Hiro’a n°149 – Culture bouge : Un atelier inédit pour slamer en musique

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LA CULTURE BOUGE – Maison de la Culture (TFTN) – Te Fare Tauhiti Nui

Un atelier inédit pour slamer en musique

un atelier pour slamer

Rencontre avec Mylène Raveino, responsable des activités permanentes à la Maison de la culture, Paul Wamo, poète performer, et Jeff Taneri, musicien. Texte et photo : L. R.

Un nouvel atelier sera proposé pendant les vacances de février à la Maison de la culture. Paul Wamo, slameur et poète, et Jeff Taneri, musicien et compositeur, vont guider les enfants dans leur art respectif pour ensuite tout mélanger et déclamer en musique ! Un atelier expérimental inédit.

Les événements culturels mènent bien souvent à d’autres événements culturels. Paul Wamo, poète performer kanak de Nouvelle-Calédonie, a été transporté par le spectacle Pina’ina’i présenté lors du dernier salon du livre à Tahiti. C’était la deuxième année qu’il participait à l’événement littéraire. Mylène Raveino, responsable des activités permanentes à la Maison de la culture, lui a proposé d’animer un atelier d’écriture en même temps que Jeff Taneri et son atelier de percussions traditionnelles. Jeff Taneri est musicien, chef d’orchestre, compositeur et créateur des musiques du spectacle Pina’ina’i. Évidemment entre ces deux-là, l’entente a été immédiate. « L’idée est de provoquer la rencontre de deux personnes talentueuses, chacun dans son domaine et dans sa culture : Jeff Taneri, bien connu ici, et Paul Wamo, qui a une belle écriture et une façon bien à lui de déclamer des textes. Ce n’est pas le ’ōrero, c’est une autre forme de déclamation, ce qui est intéressant », raconte Mylène Raveino. Aussitôt un atelier est monté, quelque chose d’inédit et d’expérimental. Paul Wamo guidera les enfants vers l’écriture et Jeff Taneri dans l’apprentissage des rythmes traditionnels du répertoire sur les percussions polynésiennes (tō’ere, fa’atete, tariparau…) avant de passer à la création. « L’atelier va se diviser en deux, une partie des enfants apprendront les morceaux traditionnels pour qu’ils connaissent les rythmes de base et l’autre partie travaillera avec Paul. Dans l’après-midi, on mixera les deux ateliers et on essaiera de créer la musique qui accompagnera les textes écrits », explique Jeff Taneri.

S’amuser à écrire, déclamer… à créer !

L’apprentissage de l’écriture se fera par le jeu : « Parfois, quand on pense à l’écriture, on s’imagine des choses très sérieuses et impressionnantes et on se met des barrières, reconnait Paul Wamo, mais l’écriture, comme la déclamation, peuvent être amusantes. Grâce aux activités ludiques, les enfants se déstressent et après, ça part. » Les participants seront invités à s’imaginer à la place d’un élément culturel : un objet, un instrument, une plante, une île… L’objectif pour les deux artistes est de les guider vers la création. « À travers les ateliers artistiques, on montre aux enfants qu’ils sont créateurs. On leur donne des outils et à eux de s’en saisir pour créer… La création est une forme d’estime de soi », explique Paul Wamo. Pour Jeff Taneri, l’important est de mettre en contact les enfants avec les percussions traditionnelles, qu’ils y soient exposés, qu’ils y touchent, qu’ils comprennent et sachent nommer les rythmes de base, chaque instrument. « Ils choisissent ensuite s’ils veulent en faire ou pas mais au moins ils les connaissent. Souvent, ils sont plus attirés par la danse et quand ils commencent à prendre du poids, c’est bien aussi les percu ! (rires) » C’est aussi une question de transmission. « On est dans la transmission. C’est notre but. On ne fait pas ces choses-là pour les garder pour soi, il faut donner, il faut transmettre », met en évidence Paul Wamo.

Une rencontre « artistique »

Non seulement les enfants vont apprendre à écrire, à jouer des percussions traditionnelles, à s’exprimer mais ils vont aussi côtoyer deux véritables artistes. Pour Mylène Raveino, c’est une chance qui fait également la richesse de cet atelier. « Ce ne sont pas juste des animateurs, ce sont des artistes. C’est aussi une rencontre avec de vrais professionnels. Les enfants vont apprendre des techniques, créer, s’ouvrir, et peut-être se lâcher… On est tous plus ou moins coincés, ça fait honte de parler fort et de dire des choses. » Quand viendra le temps de mixer la création des uns avec celles des autres, il faudra aussi apprendre à écouter. « Ils feront tout ensemble. Des liens vont se créer, de l’amitié va naitre. Ils auront le temps d’apprendre à se connaitre. » Tout l’intérêt des échanges culturels, ce sont bien évidemment ces rencontres. Les événements culturels mènent bien souvent à d’autres événements culturels…

PRATIQUE

• Atelier programmé du 17 au 21 février, pendant les vacances

• Pour les enfants âgés de 10 à 13 ans

• Il est possible de s’inscrire jusqu’au 14 février, en se présentant à la Maison de la culture

• Deux ateliers en matinée de 8h30 à 11h45, pause

déjeuner, puis ils reprendront de 13h à 14h30

• Une restitution, sorte de mini-show, sera présentée le vendredi

Encadrés

Jeff Taneri, musicien et compositeur

Jeff a commencé comme danseur chez Temaeva avant d’en devenir un des batteurs. Après des études de percussions classiques au Conservatoire, il s’est vraiment intéressé aux percussions traditionnelles avec le festival des arts à Nouméa en 2001. « C’était le premier spectacle que je faisais où le chef d’orchestre n’avait mis aucun toma, un morceau qui marque les changements entre chaque mouvement. Je me suis dit : “C’est possible !” Il y a eu une période, on entendait le toma partout. C’était redondant et répétitif, c’était presque téléphoné. Tu savais ce qui allait suivre. Sans toma, c’était la surprise. Si tu n’étais pas batteur dansce groupe, tu ne pouvais pas comprendre ce qui se passait. » Attiré par le son, il a fait des études d’ingénieur du son en Australie et a travaillé à ce titre sur le Heiva, avant d’intégrer TNTV comme technicien vidéo et transmission. Il a participé à plusieurs groupes en tant que chef d’orchestre : Tamarii Tipaerui, et Hei Tahiti avec lequel il fait les shows dans les hôtels. Enfin, c’est le compositeur des musiques du spectacle littéraire Pina’ina’i depuis 2013. Dans ce cadre, il compose des musiques aux influences extérieures mais avec la griffe traditionnelle.

Paul Wamo, poète et performer

Paul Wamo Taneisi, est un poète performer kanak de Nouvelle-Calédonie. Il se situe entre écriture et oralité. Auteur de plusieurs livres* mais aussi d’albums de musique**, il écrit et déclame. C’est en 2000 qu’il a livré ses premiers textes rap avant de s’orienter vers la poésie et le slam suite à la rencontre du poète et éditeur Frédéric Ohlen. Figure emblématique de la poésie contemporaine en Nouvelle-Calédonie, c’est un artiste hybride pour qui la poésie est un état d’urgence. Il désire aussi donner l’envie d’écrire aux jeunes générations.

* 3 saisons, et Je n’aime pas Loti, éd. Les Petites All&es, 2016 ; J’aime les mots, coéd. L’Herbier de Feu / Grain de Sable, 2008 ; et Le pleurnicheur, éd. L’Herbier de Feu, 2006

** Haut Parleur Pacifique en 2018 ; SOL , Shok ?! Prod en 2015 ; J’aime les mots, coéd. L’Herbier de Feu / Grain de Sable en 2008

© AETI

Légende

Paul Wamo, slameur et poète, Mylène Raveino, responsable des activités permanentes à la Maison de la culture et Jeff Taneri, musicien et compositeur.

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