N°95 – Les costumes primés au Heiva : nature et culture incarnées

Plus beau costume v+®g+®tale  (1)Maison de la Culture – Te Fare Tauhiti Nui

 

 

Rencontre avec Herenui Papu, chef du groupe Heihere et Teraurii Piritua, chef du groupe Ori i Tahiti.

 

Texte : SF.

 

 

Chaque année, ils sont très attendus du public comme du jury. Et chaque année, ils sont toujours plus exceptionnels… Pour son premier Heiva, c’est la jeune troupe Heihere, originaire de Moorea, qui remporte le prix du grand costume. Tout jeune aussi, mais non moins impressionnant, le groupe Ori i Tahiti a conquis le jury avec son costume végétal.

 

Heihere : un grand costume étonnant et lumineux

 

Les costumes du Heiva subjuguent par leur originalité, leur finesse et leur beauté. Mais aussi par leur puissance d’évocation : ils ne sont pas seulement un attribut, ils sont un élément incontournable du spectacle car ils participent à raconter l’histoire du thème choisi par les troupes de danse. Parmi les différents costumes présentés, et ils peuvent être parfois nombreux, seuls le grand costume et le costume végétal sont jugés lors de la prestation. Cette année, fait rare, c’est un groupe Hura ava tau qui remporte le prix du grand costume. Heihere, originaire de Moorea, a fait ses premiers pas cette année sur To’ata. Une entrée en fanfare : le groupe a marqué les esprits et époustouflé le public ainsi que les membres du jury avec un grand costume somptueux. Titaina Abernathy en est à l’origine. « Sans elle, nous n’aurions pas réussi à remporter ce prix », confie Herenui Papu, chef de troupe, encore émue par cette récompense. Il faut toujours un maître d’œuvre, l’idée prend vie ensuite grâce aux petites mains… Chaque danseur a confectionné son costume, chacun est allé chercher sa matière dans les montagnes ou près des rivières de Moorea. Une démarche qui est aussi importante que la confection du costume. « C’est une manière de se rapprocher de notre culture et de notre environnement mais aussi de mieux comprendre le thème », explique Herenui Papu. Pour leur première fois à To’ata, la troupe a donc décidé de réaliser un costume en niau composé de poe poe, qui pousse sur les roseaux au bord des rivières, de fleurs en feuilles de bambou, de barbadine séchée et colorée en rouge. Un colorant naturel mais dont la recette de fabrication est tue. « Le fabricant préfère garder le secret ! », précise la chef de troupe. Concernant la taille des filles, la troupe a utilisé du more rouge commandé à Moorea. Quant à la coiffe, dotée d’un soleil en niau et de branches dirigées vers le haut, elle symbolise la lumière et l’infini. Heihere a présenté le thème de la « La feuille de bananier, symbole de la paix », un thème incarné dans ce costume qui rentre dans l’histoire du Heiva et dans les collections du Musée de Tahiti et des Îles par la même occasion.

 

Ori i Tahiti : la terre et l’océan, l’abondance et la force

 

Le prix du costume végétal a été remporté par la troupe Ori i Tahiti. « La plus prestigieuse et peut être la plus belle des récompenses », confie Teraurii, le chef de troupe. Parmi les autres prix remportés lors de ce Heiva, dont celui du troisième meilleur danseur et de la deuxième meilleure danseuse, celui du costume végétal fait la fierté du jeune chef de groupe car « c’est la récompense d’un travail très complexe à la fois dans sa conception mais aussi dans son élaboration ». Imaginé par un ami, à qui il souhaite rendre hommage, le costume végétal a étonné par son originalité et son audace. Pour la première fois en catégorie Hura Tau, Ori i Tahiti est monté sur To’ata, avec le thème « Haapuai te feruriraa, e tia ai, la connaissance se mérite », un thème ambitieux pour ses danseurs. Le costume végétal apparaît au début du spectacle : pour les garçons, il raconte la force et la détermination, pour les filles, l’abondance de la terre. Pour les danseurs, il a fallu imaginer comment représenter la navigation. L’idée retenue a finalement été une coiffe en forme de voile, dressée en pandanus jaune panaché. Un cordage a aussi été tressé afin de représenter le lien entre les hommes et l’océan. Du côté des filles, la parure était à la fois simple et éblouissante : des colliers de tiare Tahiti et une jupe en pandanus vert et jaune, surmontés d’une coiffe de toute beauté, composée d’une spirale de tiare et de opuhi blanc. Apparues sur scène les seins nus mais recouverts par de nombreux colliers de fleurs, les filles ont ébloui par leur sensualité. « L’image d’une femme seins nus symbolise à mon sens la pureté et la simplicité ». Un message qui semble être passé auprès du public comme du jury.

 

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