N°81 – « La littérature du Pacifique explore l’amour dans un sens très large »

Elle écrit dans la langue de Shakespeare les histoires du peuple maori d’hier et d’aujourd’hui. Elle est la romancière maorie la plus connue et reconnue de Nouvelle-Zélande : Patricia Grace sera présente au 14ème salon Lire en Polynésie, qui se tient à la Maison de la Culture du 5 au 8 juin.

En tant qu’écrivain, comment concevez-vous votre rôle ?

Je ne pense pas tellement à ce que doit être mon rôle en tant qu’écrivain. Mon objectif principal est de raconter une histoire du mieux que je peux, en réfléchissant en profondeur aux personnages, aux relations, au style de narration, à la langue et comment faire marcher les mots, comment faire que tout s’harmonise dans le récit.

Quelles sont vos sources d’inspiration ?

La vie de tous les jours, les expériences, le partage, les évènements, les voyages, les médias, l’interaction sociale, les échanges, les gens, l’identité, la lecture, la recherche…

Quel regard portez-vous sur la littérature océanienne ?

C’est une littérature fraîche, intéressante, importante pour la vision océanienne qu’elle transmet.

Qu’est-ce que « l’amour », thème de ce salon Lire en Polynésie, vous inspire ?

Il existe plusieurs types d’« amour » dans le Pacifique et la littérature autochtone. Alors que d’autres littératures explorent principalement l’amour, autrement dit, entre un homme et une femme, la littérature autochtone du Pacifique explore l’amour dans un sens beaucoup plus large. Par exemple, l’amour entre les générations, y compris l’ascendance, l’amour dans la famille élargie, l’amour de l’environnement terrestre et maritime.

D’après vous, existe-t-il un art d’aimer ?

Je ne conçois pas l’amour comme un art.

Comment faites-vous pour imaginer puis écrire avec autant de force et de sensibilité des histoires que vous n’avez vous-même pas vécues ?

Je crois que, d’une certaine façon, j’ai vécu les histoires que je raconte. J’ai écrit le roman « Tu » qui porte sur ​​la guerre. Je ne l’ai pas vécu directement, mais mon père est parti à la guerre et je me souviens de ces moments et ce que ça représentait, pour nous, dans la société de l’époque. Partant de là, je n’avais plus qu’à faire fonctionner mon imagination sur la base de mes recherches.

Le dernier ouvrage qui vous a marquée ?

Je lis en ce moment un livre qui s’intitule « The Newest Country in the World –  A history of New Zealand in the Decade of the Treaty » de Paul Moon. Il est intéressant, car il met en lumière différentes personnalités au moment de la signature du Traité de Waitangi.

Quel est votre livre de chevet en ce moment ?

Un livre que j’aime beaucoup : « Beloved », de Toni Morrison*.

Quel est le dernier livre que vous ayez offert ?

Mon dernier livre, « Ned and Katina », publié en 2009.

 

Un mot sur vos futurs projets ?

J’ai récemment terminé une nouvelle et j’attends le retour des éditeurs.

 

* Le livre raconte l’histoire de Sethe, une ancienne esclave, hantée par le fantôme de sa famille. Sethe et sa fille Denver essayent de reconstruire leur vie après avoir échappé à l’esclavagisme.

Vous aimerez aussi...