N° 82 – Quand le geste quotidien devient sport

Rencontre avec Enoch Laughlin, président de la Fédération des sports et jeux traditionnels. Rédaction : VH.

 

Depuis 2006, le Heiva i Tahiti est également le théâtre du Heiva Tu’aro Ma’ohi. Les concours de sports traditionnels illustrent l’adresse, la force, l’endurance et l’habileté des Polynésiens dans de nombreuses disciplines nées il y a très longtemps de gestes quotidiens. Voici leur histoire.

 

 

La course de porteurs de fruits

Autrefois, pour transporter leurs produits (fruits, tubercules) d’une vallée à une autre, les agriculteurs les attachaient à un morceau de bois. À l’origine, ce concours vient de l’île de Taha’a, où plusieurs habitants se sont lancés un défi : le premier arrivant en bout de course avec sa charge de fruits sera désigné comme l’homme le plus fort du village. Aujourd’hui, la course des porteurs de fruits consiste à transporter une charge de produits agricoles sur un parcours d’une distance de 1 000 à 1 300 mètres pour les hommes, et de 800 à 1 100 mètres pour les femmes. Il existe six types de course selon la catégorie et l’âge, avec des poids allant de 15 à 510 kg, sans oublier la course aux flambeaux et la course de relais.

 

Le javelot, arme de chasse et de guerre

L’épreuve de lancer de javelot, patia fa, qui consiste à viser et toucher le plus grand nombre de fois une noix de coco plantée sur un mât de 9,50 mètres de hauteur, vient d’une pratique guerrière et de chasse. « Autrefois, le javelot était une arme. Lorsqu’il y avait des conflits, les clans des districts préparaient leurs guerriers. Il y avait deux façons de lancer : à hauteur d’homme, ce qui correspond à l’arme de guerre ; et en hauteur, pour chasser les oiseaux entre autres. Au fil du temps, cette activité est devenue une pratique sportive. Dans certaines îles, la noix de coco est placée à 2 mètres de hauteur sur une longue distance, mais la pratique la plus répandue nous vient de Anaa, aux Tuamotu, où la noix est à 9,50 mètres de hauteur et le lanceur à 22 mètres de distance. »

 

Le lever de pierre pour se faire accepter

« Le lever de pierre vient de Rurutu. Il se pratiquait lors des fa’ati, des tours de l’île traditionnels. Pour fêter le passage de la nouvelle année, les habitants s’arrêtaient dans chaque village où il y avait des levers de pierre pour désigner l’homme fort de l’année. C’était aussi une façon pour les hommes de faire valoir leur force auprès des jeunes femmes…» Aujourd’hui, cette épreuve dite amora’a ‘ofa’i, consiste à soulever une pierre le plus rapidement possible, depuis le sol jusqu’à l’épaule, et à la stabiliser, en position debout et en équilibre, une seule main au contact de la pierre, pendant un certain temps. Ouverte aux hommes et aux femmes, le poids de la pierre varie de 65 à 150 kg selon la catégorie et le poids de l’athlète.

 

Le coprah et le grimper au cocotier, nés en toute intimité

La préparation du coprah est une pratique très répandue dans les îles. « Pour donner plus d’enjeu à leur activité, les travailleurs se lançaient des défis entre eux. Il en va de même pour le grimper de cocotier. L’homme qui montait le plus vite était bien vu, si bien que les autres voulaient aussi prouver leur adresse, leur dextérité à monter en haut d’un cocotier. »

Aujourd’hui, l’épreuve de préparation du coprah, dite pa’aro ha’ari, consiste à ouvrir, en un minimum de temps 50 à 150 noix de cocos entières selon la catégorie, à en extraire entièrement la pulpe, à la stocker dans le sac prévu à cet effet et à nettoyer l’espace de travail du ou des concurrents. Elle est ouverte aux hommes et aux femmes. Pour l’épreuve de grimper au cocotier, il s’agit tout simplement de monter le plus rapidement possible à un cocotier. La difficulté vient surtout du choix du cocotier, qui sera le moins incliné possible…

 

Une régate pour préserver un moyen de transport ancestral

Pour les régates de va’a taie, les pirogues à voile traditionnelles, les participants doivent naviguer en utilisant le vent, la houle et une seule pagaie de gouvernail comme modes de propulsion. La participation aux courses est ouverte à tout participant possédant un va’a taie de fabrication traditionnelle. « Cette épreuve permet surtout de préserver un moyen de navigation ancestral », conclut Enoch Laughlin.

 

 

Heiva Tu’aro Ma’ohi 2014 : pratique

– Samedi 12 juillet aux jardins de Paofai, à 15h : courses de porteurs de fruits

– Dimanche 13 juillet au Musée de Tahiti et des îles, à 10h : lancer de javelots individuel (patia fa), coprah équipe vahine, lancer de javelots par équipes (patia ai), lever de pierre (vahine, léger, moyen, master) et coprah équipe tane

– Lundi 14 juillet au Musée de Tahiti et des îles, à 11h : lancer de javelot te vahine, lancer de javelot Iaora Farani, lever de pierre (lourd, super lourd, extra lourd), coprah individuel tane, grimper au cocotier

– Samedi 19 juillet à la pointe Vénus, à 10h : régate de pirogues à voiles traditionnelles

+ d’infos : 87 77 09 05

 

 

Heiva va’a : quand la grâce et la force se conjuguent

 

Les courses de va’a sont parmi les moments les plus intenses des festivités de juillet : ce sport spectaculaire réunit près d’un millier de participants, femmes et hommes, cadets, juniors et seniors, qui doivent avant tout faire preuve d’endurance. Du V1 au V16, les rameurs doivent parcourir entre 2 600 m et 24 km pour la plus longue course. Les écueils sont nombreux et la victoire enivrante, lorsqu’on a su vaincre la houle et le vent tout en maniant son embarcation, qui peut parfois peser jusqu’à plus de 200 kg…

 

Au programme :

• Vendredi 4 juillet : Vahine & Taurea – V6 Marathon (To’ata – Tahara’a – To’ata). Départs à 9h et 13h.

• Samedi 5 juillet : Tane toa – V6 relais (Tour de Moorea), départ à 8h.

• Lundi 14 juillet : Super Tauati – Memorial Édouard Maamaatua. Lagon de Faa’a et arrivée dans la rade de Papeete. Départs à 12h30, 13h et 14h de l’aéroport de Faa’a (arrivée place To’ata).

• Vendredi 18 juillet : 27ème édition Te Aito – courses en V1 à la pointe Vénus. Départ Aito Tama Tuaro no te Ora (enfants) à 9h30, Te Aito Taurea (juniors) à 13h et Te Aito Vahine (femmes) à 13h05.

• Samedi 18 juillet : 27ème édition Te Aito – courses en V1 à la pointe Vénus. Départ Te Aito Matuatua (vétérans hommes) à 9h et Te Aito Tane (seniors hommes) à 12h

 

Renseignements au 40 45 05 44 – www.ftvaa.pf

Toutes les infos sur les festivités sont sur le site www.heiva.pf

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