau la généreuse petite enveloppe rouge et or, sorte d’étrenne toujours multiple de 9, le chiffre de la longévité. En Polynésie française, sur le plan culinaire, deux traditions se côtoient. La première veut que le repas du jour de l’An soit exclusivement végétarien pour se purifier. L’autre est plutôt tournée vers l’abondance avec de grands mets.

« Parfois les traditions culinaires ne sont pas les mêmes entre la famille et la belle-famille. Autrefois, la tradition chinoise voulait que l’on adopte les coutumes de la famille du mari, mais aujourd’hui, les familles n’hésitent pas à mixer ces deux traditions pour contenter tout le monde », nous confie Freddy Sacault qui vient d’une famille traditionnaliste et donc adepte du repas végétarien avec des vermicelles chinois, du tofu, des champignons, du navet. Seule entorse à ce régime alimentaire, les huîtres séchées.

À Tahiti, le Nouvel An chinois dépasse la simple communauté chinoise et la fête s’invite dans tous les foyers polynésiens, quelles que soient les origines. Il n’est d’ailleurs pas rare de voir les lions danser dans les écoles publiques, la population se rendre au temple Kanti pour tirer les oracles, voire même revêtir un habit chinois pour l’occasion et oublier, l’espace d’un mois, le célèbre « ‘ia ora na » pour le « Kung Hei Fat Choy »…

Sans parler de la cuisine asiatique qui est à l’honneur dans de nombreux foyers. Cette célébration se termine par la Fête des lanternes, alors que la lune arrive dans sa première lunaison depuis la nuit du Nouvel An. Cette fête devenue très populaire se concrétise par un défilé dans les rues de Papeetē, pour le plus grand bonheur des enfants.

Légendes

Jeunes filles au temple chinois.

Carte de téléphone, timbre, enveloppe… le Nouvel an chinois est représenté sous toutes les formes.

La communauté chinoise, très présente au temple.

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