Zoom sur les catégories du Heiva 2011

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Hura Tau (Professionnels) et Hura ava tau (Amateurs), Patrimoine et Création, Heiva et Heiva Nui, quelle que soit leur appellation, la mise en place des catégories du concours de ‘ori tahiti est là pour s’adapter au niveau des formations de danse. Cette année, en concertation entre l’organisateur Heiva Nui et la jeune fédération de ‘ori tahiti, ce sont les catégories Hura Tau (Professionnels) et Hura Ava Tau (Amateurs) qui ont été adoptées.

Il y a une trentaine d’années, c’est l’Académie Tahitienne – Fare Vana’a qui avait proposé les termes Hura Tau et Hura Ava Tau. « Hura », en référence à la danse hura observée et décrite par les premiers visiteurs à la fin du 18ème siècle. « Tau », pour l’expérience acquise dans le temps. Hura Tau signifie « la danse maîtrisée » et s’applique aux compagnies confirmées, aux experts. Quant au terme « Ava Tau », il peut être traduit par « à l’entrée du temps », « Hura Ava Tau » désigne donc les groupes novices. Pendant plusieurs dizaines d’années, les groupes de danse se sont affrontés au Heiva selon cette division.

En 2006, changement de catégories : les groupes concourent désormais en « Patrimoine » ou « Création ». Le niveau des formations semble plus homogène et les organisateurs décident qu’ils ne s’opposeront plus selon leur expérience mais d’après un thème. Cette formule n’est pas réellement une innovation en soi car elle a déjà été appliquée dans les concours sur Vaiete dans les années 1998/2000. « Il s’agissait plus pour nous de motiver les groupes des districts à revenir au Heiva, qu’ils avaient un peu délaissé, explique le directeur de Heiva Nui Julien Mai. Nous voulions plus particulièrement  leur offrir un terrain à explorer, celui du patrimoine, pour le faire découvrir au public. » « Cette tentative était louable, reconnaît Manouche Lehartel, présidente de la toute nouvelle fédération de ‘ori tahiti, mais s’est avérée stérile car les critères étaient imprécis. Il aurait fallu, préalablement, strictement définir ce qui relève ou non du patrimoine en terme de : pas de danse, figures, musique, instruments, manière de jouer de ces instruments, chants, costumes…etc. Par ailleurs, classer un spectacle de danse en fonction du thème était plutôt osé. Il y avait une connotation trop figée de la catégorie patrimoine, qui sous-entendait que nos anciens se contentaient de reproduire leurs traditions, sans aucune capacité créatrice. C’était plutôt réducteur. »

En 2009, de nouvelles catégories sont instaurées : « Heiva Nui », pour les groupes ayant déjà été primés au Heiva, et « Heiva », pour ceux ne l’ayant jamais été. Une décision que Julien Mai jugeait nécessaire, « pour rester cohérent, conforme au niveau et aux attentes des groupes de danse actuels ». Car en concourant en « Patrimoine » ou « Création », un certain nombre de groupes ne s’y retrouvaient plus aussi bien dans le choix de leur thème, souvent à la frontière des deux, mais aussi parce que de toutes nouvelles formations font leur apparition et se retrouvent en concurrence directe avec l’élite de la danse.

Ce rééquilibrage cher à Julien Mai prend fin cette année pour retrouver les catégories « Hura Tau » et « Hura Ava Tau », ce dont la Fédération se réjouit, parce qu’à ses yeux ces appellations ont un sens, qu’elles sont plus « adaptées à la réalité des groupes de danse et permettent un concours plus équitable », défend Manouche Lehartel. « Personnellement, je reste sur ma vision des choses, précise Julien Mai. Les catégories Heiva et Heiva Nui sont selon moi les plus justes, car même dans les groupes amateurs, on retrouve des experts, et puis le statut ‘professionnel’ n’existe pas dans le monde artistique en Polynésie, juridiquement parlant. Mais j’ai été à l’écoute de la fédération de ‘ori tahiti, de leurs souhaits et de leurs arguments par rapport au choix des catégories. L’artiste est prioritaire ! »

 

ENCADRE

La fédération de ‘ori tahiti

Créée par l’ensemble des groupes professionnels actifs du Pays, cette fédération a été officialisée le 7 mai dernier, mais son existence remonte au début de l’année. Les leaders du ‘ori tahiti ont décidé de se rassembler pour avoir plus d’efficacité et de poids auprès des autorités. Plusieurs évènements ont motivé ce regroupement. Pour pouvoir bénéficier d’un « fonds d’aide à la création artistique », sujet abordé l’an passé avec des représentants de l’Assemblée de la Polynésie française, les groupes de danse doivent être réunis en une entité. Cette fédération est aussi une réaction au congrès organisé par le CIOFF, en novembre dernier à Tahiti. Les groupes de danse professionnels du Pays n’ont tout simplement pas été associés à cette rencontre importante du « Conseil International des Organisations des Festivals, de Folklore et d’Arts Traditionnels », probablement en raison de l’absence d’unité de ces derniers.

Enfin, la plupart des groupes étaient opposés aux réformes souhaitées pour le Heiva 2011 par le précédent ministre de la Culture Mita Teriipaia. La création de la fédération leur a permis de se faire entendre.

La fédération de ‘ori tahiti, présidée par Manouche Lehartel, directrice de Toa Reva, regroupe les groupes « Hura tau », les groupes « Hura ava tau » et les écoles de danse.

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