Hiro’a n°143 – Trésor de Polynésie : L’herbier du musée de nouveau ouvert

L’herbier du musée de nouveau ouvert 

Rencontre avec Mahinatea Gatien, assistante de conservation des collections naturelles et Tamara Maric, conservatrice au Musée de Tahiti et des îles. Texte et photos : Lucie Rabréaud 

 

L’aménagement des nouveaux locaux de l’herbier de Polynésie française en 2018 a permis au Musée de Tahiti et des îles de rouvrir un espace de travail, à la fois de recherche pour les experts et pédagogique pour les scolaires. Le recrutement de Mahinatea Gatien, assistante de conservation des collections naturelles, offre une nouvelle dynamique. 

 

Voilà à quoi ressemble un herbier : une petite salle toute blanche remplie d’armoires métalliques dans lesquelles reposent ce que l’on appelle des « parts », bien rangés sur des étagères selon leur genre, famille et espèce. Une part est une grande feuille blanche où est disposée délicatement une plante séchée à côté de son étiquette avec une foule d’informations. Une commode à tiroirs abrite les fleurs et les graines, conservées dans des flacons remplis d’alcool. Longtemps cantonné dans la partie des collections naturelles des réserves du musée, uniquement accessible à de rares chercheurs, l’herbier a désormais un bâtiment qui lui est spécialement affecté. On y trouve des plantes rares, d’autres en voie de disparition, et aussi celles que l’on peut toujours observer aujourd’hui. Ce déménagement est l’occasion de relancer une dynamique qui s’était essoufflée ces dernières années : traitement de nouvelles parts d’herbier collectées récemment, remise en route de la base de données Nadeaud dans un futur proche, etc. « C’est une base de données extraordinaire, car on sait où les plantes ont été récoltées, on peut donc suivre l’évolution de l’écosystème », précise Mahinatea Gatien, assistante de conservation des collections naturelles. 

 

Mémoire de la flore polynésienne 

Les collectes de plantes polynésiennes ont débuté lors du premier voyage de James Cook à Tahiti, durant lequel le botaniste Joseph Banks a collecté des plantes sur Tahiti et Moorea (collections conservées au British Museum). Plus récemment, en 1966, M. Huguenin, puis Messieurs Morat, Veillon, Guérin et Whistler ont collecté de nombreuses plantes. Certaines parts plus anciennes remontent à la fin du XIXe siècle, lorsque le docteur Jean Nadeaud, passionné de botanique, a récolté la plus belle collection représentative de la flore de Tahiti de l’époque. La plus grande partie en a été déposée au Muséum national d’Histoire naturelle de Paris, mais d’autres parts sont conservées dans l’herbier du Musée de Tahiti et des îles. En son honneur, la base de données porte son nom. 

En 1993, à l’issue de sa mission, l’Institut de recherche pour le développement (IRD) a transféré l’herbier à la Polynésie française, qui en a confié la gestion au Musée de Tahiti et des îles. Durant toutes ces années, Corinne Ollier, agent de l’IRD, gérait la confection des parts et la base de données Nadeaud. 

Depuis son départ à la retraite il y a quelques années, l’herbier sommeillait jusqu’à cette rénovation des locaux. Des botanistes, comme Jean-François Butaud, viennent régulièrement y déposer des spécimens. Mahinatea Gatien est chargée de leur traitement, un processus bien précis (de séchage, congélation et montage en parts), qui permettra de les conserver sur le long terme. 

Aujourd’hui, l’herbier compte plus de vingt mille parts : « Il nous montre la richesse incroyable de l’écosystème qui n’est pas si connu », estime Tamara Maric, conservatrice au musée. Une collection extraordinaire qui sera désormais plus accessible aux chercheurs, étudiants et écoles.  

 


 Pratique 

  • Des visites de l’herbier seront programmées en septembre pour les journées du patrimoine.
  • Pour consulter les collections : contacter le musée au 40 548 435 ou [email protected]

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