N°121- Les meubles du Seeadler exposés au Musée

 

SEO © MTIMusée de Tahiti et des îles (MTI) – Te Fare Manaha

 

Rencontre avec Robert Koenig, administrateur de la SEO. Texte : SF

 

 

Jusqu’au 31 décembre, le Musée de Tahiti et des îles célèbre à travers une exposition les 100 ans de la Société d’Études Océaniennes, créée en 1917. Parmi les objets présentés, des meubles du navire corsaire Seeadler qui s’est échoué à Mopelia il y a un siècle.

 

Six chaises et une grande table… C’est ce qu’il reste en partie du naufrage du navire corsaire Seeadler sur le récif de l’atoll de Mopelia le 2 août 1917. La grande table en bois mat et les six chaises à la forme arrondie ont longtemps été utilisées par les responsables de la Société d’Études Océaniennes. Depuis la création de la SEO en 1917, année du naufrage du navire, ses membres ont pu profiter et utiliser comme il se doit ces meubles ramenés à Papeete par un croiseur australien la même année. « Ils pouvaient s’asseoir dans les fauteuils en bois autour de la table même du capitane du Seeadler », explique Robert Koenig, administrateur de la SEO. Ces objets de l’histoire passée sont désormais au Musée de Tahiti et des îles, conservés dans la réserve de l’établissement. A l’occasion de l’exposition « Les 100 ans de la SEO », ces meubles sont aujourd’hui mis à l’honneur et présentés au public.

 

Vestige de l’empire allemand

 

Pour comprendre la préciosité de ces objets, il faut d’abord revenir sur leur histoire. Elle commence en 1888 avec la construction du Pass of Balmaha, un trois-mâts doté d’une coque en acier. Destiné à transporter du coton, ce voilier américain sera arraisonné par un croiseur britannique avant d’être capturé par un sous-marin allemand au nord de l’Angleterre. A l’époque, la première guerre mondiale bat son plein. Ce navire est ainsi transformé en navire corsaire et rebaptisé Seeadler « Aigle des mers ». Confié au comte Félix von Luckner, le navire a dès lors pour mission de détruire les bateaux de commerce ennemis et de désorganiser le ravitaillement des alliés de l’Atlantique. Le Seeadler remplit sa mission : il coule 10 navires de transport, détruit 3 goélettes américaines transportant du bois, du coprah et du charbon. Après 300 jours de mer, et la menace grandissante du scorbut – maladie très répandue chez les marins manquant d’agrumes et légumes frais- , le navire fait escale à Mopelia aux îles Sous-le-Vent. Mais le 2 août 1917, le Seeadler s’échoue sur le récif. « On n’oubliera jamais cette date du 2 août 1917 qui correspond au troisième anniversaire de la Grande Guerre », dira l’un des matelots naufragés*. Le comte Félix von Luckner précisera de son côté, dans son ouvrage Seeteufel de 1921 publié à Berlin, que « la vague a passé et les quelques planches qui représentaient l’empire allemand dans cet hémisphère gisent en morceaux sur le récif ».

 

Histoire des objets

 

Si l’équipage du navire échoué est reparti en mer pour d’autres aventures, le Seeadler lui est bien resté à Mopelia. Il repose désormais à l’extérieur de la passe de l’atoll, et sa coque en acier résiste encore malgré les dégâts du naufrage, du temps passé et de l’homme. Ramené à Papeete par un croiseur australien qui l’a démonté, le canon du navire de 105 mm est exposé au parc Bougainvillier, proche de la Poste. Les meubles ayant pu être sauvés du naufrage sont quant à eux désormais conservés au Musée de Tahiti et des îles. Sortis de la réserve à l’occasion de l’exposition « Les 100 ans de la SEO », le public est invité à découvrir ces objets qui appartiennent aujourd’hui à l’histoire de la SEO et de la Polynésie française.

 

*référence : Heinrich Hinz, Unter Graf Luckner als Obermatrose, 1922, Hambourg

 

Pratique :

 

Exposition « Les 100 ans de la SEO » du 25 juillet au 31 décembre

Tarif : 600 Fcfp pour les adultes et gratuit pour les enfants et les scolaires.

Musée de Tahiti et des îles

 

+ d’infos : 40 54 84 35, par mail [email protected], ou sur www.museetahiti.pf

 

 

Vous aimerez aussi...