Centre des Métiers d’Art – Pu haapiiraa toroa rima i

Lead-cequiRencontre avec Alexander Lee, artiste et les élèves du Centre des Métiers d’Art.

 

L’histoire est à nous

 

Du 6 juin au 28 septembre prochain, le Centre des Métiers d’Art proposera au Musée de Tahiti et des îles une exposition inédite orchestrée par l’artiste Alexander Lee avec les travaux des élèves et enseignants du Centre.

 

Alexander Lee, artiste polynésien habitant New York depuis plus de 15 ans, intervient ponctuellement depuis novembre 2012 auprès des élèves du Centre des Métiers d’Art pour les initier à une démarche contemporaine artistique, conceptuelle, critique et créative. Alexander est revenu au Centre en Février dernier pour faire le point sur l’avancée des projets.

L’objectif étant de créer une exposition d’art contemporain revisitant l’histoire et le patrimoine polynésiens tels que vécus par les jeunes créateurs du Centre. « Je leur demande de réfléchir à leur propre relation à l’histoire, et de s’interroger sur la question de leur propre représentation culturelle aujourd’hui, comme un engagement personnel », explique Alexander.

 

Le patrimoine est une matière vivante qu’il nous est permis de modeler…

 

C’est le message de l’artiste aux élèves, illustré notamment par des travaux d’artistes internationaux, mais aussi à travers des débats et des conseils, sur la subtilité des concepts et l’utilisation innovante des outils, afin d’amener à un langage visuel pertinent pour un large public qui, en Polynésie comme ailleurs dans le monde, a des attentes très pointues.

Toute l’équipe du Centre est concernée par cette aventure, élèves et enseignants. Ils ont eu quelques mois après la première intervention d’Alexander pour réfléchir à des propositions artistiques, dont ils ont débattu ensuite tous ensemble. « Pour bon nombre d’élèves, il s’agit de la première fois qu’on leur demande de parler d’eux-mêmes, de ce qui les fait vibrer à la lueur de leur histoire, prévient l’artiste. Nous leur proposons de s’inspirer, s’ils le souhaitent, d’objets conservés par le Musée de Tahiti afin de leur permettre de construire leur réflexion à partir d’une base culturelle concrète. » Un exercice difficile et passionnant, d’autant qu’Alexander place la barre très haut puisqu’il est prévu que l’exposition soit présentée ensuite à New York.

 

Un challenge

 

En attendant, les élèves planchent dur et apprennent les bienfaits de la critique. « Ça prend du temps de trouver la perle rare, leur rappelle Alexander. Il faut travailler dur, tous les jours. Je voudrais que vous soyez davantage fâchés avec vous-mêmes et que vous vous questionniez sur votre devenir. Réfléchissiez de façon ample ! Qu’avez vous à dire et comment pouvez vous apporter quelques chose ? Votre travail est de développer votre voix. Elle deviendra votre meilleur outil et votre meilleur atout. »

A mesure que les idées des élèves émanent – créer une musique interprétant le quotidien de notre société de consommation, raconter l’histoire d’un raz-de-marée, parler de la pluralité des corps, du statut de la femme polynésienne, de la condition sociale –  les enseignants questionnent, orientent, objectent, décomposent, afin de donner forme et consistance aux projets. Sur le plan technique tous les procédés sont permis. Alexander revient au mois de mai, dernière étape avant l’installation de l’exposition qui promet d’être vraiment singulière.

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