N°91 – Audace et créativité

B04A8845Centre des Métiers d’Art

Rencontre avec Viri Taimana, directeur du Centre et les élèves de 3ème année.

Texte et photos : SF.

 

Les élèves du Centre des Métiers d’Art présentent leur projet visant à définir leurs capacités à produire une réflexion autour d’une thématique personnelle.

Ils ont passé leur diplôme blanc le 9 janvier dernier. Les élèves de 3ème année du Centre des Métiers d’Art rentrent désormais dans la dernière ligne droite avant leur examen final en juin prochain. Mais, avant de se lancer dans la conception de leur œuvre pour le diplôme, ils ont présenté leur projet aux professeurs.

Dans la salle d’exposition du Centre des Métiers d’Art, les neuf élèves de 3ème année terminent les derniers ajustements avant de passer tour à tour devant les professeurs du Centre, pour présenter leur thématique personnelle. « Ce cours est une réflexion sur le sujet du diplôme, explique Viri Taimana, le directeur du Centre, On est sur la méthodologie, notre rôle est de vérifier si leur discours tient la route et si ils sont dans la bonne voie ». Les élèves ont eu une semaine pour préparer et présenter leur thématique. Un temps trop court pour certains qui n’ont pas réussi à finir leur travail. « Mon idée originale était de faire un plat en bois comme le umete dans lequel on met le poe ou des fruits. Mais j’ai dû improviser », avoue Ioane, quelque peu confus. Pris par le temps, l’élève de 28 ans a finalement réalisé une boîte à compartiments alimentaires dont la forme s’apparente plus à un bentô japonais. « J’ai voulu intégrer des motifs à l’extérieur comme à l’intérieur, il s’agit de motifs des archipels de la Société et des Australes », explique le jeune étudiant en sculpture. Viri Taimana, assis sur le banc aux côtés des trois autres professeurs du Centre, conseille à Ioane d’affiner sa technique d’assemblage pour son œuvre finale. « Tu dois complexifier la chose, et peut-être même inventer de nouveaux outils ! », avant de passer le tour à Kahara, 21 ans, étudiante en gravure. La jeune femme présente un prototype: une tenture en nylon habillée de nacre. Au mur, elle a collé des dessins sur lesquels figurent des motifs. « L’idée est de créer un élément de décoration avec des motifs de tatouages marquisiens », explique Kahara qui a fait des recherches dans le livre de l’explorateur allemand Karl von den Steinen. « Je me suis inspirée de ceux qui avaient été tatoués sur les jambes d’une princesse ». « Laquelle ?, interroge Viri, Tu dois savoir précisément. Pour ton examen, il faudra que tu aies la réponse pour chaque question ! ».
Les animaux, un sujet majeur
Kahara n’est pas la seule à travailler sur la nacre, trois autres élèves utilisent également cette matière dans leur projet. Tuheirai, 28 ans, a décidé de graver des poissons, plus précisément des carangues ou paihere, pour en faire des bijoux : un bracelet, une barrette ou une parure. « J’ai lié avec du fil de fer une dizaine de paihere car ils se déplacent en bande», explique ce pêcheur dans l’âme qui affectionne particulièrement ce poisson cuit. Sa voisine, Moea, expose un collier en nacre avec des motifs de tressage. Christina se sert de ce matériau pour réaliser des broches en forme de pahi. Appelé également le martin-chasseur, cet oiseau qui, après avoir disparu dans les années 90 de l’île de Hiva Oa aux Marquises, existe aujourd’hui uniquement sur l’île de Tahuata. « Je veux sensibiliser la population. J’ai pensé aussi à le décliner en badges pour les enfants ». « Pense à un business plan et ne t’arrête pas à un seul oiseau ! » conseille très justement l’un des professeurs séduit par l’œuvre, autant que par celle de Maire, 22 ans.

Des élèves créatifs et audacieux

La jeune femme a présenté un pouf dont la forme a été inspirée d’Etua, une représentation divine des ancêtres. Pour décorer l’objet, l’élève a conçu des housses avec des motifs marquisiens. « Je souhaite décliner les motifs et faire des sièges pour enfants », précise l’élève. « Elle est très chouette ton idée !, lance l’une des deux professeures. Mais pense aussi à essayer d’autres matières et différentes couleurs ». L’élève suivante, Keziah, 20 ans, présente une robe en mousseline avec un collier en nacre. Etudiante en gravure, la jeune femme souhaite sur ce projet associer cette matière avec sa passion : la couture. « Pense à la coiffe !, rappelle Viri Taimana, Tous les éléments de ton œuvre doivent aller ensemble ! ».  Manaarii, 22 ans, et Jean-Pierre, 44 ans, deux étudiants en sculpture, ont décidé de travailler le bois. Le premier présente un oiseau, l’aigrette sacrée ou le otu’u. Ce petit héron est caractéristique des récifs coralliens et des plages où il est facilement repérable par sa grande taille. « Je veux intégrer des motifs polynésiens et le faire suspendre pour avoir cette idée d’envol. J’ai toujours rêvé de voler », confie l’élève. Un projet un peu trop audacieux aux yeux des professeurs qui lui conseillent de se concentrer sur la fabrication de plusieurs types oiseaux plutôt que de tenter de matérialiser une idée philosophique. Jean-Pierre présente un oini en bois, un plat traditionnel utilisé pour mettre les aliments du ma’a tahiti. Les professeurs lui recommandent de décliner son objet sous différentes matières. « Ce travail est un entrainement pour le diplôme ! » ajoute le directeur du Centre avant de rappeler qu’ils ont jusqu’en juin pour concevoir l’« œuvre parfaite » pour leur examen. « Allez, courage ! » conclut-il.

 

Exposition des œuvres des diplômés : Pratique

Vendredi 19 juin, à 18h30

Au Centre des Métiers d’Art

Entrée libre

+ d’infos : 40 43 70 51 – www.cma.pf

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