Hiro’a n°138 : Dix questions à Christophe Cordelier et Heretu Tetahiotupa, réalisateurs de Patutiki, l’art du tatouage des îles Marquises

DIX QUESTIONS à Christophe Cordelier et Heretu Tetahiotupa, réalisateurs de Patutiki, l’art du tatouage des îles Marquises 

 

« C’est un honneur pour nous et les Marquises » 

 

Texte et photo : SF 

  

Patutiki, l’art du tatouage des îles Marquises a reçu le prix du public lors du Fifo 2019. Pour les deux réalisateurs, Christophe Cordelier et Heretu Tetahiotupa, c’est un bel hommage à cette culture et cet art marquisien. Rencontre. 

 

Vous venez de remporter le prix du public au Fifo, comment vous sentez-vous ?  

Heretu Tetahiotupa : C’est un très grand honneur pour nous, les Marquises et la culture marquisienne.  

Christophe Cordelier : On voulait d’abord rendre hommage aux Marquises, c’est fait ! On est très honorés. C’est une belle surprise et un honneur.  

 

Selon vous, que représente ce prix pour les Marquises ?   

Christophe Cordelier : C’était la première fois qu’un film était projeté en langue marquisienne au Fifo. L’enthousiasme et l’intérêt du public ont montré qu’il y avait vraiment une attente : qu’on mette les Marquises à l’honneur. Voir défiler des anciens et toute la culture, pas seulement le tatouage… oui, je pense que les Marquises sont fières.  

Il s’agit de votre premier film, première réalisation, que retenez-vous de cette aventure ?  

Heretu Tetahiotupa: On peut avoir des rêves, se donner les moyens de les réaliser, et aller jusqu’au bout. C’est une des plus belles expériences de ma vie. C’était une expérience incroyable, et travailler avec Christophe c’était vraiment génial, il y avait une vraie symbiose intellectuelle.  

 

Pourquoi avoir choisi de réaliser ce film en langue marquisienne ?  

Heretu Tetahiotupa : La base de notre vision pour ce film était de le faire dans l’esprit marquisien, de montrer la réalité du tatouage selon le Marquisien. On a fait des interviews en marquisien et on s’est dit alors que tout prenait sens. Surtout à une époque où la question de la langue est primordiale avec une jeunesse qui s’en désintéresse. C’était donc important d’expliquer l’intérêt de cette langue qui pouvait montrer beaucoup de choses pour ce sujet.  

 

Quelle est la suite pour le film ?  

Christophe Cordelier : Nous l’avons déjà projeté aux Marquises, on espère qu’il le sera ailleurs. Le fait de rayonner en Polynésie, c’est une chance pour le documentaire. En matière de diffusion, le premier rendez-vous a été sur France Ô  le 17 février. L’occasion pour nous d’avoir une visibilité en France.  

 

À quel moment avez-vous senti que votre film avait un vrai potentiel ?  

Christophe Cordelier : Il y a eu des hauts et des bas. Émotionnellement, c’étaient les montagnes russes. C’est le travail artistique, se poser des questions, avoir des doutes, se remettre en cause. Je me souviens la première fois qu’on l’a montré à Tahiti à Teiki Huukena, l’instigateur du projet ; il a été extrêmement touché. À ce moment-là, on s’est dit qu’il se passait quelque chose…   

 

Ce prix contribue-t-il à remettre les choses à leur place quant au tatouage marquisien ?  

 Christophe Cordelier: Oui, bien sûr. J’ai compris en échangeant avec les Néo-Zélandais et les Australiens au Fifo qu’ils ne connaissaient pas cette histoire. On parle du tatouage un peu partout en Polynésie mais pas des Marquises. Le fait de mettre un doigt sur la carte en se disant que les motifs viennent de cet endroit du monde, je pense qu’on a servi à quelque chose. C’était essentiel et urgent de montrer à l’extérieur de la Polynésie française, l’origine du tatouage marquisien. 

 

Le Fifo vous a-t-il servi de tremplin ?  

Christophe Cordelier : On est venu « pitcher » il y a deux ans au Fifo. On a rencontré des producteurs, nous avons échangé, ils nous ont guidés, orientés et aidés à trouver les fonds. On a poussé jusqu’au bout et on est venu le présenter deux ans après. On a remporté un prix, alors oui c’est un vrai tremplin !  

Heretu Tetahiotupa: Mon histoire est liée au Fifo. J’ai touché ma première caméra au Fifo lors d’un atelier. Cet événement est incroyable, il permet de « pulser » la vie des films océaniens. C’est un rendez-vous qui permet de former des générations de réalisateurs. Merci d’exister !  

 

Avez-vous déjà un prochain projet en tête ?  

 Heretu Tetahiotupa : Cette récompense est géniale et nous motive vraiment. On a d’autres projets pour la suite… Mais, on n’en parlera pas maintenant (sourires).  

Christophe Cordelier: On n’en parlera pas, mais ça sera évidemment aux Marquises. On y vit. On est impatient de s’y remettre. Vivement la suite !  

 

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