Hiro’a n° 148 – La culture bouge : Un spectacle lyrique en tahitien

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La culture bouge – Conservatoire artistique de Polynésie française – Te Fare Upa Rau

Un spectacle lyrique en tahitien

Rencontre avec Frédéric Cibard, chargé de communication du Conservatoire artistique de Polynésie française, Gabriel Cavallo et Emmanuelle Vidal, professeurs à l’origine du projet. Texte et photos : MO

Pour le grand concert annuel de l’orchestre symphonique, le CAPF a placé la barre très haut : proposer un spectacle lyrique en tahitien inspiré d’une œuvre italienne. Son nom : Te tura mā΄ohi.

L’orchestre symphonique du Conservatoire propose chaque année de remarquables prestations. Composé d’une soixantaine de musiciens, professeurs, élèves avancés et musiciens locaux, il a pour mission de revisiter le répertoire classique mais également de proposer l’interprétation de répertoires plus contemporains. Cette année, ce sera un classique… peu « classique ».

Une première mondiale

Le projet peut sembler un peu fou, mais Gabriel Cavallo a tenu à le présenter au Conservatoire, qui a accepté d’en faire une première mondiale : un spectacle lyrique en tahitien. « Ce n’est pas la première fois que des airs d’opéra sont traduits et chantés en tahitien », explique Gabriel Cavallo. Mais une pièce entière, si. « J’ai ce projet en tête depuis de nombreuses années. Le but est de montrer aux Polynésiens que le tahitien est une langue très bien adaptée au chant lyrique. »

L’œuvre choisie, c’est Cavalleria rusticana de Pietro Mascagni. Cet opéra italien en un seul acte, Gabriel Cavallo l’a entièrement traduit en tahitien et a transposé l’histoire dans le monde polynésien de la fin du XIXe siècle. « Le défi est d’adapter les paroles à la mélodie, mais aussi d’adapter l’expression des émotions au monde polynésien parce que l’Italien ne les exprime pas de la même manière que le Tahitien. »

Une préparation intense

Un opéra suppose une symbiose de l’orchestre symphonique et du chœur des adultes. « Ces deux formations ont commencé à travailler ensemble. Il faut faire en sorte que les deux chefs arrivent à un ressenti mutuel pour qu’il y ait de l’harmonie et nous n’y sommes pas encore », explique Frédéric Cibard. Les deux chefs, ce sont Frédéric Rossoni pour l’orchestre symphonique et Nathalie Villereynier pour le chœur. Pour chacun d’eux, le travail de préparation est énorme. « Jean-Marie Dantin et Gabriel Cavallo ont initié un travail considérable sur le texte et sur la partie musicale de l’œuvre. Malheureusement, Jean-Marie a dû se retirer et a été remplacé par Nathalie. Les répétitions ont commencé et Frédéric Rossoni continue d’affiner les arrangements musicaux », précise le chargé de communication du CAPF. Le travail avec les solistes aussi est un défi. « Nos interprètes ont du mal à mémoriser le texte car ils ne sont pas locuteurs de la langue », explique Emmanuelle Vidal. Et Gaby Cavallo de préciser : « Cela va donc nécessiter une adaptation scénique. On ne sera pas vraiment dans l’œuvre telle qu’elle devrait être. On va plutôt s’orienter vers un concert avec des figurants. »

Pour le CAPF, ce sera une occasion supplémentaire de permettre une interaction de ses différents départements. « Le département classique, mais aussi celui des danses traditionnelles ou encore le reo tahiti avec des ΄ōrero, tous feront partie de ce spectacle », indique Frédéric Cibard. Un spectacle qui devrait rassembler environ une centaine de personnes qui se produiront les 15 et 16 mai 2020 à 19h30 sur la scène du Grand théâtre de la Maison de la culture.

Légende

Gabriel Cavallo, attentif aux répétitions de l’opéra qu’il a traduit en tahitien.

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