N°121- Gérer un site inscrit au patrimoine mondial, ça s’apprend

Service de la Culture et du Patrimoine (SCP) – Te Pū nō te Ta’ere ‘e nō te Faufa’a tumuSPAA-03

Rencontre avec Martine Rattinassamy, responsable de la documentation du Service de la Culture et du Patrimoine. Texte Elodie Largenton

 

Développer tout en préservant le site sacré de Taputapuatea : c’est le défi que doit désormais relever le Pays. En avril dernier, deux agents ont bénéficié d’une formation organisée par le Réseau des grands sites de France pour apprendre à « élaborer et mettre en œuvre une gestion durable ».

S’occuper d’un site inscrit au patrimoine mondial « amène forcément à élargir son champ d’action et c’est ça qui est intéressant et compliqué à la fois, c’est de sortir de sa zone de compétence », témoigne Martine Rattinassamy, responsable de la documentation du Service de la Culture et du Patrimoine. En avril dernier, elle est partie en Bourgogne avec Jean Mere, agent de la commune de Taputapuatea, suivre une formation animée par le Réseau des grands sites de France. Objectif : apprendre à gérer un site tel que le paysage culturel qui englobe le marae de Opoa. Durant deux semaines, les rencontres et les visites se sont multipliées. Martine Rattinassamy a pu échanger avec des gestionnaires de site venus du Maroc, du Mexique ou encore du Sénégal. Elle a aussi visité le site gallo-romain de Bibracte avant de partir en immersion pendant trois jours dans les gorges de l’Ardèche, de se rendre dans le site de l’Aven d’Orgnac et de visiter la réplique de la grotte Chauvet.

Anticiper pour mieux protéger

Ce que retient de cette formation Martine Rattinassamy ? Pour préserver l’intégrité et l’authenticité du site, il faut d’abord bien le comprendre. « Mieux connaître, c’est mieux protéger », résume-t-elle. Il faut donc continuer à étudier le site. « Taputapuatea est un des sites les moins bien connus de la Polynésie française ; beaucoup de chercheurs se sont tournés vers les Marquises et ce qui a été amorcé à partir de 2013, c’est encore insuffisant », souligne-t-elle. L’autre conseil que Martine Rattinassamy retient de sa formation, c’est qu’il « faut connaître les menaces qui pèsent sur le site » et être capable de les anticiper sur une quinzaine d’années. En plus de cela, il faut établir des ponts entre les différents services concernés au sein de l’administration – tourisme, agriculture, transports, urbanisme – et travailler avec la commune, les associations, la population et les chercheurs. Un travail titanesque, mais lors de la formation, Martine Rattinassamy a pu voir que des pays arrivaient à gérer leur site malgré « de nombreuses difficultés dues à un manque de moyens ». « Ça ouvre de nouvelles perspectives », souligne-t-elle. Et parfois, des sites lointains peuvent se révéler très proches : « Une personne a parlé d’un ancien couvent des Augustines au Québec. La problématique pour eux était d’ouvrir ce couvent au grand public tout en préservant l’esprit des Augustines, qui n’occupent plus le lieu. Ça a fait écho dans le sens où on a inscrit un site sacré, et il ne faut pas le dénaturer, sinon il perd son sens, son âme. Préserver l’esprit des lieux est important », explique Martine Rattinassamy qui, même si pour l’heure pas de nouvelles formations sont prévues, espère qu’il y en aura d’autres à l’avenir. Ces échanges avec d’autres gestionnaires de sites francophones ne s’arrêtent pas à la formation. Jean Mere et Martine Rattinassamy sont désormais en contact avec près d’une centaine d’autres personnes formées par le Réseau des grands sites de France. Un soutien de taille pour les agents du service de la Culture et du Patrimoine.

 

 

 

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