Voir autrement… -Février 2012

DOSSIER

 

Rencontre avec Michèle De Chazeaux, Hina Sylvain, Marie-Noëlle Fremy, Guy Wallart, Jean-Philippe Joaquim, Eric Bourgeois, Richard Mai, membres du jury de présélection des films du FIFO.

 

Voir autrement

 

Les membres du jury de présélection du FIFO ont la tâche délicate de choisir une quarantaine de films en et hors compétition parmi près de 200 documentaires. Tâche d’autant plus complexe que faire un choix, c’est forcément exclure et exclure ne veut pas dire que l’on n’aime pas ! Mais c’est grâce à leur regard aiguisé et exigeant que chaque année, le public est de plus en plus enthousiaste et curieux de venir découvrir les documentaires sélectionnés au FIFO.

 

En janvier 2003 se déroulait, à la Maison de la Culture, le premier Festival International du Film documentaire Océanien. Depuis, plusieurs centaines de documentaires et autant de regards inédits venus de toute l’Océanie ont été projetés, reflets de l’évolution sociale et culturelle de ce continent et de la richesse de sa diversité. Cette manifestation devenue incontournable dans le monde audiovisuel est le résultat du travail et la motivation de toute une équipe qui œuvre à sa bonne marche. Parmi les moments les plus importants figure la présélection de films, maillon indispensable de la qualité du festival.

 

Authentique Océanie

 

Le comité de présélection du 9ème FIFO était composé entre autres ? Ils étaient 9 en tout et je n’en vois que 7 de Michèle De Chazeaux, productrice animatrice, Hina Sylvain, responsable des programmes de Polynésie Première, Guy Wallart, réalisateur et éditeur, Richard Mai, responsable de la régie à la Maison de la Culture, Jean-Philippe Joaquim, réalisateur et anthropologue, Marie-Noëlle Fremy, historienne et Eric Bourgeois, producteur multimédia. Nous leur avons demandé de nous livrer leur analyse de la cuvée 2012. Outre des parcours et des sensibilités propres à chacun des membres, ils ont un dénominateur commun : ils sélectionnent les documentaires en fonction de leur capacité à montrer autrement le monde océanien, à réfléchir sur le devenir des hommes qui le peuplent, à dépasser la placide description de la réalité, à sortir des chemins battus de l’exotisme, à faire entendre la parole de tous. Cet engagement que s’est fixé le comité est plus que jamais d’actualité à l’heure de la globalisation et de l’uniformisation. Chaque année, le FIFO a pour mission d’en présenter les tendances (ça fait un peu commerce / fashion, que dirais tu d’histoires ?) les plus originales et les plus pertinentes du monde océanien.

 

Ce qu’ils en pensent…

 

Michèle De Chazeaux, productrice animatrice

« La sélection 2012 est très intéressante ! Pour la première fois, nous avons vu apparaître des documentaires sur la musique, avec des chanteurs aborigènes, de Nouvelle-Zélande, de Nouvelle-Calédonie… C’est un sujet nouveau au FIFO qui fait apparaître une autre voix océanienne. Il est aussi beaucoup question d’éducation, avec la découverte de modes d’enseignements originaux. L’identité et l’environnement sont toujours des problématiques extrêmement présentes. En revanche j’ai le sentiment, à travers le miroir que représente le FIFO, que l’on en est moins à ‘régler des comptes’ qu’à apprendre à vivre ensemble. »

 

Hina Sylvain, responsable des programmes de Polynésie Première

« J’ai le sentiment, notamment dans les documentaires australiens et néo-zélandais, que la notion de pardon est très présente. On pense à ce qu’on a fait subir aux ‘peuples premiers’ et on leur demande pardon. C’est un thème qui est, d’après moi, assez significatif dans cette sélection 2012. Il n’en demeure pas moins une revendication assez forte. Les documentaires polynésiens présentés cette année sont particulièrement intéressants et reflètent bien des problèmes dont on parle peu : l’adoption – sujet ô combien tabou !, la mémoire, certaines pages de l’histoire… »

 

Guy Wallart, réalisateur et éditeur

« Cette année, j’ai eu l’impression que l’on avait moins de films ethnographiques. On est plus dans des problématiques actuelles, voire parfois dans la politique. Il y a toujours de la revendication mais elle est de moins en moins tournée vers une quête identitaire. Signe que l’on a avancé ! En cela, le FIFO est un formidable indicateur des préoccupations océaniennes. Les sujets sont toujours aussi qualitatifs, sérieux et engagés, servis par des images hautes en couleurs. »

 

Jean-Philippe Joaquim, réalisateur et anthropologue

« Dans cette sélection, je trouve que l’on a des contenus très soutenus malgré des niveaux disparates. Certains films ont d’importants budgets avec l’ambition de raconter des histoires originales. Documentaires historiques, animaliers, sociaux, divertissants, l’intérêt de la sélection réside dans son équilibre et sa variété : le public y trouve ce qu’il veut. Les sujets des films sont à chaque fois traités en profondeur. La sélection hors compétition est elle aussi très intéressante, avec des formats parfois moins conventionnels mais tout aussi surprenants. »

 

Marie-Noëlle Fremy, historienne

« C’est ma première année en tant que membre du jury de présélection, mais j’ai toujours été une spectatrice assidue du FIFO ! Globalement, j’ai trouvé les films de grande qualité, autant dans le fonds que dans la forme, avec quelques sujets très audacieux. J’ai même regretté que l’on ne puisse pas en sélectionner davantage ! Mais qu’ils soient en ou hors compétition, les films sélectionnés reflètent une variété de points de vue : tantôt très frontaux, comme le documentaire polynésien ‘Ma famille adoptée’, identitaires (’Le retour de Marius’), ou historiques (‘Utopia Girls)’… Cet exercice de présélection m’a passionné ; cela permet d’enrichir et d’affiner sa connaissance du monde océanien. J’ai d’ailleurs l’intention de retourner voir une bonne partie des documentaires lors du FIFO, afin de les apprécier dans un autre contexte. »

 

Eric Bourgeois, producteur multimédia

« Ce qu’il est important de souligner, c’est la qualité – aussi bien sur le plan technique que sur celui de l’histoire racontée – de tous les films présentés en et hors compétition. Parce que le jury ne peut pas voir l’ensemble des films, il a fallu faire des choix, parfois cornéliens, mais on aurait aimé présenter plus de films en compétition. Bien que l’on ait une dominante néo-zélandaise et australienne, je trouve que les films produits localement n’ont pas à rougir d’être en concurrence avec ceux des anglo-saxons. Le style et la construction diffèrent car les films francophones ont d’autres impératifs en terme de diffusion. Nous avons encore une fois cette année des documentaires forts, avec des sujets inédits ; il n’y a pas de redondance. Le FIFO dresse un très beau panorama de la région et de ses problématiques, amenées par des études sociales, historiques et culturelles très pertinentes. »

 

ENCADRE

Les films du FIFO

 

Au cœur du bush australien, sur les rives Néo-Zélandaises, dans les montagnes de Papouasie ou au plus près de l’âme des Polynésiens, ces films retracent des histoires exceptionnelles sur les réalités des sociétés océaniennes…

J’ai supprimé toutes les lignes de réalisation/production comme convenu.

La sélection en compétition – 16 films

– Hiding behind the green screen. Nouvelle-Zélande (2011)

Comment la musique a bouleversé le quotidien de jeunes maoris en perdition…

– I am the river. Nouvelle-Zélande (2010)

Le film raconte comment les descendants d’une tribu maorie ont récupéré des photographies du XIXème siècle représentant leurs ancêtres.

– October 15. Nouvelle-Zélande (2010)

L’oppression vécue par certains opposants au régime politique en Nouvelle-Zélande.

– Ma famille adoptée. Polynésie française (2011)

L’adoption d’enfants polynésiens par des métropolitains, vue de l’intérieur….

– Mamao Blues. Polynésie française (2011)

Les dernières heures de l’hôpital Mamao, où presque tous les Polynésiens sont déjà passés une fois dans leur vie.

– 7 canoes. Nouvelle-Zélande (2009)

La confrontation des légendes maories du peuplement avec les recherches archéologiques d’aujourd’hui.

– The hungry tide. Australie (2011)

Le combat d’un jeune Kiribati pour faire reconnaître le problème de la montée des eaux sur son île.

– A northen town. Australie (2009)

100 ans d’histoire du racisme décortiquée à travers le prisme d’un village australien.

– Murundak, songs of freedom. Australie (2011)

La protestation en musique des aborigènes, ou le pouvoir de l’expression ressuscitée

– Judamarra’s war. Australie (2011)

Le combat d’un aborigène pour la défense des terres autochtones.

– Ochre & Inck. Australie (2011)

La collaboration fascinante et parfois controversée entre un artiste sino-australien et des artistes aborigènes.

– Utopia girls. Australie (2011)

La lutte des femmes australiennes pour obtenir le droit de vote et l’égalité poltique.

– Papouasie enfer et contre tout. France (2011)

La survie des derniers poissons arc-en-ciel, une lutte entre braconniers et scientifiques.

– Génération Matignon. France (2011)

La nouvelle génération calédonienne, métissée et optimiste…

– Outback fight club. Australie (2011)

L’unique et dernière troupe itinérante de boxeurs en Australie !

– Le retour de Marius. Nouvelle-Calédonie (2011)

Une dame sur les traces du son père qu’elle n’a pas connu, kanak venu à Paris lors de l’exposition coloniale de 1931 et exhibé tel un cannibale dans divers zoos du monde.

 

La sélection hors compétition – 19 films

– Keeper. Nouvelle-Zélande (2009)           

Le choix difficile des aborigènes pour l’avenir de leurs terres, entre l’envie d’obtenir l’argent des mines et la volonté de préserver la culture et la nature.

– Who we are. Australie (2010)

Les rencontres et les confluences créatives de sept artistes australiens.

– G et le marlin. France (2010)

Le défi du chasseur sous-marin « G » : remonter avec une seule flèche le plus gros marlin bleu du Pacifique.

– The green chain. Nouvelle-Zélande (2011)

Le combat d’un ouvrier contre l’industrie, en raison des traitements chimiques dangereux auxquels il a été exposé.

– Miss south pacific : beauty & the sea. Fidji–Papouasie Nouvelle-Guinée-USA (2011)

Le combat des Miss dans la lutte contre le danger de la montée des eaux dans le Pacifique.

– Rugby, the lifeblood in New Zealand. Nouvelle-Zélande (2011)

Les valeurs d’une nation autour de ce sport.

– Trafficked the reckoning. Australie (2011)

Enquête autour d’un trafic de jeunes filles à Sydney…

– The scotsman and the maori. Nouvelle-Zélande (2011)

Anne et Amiria explorent les traces du voyage de leur arrière grand-père écossais.

– Bill Sevesi’s dream. Nouvelle-Zélande (2010)

L’histoire et l’influence du ukulele dans la musique en Nouvelle-Zélande.

– L’élu du peuple : Pouvanaa te metua. Polynésie française (2011)

Le destin de Pouvanaa A Oopa éclairé, page décisive de l’histoire de la Polynésie.

– Life force : New-Zealand. Nouvelle-Zélande (2011)

Grâce au passé géologique turbulent de la Nouvelle-Zélande, de nombreuses espèces animales uniques et étonnantes s’y sont développées.

– Na kamalei : the men of Hula. USA (2007)

Ce film met en scène le voyage d’un maitre légendaire du Hula, la danse hawaienne, et retrace l’importance des danseurs masculins dans les culture de ces îles.

– Le destin commun de Bébé Leroi. Nouvelle-Calédonie (2011)

Portrait détonnant d’un agriculteur caldoche…

– Les étoiles du Pacifique. France (2011)

L’histoire singulière du cirque itinérant de Samoa et de son créateur, Bruno, qui sillonne le Pacifique depuis 25 ans.

– Planète surf, les nouveaux conquérants. France (2011)

Surfer une vague ou comment s’approprier un nouveau territoire…

– Orchids : my intersex adventure. Australie (2011)

Phebe est hermaphrodite : difficile de s’accepter en tant que telle sans avoir fait la quête de son identité réelle.

– Pierre Loti, un homme du monde. France (2011)

Portrait de cette personnalité qui a donné une image de l’exotisme au reste du monde.

– Salat se rotuma. Nouvelle-Zélande (2011)

La question des origines à travers une famille Rotuma (Fiji) exilée en Nouvelle-Zélande.

– Brawdjii : reflets. Nouvelle-Calédonie (2011)

L’histoire d’une révolution artistique et sociale raconté dans rapport à la vie et à l’art contemporain de 4 femmes Kanak.

 

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