N°91 – Tifaifai, trésor du patrimoine polynésien

Béatrice Le Gayic, présidente de l’association Te api niu o te tifaifai.Service de l’artisanat traditionnel – Te pihatoro’a a te rima’i

Rencontre avec Béatrice Le Gayic, présidente de l’association Te api nui o te tifaifai

Texte et photos : ASF

 

Tifaifai d’antan et créations originales sont autant de trésors que l’association Te api nui o te tifafai tente de conserver en faisant l’acquisition d’une nouvelle pièce quasiment chaque année. Une collection qui s’inscrit dans le patrimoine artisanal polynésien.

Tous les mercredis, à l’association Te api nui o te tifaifai, les femmes se réunissent pour imaginer et coudre des tifaifai, pièces uniques qui, à l’envie, jouent les couvre-lits, les coussins et les chemins de table dans les maisons ou bien encore se transforment en objet d’apparat dans les temples protestants. Ici, on aime le tifaifai, mais c’est surtout un savoir-faire, une tradition que l’on défend. Depuis 17 ans déjà l’association, présidée par Béatrice Le Gayic, organise le Salon du tifaifai, le rendez-vous incontournable des artisans et des passionnés de couture. Un moment de partage et de créativité qui fait aussi la part belle à la sauvegarde du patrimoine artisanal. « Il y a cinq ans, on s’est rendu compte que les anciens modèles se perdaient, qu’il n’y avait pas de transmission des motifs traditionnels. Depuis, nous imposons en alternance les motifs d’autrefois : une année est dédiée à la création originale, une autre est consacrée à la reproduction d’anciens modèles », explique la présidente de Te api nui o te tifaifai.

Une collection unique qui voyage

Dans cette démarche de protection du patrimoine polynésien, l’association a décidé d’aller plus loin encore en se constituant un fonds de pièces uniques. Soigneusement pliés dans une malle, un peu moins de dix tifaifai, appelés « tifaifai patrimoine », sont aujourd’hui précieusement conservés par l’association. Celle-ci achète, depuis plusieurs années déjà, des pièces uniques à ses membres (une par an quand les finances le permettent) afin de se constituer une collection. Dans cette malle à trésors, on trouve ainsi des tifaifai aux modèles d’antan comme l’éventail, des célébrations de la nature avec les thèmes du pandanus, des fruits du fenua, des richesses de la mer ou bien encore des sujets laissant place à l’imagination et à la créativité comme « bouquet de fleurs » ou « décor d’amour », thème qui avait été retenu lors du salon organisé en 2006. Tous ces tifaifai ont nécessité plusieurs mois de travail : découpe, montage et couture à la main sont réalisés avec beaucoup de finesse et de doigté. En couture, le point avant est toujours d’actualité et se transmet de mère en fille, mais on retrouve également les points de broderie, toujours très appréciés du public.

Ne pensez pas que ces pièces uniques dorment, oubliées dans une malle. A chaque déplacement à l’étranger, dans le cadre d’une exposition, les membres de Te api nui o te tifaifai, les glissent dans leurs valises. « C’est l’occasion pour nous de montrer toute l’étendue de notre savoir-faire polynésien à travers de grandes pièces, car généralement nous ne vendons que des petites pièces, des coussins et des chemins de tabledans ce genre d’expositions. A travers l’art du tifaifai, c’est aussi l’opportunité de faire la promotion du fenua », souligne Béatrice Le Gayic qui a notamment participé à des salons en Californie.

Coudre les songes

Pour l’heure, la principale préoccupation de l’association est le 17ème salon du tifaifai qui a débuté le 27 mars, à l’Assemblée de la Polynésie française. Cette année, la trentaine d’artisans présents a planché sur le thème biblique « les songes de Joseph ». Un motif très ancien composé de gerbes des champs et d’étoiles que les exposants peuvent reproduire fidèlement ou revisiter. « C’est un thème biblique qui nous rappelle que le tifaifai, autrefois, était utilisé dans un cadre précis, pour des événements importants. Lors de célébration religieuse, il était par exemple  en bonne place dans le temple », tient à préciser Béatrice Le Gayic. Nul doute que le plus beau, à l’issue du salon, rejoindra la malle aux « tifaifai patrimoine ».

17ème salon du tifaifai : Pratique

Jusqu’au 9 avril

A l’assemblée de la Polynésie française

Entrée libre

+ d’infos : www.artisanat.pf

 

 

 

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