N°102 – 19 objets du Musée de Tahiti et des Îles au quai Branly

Musée de Tahiti et des îles – Te Fare Manaha5691-HAZ-6-pt

 

Rencontre avec Théano Jaillet, directrice du Musée de Tahiti et des îles.

Texte : M.D ; Photos : D. Hazama – MTI.

 

« Mata Hoata, art et société aux îles Marquises » : c’est le nom d’une exposition consacrée à la Terre des Hommes prévue du 12 avril au 24 juillet 2016 au Musée du quai Branly, à Paris. 19 pièces marquisiennes des collections du Musée de Tahiti et des îles vont faire le voyage pour y être exposées.

La galerie jardin du célèbre Musée de la capitale « où se croisent les cultures » accueillera le mois prochain une exposition qui montrera la richesse des arts des îles Marquises du 18ème siècle à nos jours. Plus de 300 objets composeront « Mata Hoata », « les yeux purs, brillants et clairs » selon la présentation de l’exposition du Musée parisien. Une partie des objets exposés provient des différentes collections du Musée du quai Branly et une autre est issue de celles des musées prêteurs. Le Musée de Tahiti et des Îles en fait partie et 19 objets de ses collections vont ainsi voyager dans des conditions minutieuses afin d’être montrés au public métropolitain.

 

Une convention de prêt établie depuis plusieurs mois

 

Une exposition comme « Mata Hoata » se prépare plus d’un an à l’avance. Le temps de réunir tous les objets et de réfléchir à la mise en place des sections, mais surtout pour lancer les procédures administratives inhérentes aux prêts d’œuvres. « Tous les Musées possèdentune base de données dans laquelle les œuvres sont répertoriées » nous confie Théano Jaillet, directrice du Musée de Tahiti et des Îles. « Les commissaires d’exposition consultent ces inventaires que nous avons et nous formulent des demandes de prêts. C’est ce qui s’est passé avec le Musée du quai Branly ». Une convention de prêt d’œuvres est établie et les pièces prêtées sont listées. Dans le cas de « Mata Hoata », onze objets ont d’abord été sollicités par le Musée parisien. La liste a donc été transmise à l’équipe scientifique de l’établissement polynésien qui a proposé une liste complémentaire : « Nous avons pensé que d’autres objets en notre possession pouvaient enrichir le propos de l’exposition « Mata Hoata ». Le commissaire d’exposition a complété sa liste avec sept autres objets avant qu’une dernière demande ne nous soit transmise un peu plus tard concernant la 19ème pièce, une photographie ancienne », complète Théano Jaillet. Pour le Musée de Tahiti et des îles, il est important d’être présent lors de cette exposition parisienne pour faire rayonner le patrimoine local.

 

Un transport minutieux des objets prêtés

 

Une partie des objets est exposée dans les collections permanentes et d’autres sont en réserve. Les œuvres empruntées sont des pièces majeures et font parties des plus beaux objets du Musée de Tahiti et des Îles. L’envoi des pièces est planifié et la direction du Musée de Tahiti et des Îles n’a pas souhaité qu’elles soient expédiées rapidement. « Certaines de ces pièces sont parmi les plus belles de nos collections et sont exposées de manière permanente. Il aurait été dommage qu’elles quittent nos vitrines rapidement et qu’elles soient stockées jusqu’à l’ouverture de l’exposition du musée du quai Branly, car il y a des visiteurs tous les jours ici à Punaauia, à qui nous voulons les montrer », explique Théano Jaillet. Les visiteurs peuvent donc encore profiter jusqu’à la fin du mois de mars de ces quelques objets d’exception. Car les caisses de transport faites sur mesure pour ces 19 objets partiront pour la Métropole à la fin du mois. Elles doivent en amont être minutieusement préparées pour que les conditions de voyage soient optimales. La partie administrative représente la première phase et la préparation des objets la seconde. « Il y a un constat d’état au départ et à l’arrivée des objets », explique Theano Jaillet. « Le constat d’état est un moment très important avant l’emballage et lors du déballage. Il est effectué entre le responsable du Musée prêteur et celui du Musée emprunteur. Les moindres fissures doivent être notées avec le plus de précision possible car s’il y a des objets endommagés pendant le transport, c’est le Musée emprunteur qui prend en charge l’intégralité des frais de restauration », complète la directrice. Ainsi, les caisses de transport qui contiendront les objets sont essentielles et leur fiabilité doit être parfaite. Conçues par une société spécialisée, elles maintiennent les pièces avec des mousses et membranes pour absorber les chocs. Plus résistantes, elles sont également censées garantir une excellente conservation.

 

Des pièces d’exception

 

Parmi les 19 pièces qui vont faire le voyage figurent des objets de grande valeur. Il y a par exemple un tiki marquisien en basalte datant de la première moitié du 19ème siècle, voire même d’avant. Il est devenu un symbole du Musée de Tahiti et des Îles. On peut aussi évoquer les ivi po’o, près de six au total et tous fabriqués en os humain avant le 19ème siècle. Ou encore le perce-oreille en écailles de tortue. Des pilons, une pipe ou encore des modèles réduits de pirogues anciennes sont dans la liste. Chacun d’entre eux fait l’objet d’une présentation technique détaillée. L’origine, les dimensions, la datation, les conditions de conservation ou encore la valeur d’assurance y figurent et sont jointes à la convention de prêt d’œuvres. Au Musée de Tahiti est des Îles, plus de 18 000 objets sont répertoriés et un peu moins de 2 000 exposés dans les collections permanentes.

 

 

 

L’exposition « Mata Hoata, art et société aux îles Marquises » au Musée du quai Branly

Du 12 avril au 24 juillet 2016

Galerie Jardin du Musée du quai Branly, Paris

 

Quatre sections sont prévues pour faire voyager les visiteurs à travers les époques qui ont rythmé la vie artistique marquisienne :

 

  • Première section : Introduction / Mata

Présentation des îles Marquises, selon le point de vue marquisien. Elle débutera par une introduction qui relatera le mythe de la création des îles marquisiennes. Ce récit de genèse, où l’archipel est métaphoriquement comparé aux éléments d’une maison, sera complété par un ensemble de cartes et de documentation. La deuxième partie de la section sera consacrée à la place centrale occupée par la figure humaine, en particulier le visage et les yeux, dans l’art des îles Marquises, ce qui explique le titre de cette exposition : « Mata Hoata, art et société aux îles Marquises ».

 

  • Deuxième section : Les Marquises avant le contact avec l’occident

La richesse des arts sera explorée à travers six sous-sections : la vie quotidienne, la religion et les dieux, les tatouages, les ornements et les marques de statut social, les festivals et la guerre. Des objets de rituels, les funérailles marquisiennes, les motifs de tatouages ou encore des objets utilisés lors d’événements anciens seront montrés dans les différentes sous-sections.

 

  • Troisième section : Les changements après le contact avec l’occident

Elle sera composée de trois sous-sections qui montreront l’influence du contact avec l’Occident sur les arts marquisiens tout au long du 19ème siècle. Le début du 19ème sera d’abord abordé et le changement commence à être constaté avec l’introduction de nouveaux matériaux et de nouvelles techniques comme la pyrogravure. Un nouveau style d’art est également apparu au milieu de ce siècle et une trentaine d’œuvres viendra illustrer cet aspect. Enfin, la fin du 19ème siècle et la chute démographique notamment seront présentées à travers la problématique de la sauvegarde de l’art marquisien.

 

  • Quatrième section : Arts contemporains

Cette partie sera consacrée à la résurgence des arts à la fin du 20ème siècle et au rôle des arts dans le maintien de la culture au début du 21ème siècle puisqu’ils préservent la vitalité de la culture et cultivent la fierté de cette appartenance. Seront ici évoqués la résurgence du tatouage et l’importance des festivals de danse et d’arts traditionnels.

 

  • Section transversale : Galerie de portraits des Marquisiens vus par les occidentaux

Elle présentera un ensemble de 30 portraits originaux et les détails sur les différentes manières dont les visiteurs venus de l’extérieur (explorateurs, missionnaires, artistes, etc.) ont vu et présenté les îles Marquises tout au long du 19ème siècle grâce à des gravures, des peintures, des dessins humoristiques et des photographies. Les différentes visions empruntent une large palette, allant du romantisme à l’illustration documentaire du théâtre historique en passant par des caricatures.

 

Si vous êtes de passage à Paris entre le 12 avril et le 24 juillet, ne manquez pas d’aller faire un tour au Musée du quai Branly pour découvrir cette fantastique exposition qui regroupe des trésors de notre patrimoine habituellement disséminés à travers le monde.

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